media 29 oct 2010
Le Journal de l’environnement du 29 octobre 2010 publiait un article citant une étude américaine selon laquelle le bisphénol A (BPA), substance dont nous vous avons longuement parlé, réduirait la concentration et la qualité du sperme chez des travailleurs très exposés à cette substance chimique. Cette étude, qui a duré cinq années, a été faite par des chercheurs chinois et états-uniens avec le soutien financier de l’Institut national américain de la sécurité et de la santé au travail (NIOSH).
Claude Reiss, président d’Antidote Europe, réagissait à cet article en ces termes, publiés par le Journal de l’environnement sur son site :
Hymne à l’EFSA
Fallait-il vraiment consacrer 5 ans d’études, investir des sommes considérables (côté USA par le Niosh) et mobiliser des dizaines de chercheurs américains et chinois, pour arriver à la conclusion que le BPA avait un effet adverse sur la spermatogenèse humaine ?
L’étude par toxicogénomique effectuée sur des cellules humaines en culture en 2004 par Antidote Europe (voir antidote-europe.org), a démontré que le BPA réprimait fortement des gènes impliqués dans la spermatogenèse, notamment RAN, un coactivateur d’un récepteur androgène, et CREB1, un facteur de transcription activé par la stimulation hormonale qui contrôle l’expression de plusieurs gènes essentiels à la spermatogenèse. Cette étude a pris 48h et a coûté moins de 10 000 euros. Les résultats de toxicogénomique sont parfaitement pertinents pour l’homme, ce qui n’est pas le cas des tests sur animaux, 100 fois plus chers, 100 fois plus longs et dont les résultats ne sont souvent pas pertinents pour l’homme. De plus, la toxicogénomique permet de comprendre les mécanismes se déroulant dans la cellule, qui conduisent aux effets toxiques, évidemment hors de portée du test sur animaux. Les résultats de toxicogénomique du BPA ont été publiés et portés à l’attention de l’Agence européenne de sécurité sanitaire (EFSA), qui les a explicitement ignorés pour camper sur ses avis d’il y a 10 ans et plus, quand le test sur animaux était LA référence en toxicologie. Faudra-t-il encore attendre 10 ans et plus pour que l’EFSA veuille bien prendre en considération des données réellement scientifiques ? Au rythme actuel, la baisse des taux de spermatozoïdes serait telle que ce taux serait à zéro vers le dernier quart de ce siècle. Alors : « A l’EFSA, l’humanité (éteinte) reconnaissante »…