Lors d’une conférence de presse au Parlement européen, des membres du panel scientifique de l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection ont exposé leurs arguments. La conférence était organisée par trois eurodéputés de trois partis différents.
Le 26 novembre 2014 était un jour important dans le parcours de l’initiative citoyenne européenne (ICE) Stop Vivisection. A 14h, se tenait une conférence de presse au sein du Parlement européen. Cette conférence n’était pas ouverte au public mais elle a été filmée et peut être visionnée sur le site www.stopvivisection.eu. Ne vous en privez pas !
de gauche à droite : Gianni Tamino, Michèle Rivasi, Fabio Massimo Castaldo, Stephan Eck, André Ménache et Claude Reiss.
Outre la grande valeur informative de cette conférence, elle a permis à certains députés d’exprimer leur soutien en participant à son organisation. Ce sont trois groupes politiques différents qui ont ainsi uni leurs voix en cette occasion.
La conférence était ouverte par Fabio Massimo Castaldo, membre du Groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe, au Parlement européen, et membre du Mouvement 5 étoiles en Italie, déjà organisateurs d’une conférence du professeur Marco Mamone Capria le 16 octobre dernier.
La parole était ensuite donnée à Stephan Eck, membre du Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne (GUE), membre de la Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire. M. Eck a, par ailleurs, déposé une question écrite à la Commission européenne lui demandant d’envisager l’interdiction de tester les produits ménagers sur des animaux. Cette demande s’inspire de l’interdiction de tester les cosmétiques sur des animaux et serait, selon M. Eck, sa suite logique.
Michèle Rivasi, vice-présidente du Groupe des Verts / Alliance libre européenne, membre de la Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, a elle aussi déclaré son soutien à Stop Vivisection et donné la parole aux membres du panel scientifique de Stop Vivisection présents en cette occasion.
Bien que le temps de parole fut limité, Claude Reiss, André Ménache et Gianni Tamino ont pu, par des exposés très complémentaires, faire comprendre l’importance de cette ICE pour la santé humaine et le progrès scientifique. Claude Reiss et Gianni Tamino sont tous deux chercheurs et professeurs de biochimie et biologie et, respectivement, président d’Antidote Europe et président d’Equivita. André Ménache est vétérinaire et directeur d’Antidote Europe.
Ils ont souligné l’état de catastrophe sanitaire dans lequel se trouve l’Union européenne avec une population de plus en plus affectée par des maladies comme le cancer, les maladies neurodégénératives, etc. Le « modèle animal », en fournissant des données toxicologiques sans fiabilité aucune pour l’homme sur les substances chimiques auxquelles nous sommes exposés, et en menant souvent la recherche de thérapies sur de fausses pistes, est l’un des principaux responsables de cette dégradation de la santé humaine. Un message complexe, difficile à faire passer auprès des médias et du grand public.
La prochaine étape sera la remise des signatures certifiées, au nombre de 1.170.326, à la Commission européenne.
Dans les laboratoires, des animaux sont utilisés pour trouver des thérapies pour l’homme (disent les chercheurs qui les utilisent) mais aussi pour de la recherche fondamentale. Nous nous sommes aperçus que beaucoup de non scientifiques ignoraient ce que l’on entend par « recherche fondamentale ». Or, il nous paraît important que le grand public apprenne ce que c’est car c’est à lui (et non aux seuls chercheurs – et en particulier à ceux qui la pratiquent !-) de demander aux autorités de continuer à permettre ou d’interdire l’utilisation d’animaux pour ce type de recherche.
Petit rappel de sa définition : « La recherche fondamentale consiste en des travaux expérimentaux ou théoriques entrepris principalement en vue d’acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements des phénomènes et des faits observables, sans envisager une application ou une utilisation particulière » (1).
Lors de ma conférence du 17 août 2014 à Londres, j’ai posé cette question au public : « Qu’est-ce la recherche fondamentale ? » Parmi environ 70 personnes, pour la plupart militantes de la cause animale et, donc, que l’on pourrait croire a priori bien informées, une seule a fourni la bonne réponse. Il est donc très probable qu’une grande majorité de personnes, dans la population générale, ignore en quoi consistent les expériences sur des animaux dans ce type de recherche.
Or, il est difficile de lutter contre une inconnue. Ceci convient aux chercheurs qui utilisent des animaux, surtout dans les universités, ce qui pourrait expliquer certaines questions quelque peu agressives qui m’ont été posées par des chercheurs lors de ma conférence à l’Université de Provence Aix-Marseille, le 2 avril 2014.
Des millions d’animaux utilisés dans la recherche fondamentale
Contrairement à la France le gouvernement britannique fournit des statistiques assez précises, ce qui permet de savoir combien d’animaux sont utilisés chaque année dans la recherche fondamentale. En 2013, environ les trois quarts de toutes les expériences faites sur des animaux au Royaume Uni étaient liées à de la recherche fondamentale. On peut calculer, sur la base d’un million d’animaux impliqués directement dans cette catégorie et en ajoutant près de deux millions d’animaux génétiquement modifiés (également destinés à la recherche fondamentale), que presque trois millions d’animaux sont ainsi utilisés. La plupart des animaux génétiquement modifiés sont tués suite au triage parce qu’ils sont « ratés » ou excédentaires. Seuls les animaux génétiquement modifiés « réussis » subiront ensuite des expériences (et seront tués à la fin de l’étude).
Rappelons-nous que la recherche fondamentale, par définition, n’est pas sensée trouver des remèdes. En fait, il est très rare que ces expériences parviennent à mener à des découvertes importantes (comme le montre le Dr Ray Greek dans son article). Toutefois, le public soutient la recherche animale (dont nous constatons que la majorité est liée à la recherche fondamentale) par son ignorance. Pour leur défense, les chercheurs tentent de justifier leurs expériences, conscients du fait qu’il serait quasiment impossible d’obtenir des fonds pour la recherche fondamentale sans mentionner un lien avec la santé humaine.
Mais prenons un vrai exemple pour illustrer ce point important. Des biologistes français ont observé, chez des souris mutantes dépourvues d’un gène codant pour l’un des récepteurs de la sérotonine (l’un des principaux neurotransmetteurs du système nerveux), une agressivité supérieure à celle de souris témoins. Selon les auteurs de cette étude, ce « modèle animal » va permettre d’étudier d’autres comportements (réaction au stress, anxiété, attention, mémoire, prise de décision) qui pourraient être modulés par ce gène, et dans lesquels un équilibre entre l’impulsivité et l’inhibition comportementale est nécessaire. Le dérèglement de cet équilibre pourrait, disent-ils, chez l’homme, être en partie responsable de dysfonctionnements comportementaux, mentaux ou psychiques (2). Voila donc « la recette » pour obtenir des fonds pour la recherche fondamentale.
Dans les tests sur des animaux, par exemple en toxicologie, il existe bien des méthodes dites « alternatives » pour remplacer l’utilisation d’animaux puisque il s’agit d’observer des points limites bien définis (en anglais : well defined end points). Ceci n’est presque jamais le cas dans le cadre de la recherche fondamentale. Impossible de substituer l’étude d’un comportement agressif chez la souris par l’étude de cellules en culture.
Evitons donc le piège de chercher des « alternatives » aux expériences animales dans le cadre de la recherche fondamentale. Elles n’existent pas forcément. La meilleure « alternative » est de ne plus subventionner ces études par nos dons et nos impôts.
L’opposition du public
Malgré sa méconnaissance de la recherche fondamentale, le public s’exprime clairement quand on recueille son opinion. En 2006, la Commission européenne publiait le résultat d’un sondage important à ce propos. A la question « considérez-vous comme acceptable l’utilisation des animaux afin d’acquérir de nouvelles connaissances par rapport au vivant ? », 68% des 42.655 participants ont répondu « non » (3).
Nous sommes donc face à une situation aberrante où le contribuable subventionne des expériences sur des animaux contre sa propre volonté.
Alors, comment agir ?
– Chacun doit désormais bien déterminer qui sont les bénéficiaires de ses dons y compris parmi les associations caritatives médicales et les téléthons. Ces organismes soutiennent souvent des expériences sur des animaux. Informez également vos connaissances.
– Contactez votre député et demandez-lui de présenter une proposition de loi qui respecte le sentiment du public par rapport à l’octroi de nos impôts aux chercheurs.
– Essayez de joindre les conseils de financement institutionnels. Il existe parfois des places pour un ou plusieurs membres du public.
Le 16 octobre 2014, le professeur Marco Mamone Capria présentait, au Parlement européen, une conférence intitulée : « Protecting our health from the business of disease » (Protéger notre santé du commerce de la maladie).
La conférence s’est déroulée tout au long de la matinée. Elle était organisée par l’eurodéputée Eleonora Evi et annoncée par le groupe EF2D (Europe of Freedom and Direct Democracy, soit Europe de la liberté et de la démocratie directe).
Dans son introduction déjà, Mme Evi mentionnait l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection, dont le logo figurait sur l’affiche de la conférence.
Le professeur Mamone Capria a évoqué plusieurs aspects de la recherche animale : historique, nombre d’animaux, etc., et, bien sûr, pertinence. Ou bien plutôt, absence de pertinence, démontrée par de nombreux articles tirés de la littérature scientifique et soulignée par le sous-titre de la conférence : pourquoi nous ne pouvons pas faire confiance aux « modèles animaux » et pourquoi il est nécessaire de dépasser cette pratique pour assurer la santé publique.
Il explique pourquoi la recherche animale fournit des données sans fiabilité pour l’homme et illustre, en développant l’exemple du Vioxx, comment, malgré de nombreux décès humains, un médicament pourtant testé sur des animaux, peut générer des profits considérables pour son fabriquant.
Un vocabulaire simple, accessible à tous, une conférence passionnante ! Si vous comprenez l’italien, vous pourrez écouter cette conférence sur www.efdgroup.eu/events/item/protecting-our-health-from-the-business-of-disease.
Si vous ne comprenez pas l’italien mais lisez l’anglais, vous pourrez télécharger les documents de présentation de cette conférence : une précieuse synthèse sur la question.
Le Journal du CNRS de l’été 2014 publiait un éditorial et un article défendant la recherche animale. Ils affirmaient que des avancées en recherche biomédicale humaine auraient été faites grâce à l’expérimentation animale et que les chercheurs se préoccupent du bien-être des animaux dans les laboratoires. Et qui se préoccupe du bien-être des humains victimes de la confiance en des données obtenues sur des animaux ? Le 22 octobre 2014, Antidote Europe envoyait la lettre ci-dessous.
Lettre ouverte à Mme Catherine Jessus
Directrice de l’Institut des sciences biologiques du CNRS, UPMC Paris
Auteur de l’éditorial publié dans CNRS le Journal été 2014
Madame la Directrice,
Antidote Europe est une association (loi 1908) de scientifiques bénévoles dont l’objectif est l’application des progrès scientifiques au bénéfice de la santé humaine.
Il y a deux ans, l’association avait proposé au Directeur Général (DG) du CNRS un débat public sur la question : « les évaluations des risques sanitaires humains sur des animaux considérés comme des modèles biologiques de l’homme sont-elles valides pour ce dernier et scientifiquement justifiées ? ».
Après deux relances, nous recevions 6 mois plus tard une lettre, signée S. Thiebault, (ce serait, d’après un réseau social, une spécialiste du… néolithique) qui, se référant à nos lettres au DG, écrit que le CNRS n’accepte de débattre qu’avec des interlocuteurs « de haut niveau ». Nous avons répondu au DG que le refus du CNRS de participer à un débat courtois, avec des arguments purement scientifiques et logiques, montre :
– l’embarras sur cette question, que cherche à camoufler la réponse méprisante et hautaine faite en son nom ;
– la dérobade devant le débat scientifique que nous demandons, alors que le progrès scientifique s’est toujours nourri de tels échanges ;
– le refus de soumettre à débat une posture (que nous jugeons erronée et dangereuse) considérant qu’un animal serait un « modèle » biologique de l’homme ;
– le refus de prendre en considération les progrès scientifiques pour sortir de ce que nous considérons être une impasse dramatique ;
– l’indifférence aux questions urgentes de santé publique, de la compétence de l’EPST, soulevées par le recours au « modèle » animal ;
– un manque de discernement, puisque, dans le contexte de crise économique actuelle, une part importante du budget de l’EPST est consacrée aux recherches avec des « modèles » animaux.
L’été dernier, « CNRS le Journal été 2014 » –dont ce même DG est le directeur de la publication- consacrait à la question de l’expérimentation animale, son éditorial et un long article qui nous ont été signalés par plusieurs de nos adhérents. Le CNRS allait-il, enfin, aborder le débat sur la question ci-dessus, notamment par un travail journalistique sérieux de confrontation d’opinions diverses sur la validité de travaux avec des animaux pris comme « modèles » de l’homme ? Pas du tout. Nos observations au DG sont non seulement encore plus d’actualité, mais la parole est donnée en exclusivité à ceux qui sont pour l’expérimentation animale, ainsi qu’à un groupe de pression (GIRCOR) dont le rôle est d’en faire la promotion.
Cela commence avec l’éditorial que vous avez signé. Nous le commentons avec des arguments strictement dans le cadre de l’objectif de notre association, les progrès scientifiques au bénéfice de la santé humaine. Nous écartons tout argument philosophique ou compassionnel concernant le respect de l’animal, ainsi que des considérations historiques, car notre action est dans le présent et l’avenir, pas dans le passé.
1. Une espèce animale peut-elle être un modèle biologique fiable pour une autre, l’homme en ce qui nous concerne ?
Une espèce est définie par son isolement reproductif, les cellules sexuelles ne peuvent s’associer dans la méiose (une division dont vous seriez une spécialiste) que si les deux partenaires (mâle et femelle) sont de la même espèce. Puisque deux espèces différentes ne sont pas interfécondes, c’est que leurs gamètes, donc in fine leurs chromosomes, sont différents. Or les chromosomes contiennent tout le patrimoine génétique spécifique de l’espèce. Deux espèces différentes ont donc des gènes différents (en séquences et en organisation, contrôle et régulation de leurs expressions). Chaque espèce va réagir à un stimulus donné (stress, maladie, agression chimique ou physique…) avec ses gènes. Il n’y a donc aucune raison que deux espèces différentes réagissent à l’identique, leurs réactions pourront être semblables, différentes ou opposées, on ne le saura qu’après les avoir exposées, l’une et l’autre, au même stimulus. Même si l’homme et le « modèle » animal avaient des réactions semblables au court terme, des réactions adverses (cancer, Alzheimer…) éventuelles chez l’homme pourraient se manifester des années plus tard, alors que son « modèle » animal aura probablement disparu depuis longtemps.
Conclusion : Aucune espèce animale n’est un modèle biologique fiable d’une autre !
2. Il y a une infinité d’exemples pour illustrer ces différences, dont beaucoup sautent aux yeux d’une personne sensée.
Le chimpanzé, par exemple, l’animal le plus proche de l’homme en termes d’évolution (mais avec une paire de chromosomes en plus…), donc le meilleur « modèle » possible. Il est insensible au VIH (responsable du SIDA chez l’homme) ; exposé au virus de l’hépatite B un individu sur 10 est temporairement incommodé par une hépatite dont il se remet très bien (chez l’homme, c’est souvent l’hépatite chronique et parfois le cancer du foie) ; le singe meurt s’il est infecté par le virus EBOLA, l’homme aussi. Ce « meilleur modèle » donne, selon, une réponse opposée, différente ou semblable à celle de l’homme, soit du « n’importe quoi » dont l’homme est souvent la victime (cf. les victimes du scandale du sang contaminé testé sans encombre sur le chimpanzé).
Cette incertitude rend le test sur une espèce « modèle » de l’homme indéterminé, donc sans valeur scientifique, il faudra de toute façon refaire le test sur l’homme –ou sur du matériel biologique d’origine humaine- pour trancher : le recours au modèle aura été au mieux inutile !
3. Le test sur « modèle » animal est le plus souvent une commodité
pour s’économiser un effort de réflexion, une « manipulation » plus ou moins volontaires ou honnêtes, une facilité inhérente à la sélection de l’espèce animale et de sa lignée. En choisissant un animal d’une espèce précise, dans la longue liste de lignées de souris ou de rats par exemple, on finira par trouver éventuellement le « modèle » qui donnera au court terme le résultat recherché (au moyen et long terme, le résultat pourrait être opposé, cf. les expériences de G-E. Séralini avec les rats exposés au glyphosate et au maïs Mo603). Un animal d’une autre espèce, ou d’une autre lignée dans la même espèce, aura probablement donné au préalable, ou donnerait un résultat différent, voire opposé, mais un résultat négatif n’est jamais publié.
La sélection du « modèle » animal permet de « prouver » n’importe quoi et son exact contraire, on n’est plus dans la science, mais dans la divination ou, pire, la manipulation.
De toutes les façons, quelles que soient les sélections des « modèles » et les résultats de leurs études, c’est l’homme qui sera le vrai cobaye quand il sera exposé à la substance testée ou contractera la maladie étudiée, c’est lui qui payera les éventuels dégâts s’il y en a. Et il y en a, cf. §5.
4. Nous sommes en 2014,
plus du temps de Claude Bernard dont nous ne critiquons pas l’action, vu le contexte de l’époque –un champ scientifique démarre toujours sur l’empirisme. Aujourd’hui, si on veut bien ouvrir les yeux, des outils et méthodes scientifiques précis existent à foison pour les études biomédicales ou de préventions performantes. Techniques « -omiques », cellules iPS adultes, miniorganes, éditions génomiques (CRISPR /CAS9), immunothérapies, etc., permettent des travaux « from bench to bedside » (Sidney Brenner) et des préventions pertinentes, en évitant soigneusement le détour par l’animalerie. L’homme est une société de cellules, toutes issues de l’œuf fécondé et partageant pour l’essentiel le patrimoine génétique de ce dernier. Pratiquement toutes les maladies –y compris neurologiques- ont une origine cellulaire, c’est à ce niveau que doit démarrer la recherche biomédicale, pas, pour les raisons ci-dessus, avec l’expérimentation sur des « modèles » animaux ou leurs tissus ou organes.
Votre éditorial est biaisé, car vous passez soigneusement sous silence les innombrables recherches biomédicales sans « modèle » animal. Ce sont pourtant ces dernières qui « enrichi(ssent) la recherche en santé humaine ». Jugez-vous normal ce parti-pris dans l’éditorial du journal de l’EPST ?
5. Quelques exemples de ce que coûte à notre santé la confiance dans le « modèle animal » :
– L’évaluation sur des rongeurs des toxicités des substances chimiques (REACH) ? Elle est la principale responsable du doublement en moins de 10 ans en France de la prévalence (données InVS) du diabète 2, d’Alzheimer et des cancers du sein, du triplement des cancers de la prostate, de la multiplication par 50 des naissances d’enfants autistes (une naissance sur 120). Le nombre total de patients concernés par ces 5 pathologies est passé de 2,8 millions en 2000 à 6 millions en 2009, pour beaucoup, la qualité de vie est fortement affectée et l’espérance de vie réduite.
– Les innombrables recherches biomédicales sur des modèles animaux ? Ils n’apportent aucun soulagement aux patients concernés par ces maladies ou défauts évolutifs du développement : le microcèbe n’est pas un modèle pour Alzheimer, la souris (même transgénique) n’est pas un modèle pour les cancers humains ou le diabète, le rat de Norvège ou le pinson ne sont pas des modèles pour l’autisme. Il ne viendrait pas à l’idée d’un vétérinaire sensé de chercher à guérir un chien en étudiant un hibou ! Combien de résultats annoncés comme « prometteurs » chez l’animal, sans lendemain chez l’homme ?
– L’évaluation de la toxicité des médicaments sur divers mammifères ? Il y a au moins 20 000 morts et 1,3 million d’hospitalisations suite aux effets secondaires de médicaments par an en France (ministère de la Santé), alors que chacun a été longuement testé sur des milliers d’animaux « modèles ».
Les études sur des « modèles » animaux dont vous êtes le héraut font des victimes par centaines de milliers par an en France et les laissent le plus souvent sans thérapies efficaces. Il se pourrait qu’ils en demandent raison.
Pour résumer notre position, nous reprenons vos termes, mais cette fois justifiés par des arguments scientifiques et logiques et des données accessibles à tous, exposés ci-dessus , et non par des allégations gratuites: « Face à une propagande souvent obscurantiste » (propagée par des chercheurs dogmatiques), « il est grand temps de clarifier la situation » et de reconnaître que le « modèle » animal de l’homme est une pure fiction, qui coûte cher, fait beaucoup de victimes humaines et abandonne les patients affectés des maladies citées ci-dessus. L’expérimentation sur le « modèle » animal est non seulement parfaitement « contournable » aujourd’hui, mais doit être abandonnée sans délai si on veut bien mettre en œuvre les progrès scientifiques, notamment en biologie, car c’est à cette condition que l’on pourra « améliorer la santé humaine (qui) est un devoir de notre société », « un devoir dû à la population de tout pays éclairé », « Il en va des progrès de demain ». Accessoirement, les considérations « éthiques » sur « la prise de conscience grandissante que l’animal est un être sensible », évoquées à plusieurs reprises dans votre éditorial et dans l’article en page 30 (à lire à la lumière de nos arguments !) seront ipso facto sans objet.
Un nombre rapidement croissant de scientifiques à travers le monde partagent la logique et la rigueur de notre point de vue (cf. par exemple l’article le plus récent, Pound P et Bracken M (2014) BMJ 348 :g3387). C’est précisément et exclusivement pour le propager qu’Antidote Europe s’est engagée dans l’initiative citoyenne européenne (ICE) « Stop Vivisection ». Elle a permis à plus de 1,2 millions de citoyens de l’Union européenne de connaître nos arguments et d’y souscrire en signant cette ICE. Nous les exposerons prochainement devant la Commission européenne, qui a compétence pour la santé dans l’UE.
Nous sommes toujours disponibles pour participer à un débat public avec votre EPST sur la pertinence du « modèle animal », débat strictement scientifique et dont les conclusions devraient être prises en compte dans les futures politiques de recherche et de protection de la santé humaine.
Recevez, Madame la Directrice, nos salutations distinguées.