Actions de lobbying

Le 21 avril 2022, un débat sur l’expérimentation animale avait lieu au Parlement des Pays-Bas, à la Haye. Vu sa maîtrise du néerlandais, notre conseiller scientifique André Ménache était connecté au site internet qui retransmettait le débat en direct. Plusieurs députés engagés de longue date dans la remise en question de l’expérimentation animale étaient présents. Parmi eux, Frank Wassenberg, qu’André Ménache avait rencontré en septembre 2018, mais aussi Tjeerd de Groot, Erik Haverkort, Sandra Beckerman et Dion Graus. Nous avons eu le plaisir de constater que plusieurs de nos arguments avaient été intégrés et ont été correctement exposés. Par exemple : le « modèle animal » n’est pas pertinent pour développer de nouveaux traitements pour l’homme ; on nous dit que les chercheurs font de leur mieux pour réduire le nombre d’animaux utilisés chaque année mais on ne peut que constater sur les statistiques officielles que ce nombre augmente ou stagne mais ne baisse pas ; les méthodes dites « alternatives » sont de plus en plus disponibles mais largement ignorées par les chercheurs, qui continuent à utiliser des animaux.

Les ministres présents pour répondre étaient Henk Staghouwer, en charge de l’agriculture, et Robert Dijkgraaf, en charge de l’enseignement et de la science. Force a été de constater que, face à des parlementaires de mieux en mieux informés, les réponses gouvernementales n’évoluent quasiment pas. Basées sur la directive européenne 2010/63/UE, elle-même basée sur le principe des 3Rs, nous avons (encore !) entendu le sempiternel « nous prenons en compte le bien-être animal », quand les questions n’ont tout simplement pas été éludées avec une formule du style « je ne peux donner de réponse précise car votre question dépasse mes compétences ». Comme au Royaume-Uni en octobre 2021, même si les réponses ont été décevantes, ces débats ont le mérite de contribuer à la transparence et de poser des jalons vers un débat scientifique public.

Pour les néerlandophones, l’enregistrement du débat, d’une durée de près de trois heures, est disponible sur https://debatdirect.tweedekamer.nl/2022-04-21/landbouw-natuur-voedselkwaliteit/max-van-der-stoelzaal/dierproeven-14-00/video.

Le 15 mars 2022, Antidote Europe était présente à la visioconférence de presse organisée par Convergence animaux politique (CAP) au nom des 29 associations engagées dans la présentation des sujets de défense animale aux candidats à l’élection présidentielle. D’une durée d’un peu plus d’une heure et face à une vingtaine de journalistes, cette visioconférence a permis de faire le point sur les positions des candidats à ce stade de la campagne. Les résultats d’un sondage IFOP sur la sensibilité des Français aux questions ayant trait à la condition et à la protection animales, ainsi que sur l’engagement des candidats sur ces questions tel que perçu par les Français, étaient publiés le même jour.

Concernant l’expérimentation animale, l’état des lieux publié sur https://engagement-animaux.fr/election-presidentielle-2022/ montre que seuls six candidats ont validé des mesures proposées. Un score sur 9 points a été attribué à chaque candidat(e) selon le nombre de mesures sur lesquelles il/elle s’engage. Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon ont obtenu 9/9. Marine Le Pen et Philippe Poutou ont obtenu 6/9, mais engagés sur des mesures différentes.

Au cours de la visioconférence de presse, des questions ont notamment été posées par Le Monde, Libération et l’AFP mais concernant des sujets autres que l’expérimentation animale. L’événement nous a pourtant permis d’entrer en contact avec deux journalistes collaborant à des revues destinées à des vétérinaires, avec lesquels des échanges ont eu lieu par la suite, en particulier sur les problèmes que posent les xénogreffes et sur les modélisations telles que les organes sur puce.

Le 14 décembre 2021, André Ménache donnait une visioconférence au Campus animaliste, une association de jeunes créée le 9 octobre pour soutenir le Parti animaliste. C’est au cours de cet événement que nous avions pris contact avec ces jeunes, très dynamiques et intéressés par nos arguments. Nous avons pu exposer ces derniers plus en détail et dans toute la complexité des liens entre science et réglementation, très imbriquées dans le domaine de l’expérimentation animale. La visioconférence s’est déroulé sous la forme d’un exposé suivi d’une séance de questions et réponses. Nous sommes très heureux de constater l’intérêt de ces jeunes dont certains pourraient devenir les responsables politiques de demain. Un très bon échange a notamment eu lieu avec un étudiant en droit, compétence capitale pour traduire nos arguments en propositions concrètes.

Le 2 novembre 2021, Antidote Europe cosignait une lettre envoyée par l’association Pro Anima à Mme Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Le courrier portait sur la création du « Groupement d’intérêt scientifique France Centre 3R » (GIS FC3R), dont l’annonce officielle serait faite par l’INSERM le 22 novembre. Créé à la demande de ce ministère, le FC3R affiche les objectifs de réduire le nombre d’animaux utilisés en expérimentation, s’assurer de la formation des étudiants et se positionner comme un acteur incontournable en France et en Europe sur le développement des méthodes alternatives à l’utilisation d’animaux. Parmi les membres fondateurs du GIS, figurent les organismes publics de recherche utilisant des animaux. Le FC3R « sera à l’écoute de toutes les parties prenantes, notamment du monde associatif« , précise le communiqué de l’INSERM. Dans leur courrier, Pro Anima et ses cosignataires s’étonnent de ne pas avoir reçu de réponse du ministère suite à leur demande (faite dix mois plus tôt !) d’être associés aux réflexions portées par le FC3R. Un silence « qui pourrait être interprété comme un manque de considération à l’égard d’ONG qui portent pourtant les aspirations d’un grand nombre de citoyens sur la question de l’expérimentation animale [et qui] infirme la volonté exprimée dans la Charte de Transparence signée […] par les établissements publics de recherche« . D’autres C3Rs existent, le plus connu et ancien étant celui du Royaume-Uni. Pourtant, comme le constataient des parlementaires de ce pays lors d’un débat le 25 octobre dernier, l’application du principe des 3Rs ne mène pas à la diminution du nombre d’animaux utilisés. La France sera-t-elle plus efficace ? Antidote Europe espère que ce nouveau centre aura un rôle plus concret que celui de fournir un effet d’annonce et se propose, en tout cas, de surveiller ses activités.