Le Parisien – 12 février 2022
Le 12 février 2022, Le Parisien publiait sur son site un article intitulé : « Peut-on se passer des expériences sur les animaux dans la recherche scientifique ?« . Il était motivé par une initiative proposée au vote en Suisse le lendemain sur le thème : « Oui à l’interdiction de l’expérimentation animale et humaine – Oui aux approches de recherche qui favorisent la sécurité et le progrès« . La proposition, perçue comme une menace pour la santé, ne recueillera que 20,9 % de votes favorables, contre 79,1 % de votes opposés. Bien que les initiateurs se disent déçus, le résultat ne nous paraît pas surprenant. En effet, pourquoi mettre dans une même catégorie l’expérimentation animale et l’expérimentation humaine ? Cette dernière, sous la forme des essais cliniques, fait partie du processus normal, encadré, du développement des médicaments et autres produits médicaux. Beaucoup d’améliorations seraient possibles pour mieux protéger les personnes qui se prêtent à ces expériences (en particulier, ne pas se fier aux essais préalables sur des animaux) mais les interdire semble irréaliste à l’heure actuelle.
Quoi qu’il en soit, Le Parisien proposait à ses lecteurs un article équilibré sur la question de l’expérimentation animale. André Ménache, vétérinaire et conseiller scientifique d’Antidote Europe, avait été interviewé la veille et ses propos sont correctement cités, par exemple : « Pour obtenir une autorisation de mise sur le marché d’un médicament, il faut forcément le tester sur des rongeurs et des non-rongeurs. Cette exigence réglementaire date de 1946. Or, nous possédons aujourd’hui la technologie pour remplacer ces tests sur les animaux avec des méthodes plus performantes et plus fiables qui se fondent sur l’ADN humain« . Andreas Stucki, biologiste suisse et conseiller scientifique de l’association PETA, est également cité, déclarant : « Il existe plusieurs exemples de médicaments testés sûrs sur les animaux et qui ont entraîné des effets secondaires majeurs, voire des décès, chez les humains« . Ivan Balansart et Isabelle Bolon, vétérinaires, respectivement en France et en Suisse, défendaient l’expérimentation animale. Pour le premier, « en dehors de quelques particularités à prendre en compte, comme le paracétamol qui se révèle très toxique pour les chats, ce sont les mêmes principes actifs à 90 % environ [pour l’Homme ou une autre espèce]« . Peut-être, pourrions-nous répondre ; le problème est qu’on ne le constate qu’après avoir expérimenté sur l’animal et sur l’homme. Quand on teste une nouvelle molécule sur l’animal, on se sait pas si elle fait partie de celles qui auront un effet similaire sur l’homme ou de celles qui auront un effet différent ou opposé. On ne le saura qu’après les essais sur l’homme, donc, à quoi auront servi ceux sur des animaux ?
Nous remercions et félicitons la journaliste, Anissa Hammadi, qui a donné la parole à deux scientifiques de chacun des deux camps et a rappelé quelques chiffres et faits récents pertinents. Nous avons salué son article par le commentaire suivant : « Bravo et merci pour cet article. Cela pourrait lancer un vrai débat public. L’étape suivante serait une Commission d’enquête parlementaire pour mieux informer les député(e)s et les sénateurs et sénatrices sur ce sujet complexe. »
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