La directive européenne censée protéger les animaux de laboratoire doit être révisée courant 2017 par la Commission européenne. Vu l’inertie de cette dernière, il n’y a pas trop d’illusions à se faire. Mais serait-il possible de faire agir l’un des Etats membres ?
En Europe, les conditions dans lesquelles on peut expérimenter sur des animaux sont fixées par la Directive 2010/63/UE du Parlement européen et du Conseil sur la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques. Cette directive a remplacé la 86/609/CE. La réglementation a donc vu le jour en 1986 et a été modifiée en 2010.
2017 devrait voir, non le remplacement de la 2010/63/UE mais sa révision. Dommage : l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection, entendue au Parlement européen le 11 mai 2015 demandait l’abrogation de la 2010/63/UE et son remplacement par une nouvelle directive qui supprimerait l’expérimentation animale et rendrait obligatoire l’utilisation de données humaines en tant que modalités prédictives pour l’étude des maladies humaines et de la réponse aux médicaments.
Les arguments de Stop Vivisection sont forts : d’une part, sur le plan scientifique, le « modèle animal » serait invalidé par les preuves disponibles aujourd’hui sur le fait qu’il ne permet pas de modéliser les maladies humaines ni de prédire les réponses humaines -à un médicament, par exemple ; d’autre part, sur le plan éthique, les souffrances imposées aux animaux sont évidentes et la société ne les accepte que si elles permettent de faire progresser la médecine humaine, ce qui renvoie à la question scientifique.
Le 3 mai 2015, la Commission européenne donnait à Stop Vivisection une réponse de pure forme, évitant de répondre à toutes les objections soulevées, dont la principale : le « modèle animal », hypothèse supposée juste par la Directive, est-il réellement prédictif des réponses humaines ? Malgré l’organisation d’une conférence sur les méthodes alternatives, prétenduement en réponse à Stop Vivisection, la Commission européenne n’a convaincu personne.
La révision de la directive 2010/63/UE est donc une nouvelle et très importante opportunité pour dénoncer et attaquer les défaillances de cette directive. En particulier sur le plan médiatique et politique.
Sur le fond, la façon dont la Commission européenne a répondu à Stop Vivisection suggère que, à Bruxelles du moins, les lobbies de l’expérimentation animale sont toujours les plus forts et que la révision de la 2010/63/UE a peu de chances d’aboutir à un débat sérieux sur la prédictivité du « modèle animal » et à une interdiction de ce dernier.
Il y a, heureusement, une autre carte à jouer : obtenir que le gouvernement d’un Etat membre organise un débat scientifique sérieux sur la validité du « modèle animal » à des fins de recherche biomédicale et de toxicologie humaines. Un débat dont les conclusions devraient être prises en compte par les autorités de réglementation.
C’est avec cet objectif qu’Antidote Europe a lancé une pétition demandant l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire. 2017 étant une année électorale en France, et forts des dizaines de milliers de signatures recueillies, nous allons interpeller les nouveaux députés et les sénateurs afin d’obtenir l’appui parlementaire indispensable pour cette action.
« Science plutôt qu’expérimentation animale » : c‘est le titre du congrès qui vient de se tenir à Cologne avec la participation d’Antidote Europe et de certains des meilleurs scientifiques du monde opposés à l’expérimentation animale pour des raisons liées à la santé humaine. Un événement majeur dans le débat scientifique sur la validité du « modèle animal ».
Depuis plus d’un siècle, le débat sur l’expérimentation animale est présenté comme une question morale sur le droit des humains à exploiter des animaux pour la recherche scientifique. La vision globale que le grand public en a est : d’un côté des scientifiques qui disent que l’expérimentation animale est un mal nécessaire pour trouver des thérapies pour l’homme, de l’autre côté des défenseurs de la cause animale qui disent que nous n’avons pas le droit d’exploiter les animaux. Un dialogue de sourds.
Créée en 2004, Antidote Europe a entrepris de proposer une vision plus exacte de la situation au sein de la communauté scientifique dont plusieurs de nos membres font partie. L’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection (http://www.stopvivisection.eu/) nous a donné une immense caisse de résonance et nous avançons à présent de façon très positive sur plusieurs plans : information des médias, information des responsables politiques, collaboration avec de nombreuses associations.
L’idée qu’il y a une véritable controverse scientifique (et pas seulement morale) sur la validité du « modèle animal » prend de plus en plus de consistance. Lorsque la pression de l’opinion publique sera suffisamment forte, ce débat devra être organisé par les autorités en charge de la santé publique afin que ses conclusions soient prises en compte pour modifier les lois qui, aujourd’hui sans aucun fondement scientifique, imposent le recours au « modèle animal ».
Des médecins opposés aux essais sur des animaux
André Ménache, notre directeur, est entré en contact avec l’association allemande Doctors Against Animal Experiments (DAAE ; https://www.aerzte-gegen-tierversuche.de/agt-en/), c’est-à-dire Médecins opposés aux expériences sur des animaux, il y a quelques années. La collaboration entre nos deux associations s’avère très fructueuse.
En réponse à Stop Vivisection, la Commission européenne s’était engagée à organiser une conférence sur les méthodes substitutives. Etant donné que, en tant que représentant légal de Stop Vivisection, André Ménache a eu de nombreux échanges avec les fonctionnaires chargés de l’organisation de cette conférence, nous sommes bien placés pour annoncer qu’elle n’apportera aucune avancée notable dans le débat.
Ce congrès, véritable pierre angulaire de la campagne pour un débat scientifique sur la validité du « modèle animal », a eu lieu à Cologne, en Allemagne, le 15 octobre 2016. Les mois de travail pour sa préparation n’auront pas été perdus puisqu’il a permis de faire un état des lieux sur la question et de la présenter à un public majoritairement composé de scientifiques et de médecins. Près de 250 personnes étaient inscrites. Les médecins pouvaient inclure ce congrès dans le programme de leur formation continue. Il s’est déroulé au prestigieux hôtel Maternushaus (www.maternushaus.de).
Une courte présentation de certains des intervenants est disponible sur une vidéo d’environ 5 minutes :
Le premier thème était : « Quelle est la validité de la recherche animale ? »
La première conférence était présentée par Andrew Knight, vétérinaire que nos lecteurs connaissent bien (https://antidote-europe.eu/andrew-knight-enseignement-medecine-veterinaire/), et avait pour titre : « Les revues systématiques d’expériences sur des animaux démontrent une faible contribution à la thérapie humaine ». La conférence, donnée en anglais, dure environ 30 minutes:
La deuxième conférence était présentée par Hakan Sentürk, médecin et rédacteur en chef du Journal turc de gastroentérologie, que nos lecteurs connaissent aussi (https://antidote-europe.eu/revues-pour-science-responsable/), et avait pour titre : « Les expériences sur des animaux en gastroentérologie : y a-t-il des applications significatives pour l’homme ? ». La conférence, donnée en anglais, dure environ 30 minutes:
La troisième conférence était présentée par Aysha Akhtar, médecin et neurobiologiste dont nous vous avons présenté un très édifiant article (https://antidote-europe.eu/aysha-akhtar-recherche-animale/), et avait pour titre : « Dans quelle mesure les expériences sur des animaux sont-elles fiables et prédictives des réponses humaines ? ». La conférence, donnée en anglais, dure environ 30 minutes:
La quatrième conférence était présentée par Thomas Hartung, médecin et professeur de pharmacologie et de toxicologie, et avait pour titre : « L’homme n’est pas un rat de 70 kilos ; questions sur la validité des essais sur des animaux en toxicologie ». Le professeur Hartung est bien l’auteur de cette phrase –« Nous ne sommes pas des rats de 70 kilos »-, que nous avons illustrée et popularisée sur nos dépliants et autres publications. Il l’énonçait il y a plus de dix ans, dénonçant ainsi « la mauvaise science » fondée sur les résultats de la recherche animale. Sa conférence, donnée en allemand, dure environ 40 minutes:
La cinquième conférence était présentée par Mardas Daneshian, biologiste, et avait pour sujet les méthodes dites « alternatives » à l’expérimentation animale, en fait les méthodes réellement fiables pour obtenir des données pertinentes pour l’homme. La conférence, donnée en anglais, dure environ 15 minutes:
Le second thème était : « La solution : la recherche basée sur l’homme ».
La sixième conférence était présentée par Anne Beuter, professeure de neuroscience et conseillère scientifique d’Antidote Europe que nos lecteurs connaissent évidemment (https://antidote-europe.eu/parkinson-nouvelle-therapie/ et des articles publiés dans La Notice d’Antidote), et avait pour titre : « Directions futures pour le traitement de maladies neurologiques ». La conférence, donnée en anglais, dure environ 30 minutes:
La septième conférence était présentée par Tobias Hasenberg, ingénieur en biotechnologies, et avait pour titre : « La puce multi-organes, un système de microphysiologie pour les essais de substances chimiques et son utilisation pour l’homme et pour la souris ». La conférence, donnée en allemand, dure environ 30 minutes
Venait ensuite une table ronde avec la participation d’André Ménache, pour poursuivre la discussion entre plusieurs scientifiques et répondre aux questions du public. L’enregistrement de cette discussion dure environ 45 minutes:
Une importante médiatisation
Bien qu’il y ait eu, par le passé, de nombreux congrès sur les méthodes « alternatives », celui-ci est, à notre connaissance, le premier congrès à poser cette question fondamentale : le « modèle animal » est-il fiable pour l’homme ? Les chercheurs et médecins qui se sont exprimés ont tous une carrière internationale et des connaissances non seulement scientifiques mais aussi dans la règlementation qui tolère ou impose les essais sur des animaux.
Plusieurs journalistes étaient présents et l’événement a donné lieu à de nombreux articles dans les médias allemands.
Comme le rappelait André Ménache lors de l’audition de Stop Vivisection au Parlement européen, notre défi majeur n’est pas la démonstration scientifique de l’inadéquation de la recherche animale pour développer des thérapies efficaces pour l’homme. Cette démonstration est déjà faite et ce congrès l’a réaffirmée. Notre défi majeur est la communication de cette vérité scientifique à un public non biologiste. Ce congrès restera dans l’historique de cette cause comme une pièce majeure dans la vulgarisation de la controverse scientifique sur le « modèle animal ».
Alors que de plus en plus d’établissements d’enseignement et de recherche dans le monde adoptent des méthodes sans recours à l’expérimentation animale, l’ Université de Lorraine envisage d’agrandir son centre d’expérimentation animale. En collaboration avec d’autres associations et avec de nombreux élus, Antidote Europe se mobilise.
Au printemps 2016, nous étions alertés par des associations de défense animale du projet d’agrandissement du centre d’expérimentation animale au pôle universitaire de Nancy-Brabois. Nous sommes heureux de pouvoir, en cette nouvelle occasion, apporter notre argumentation scientifique en soutien à cette campagne.
Nous étions ensuite invités à donner une conférence le 2 novembre à Vandoeuvre, conférence dont nous vous avons donné quelques détails sur notre site (https://antidote-europe.eu/conferences/) et sur les réseaux sociaux. Annoncée dès le 28 septembre dans L’Est Républicain, elle a été l’un des points forts de cette campagne. Plus de 200 personnes y ont assisté, dont de nombreux élus très réceptifs à nos arguments.
Dès le lendemain de la conférence, nous écrivions au Professeur Pierre Mutzenhardt, président de l’ Université de Lorraine. Notre lettre ouverte a été diffusée aux élus municipaux de Vandoeuvre, aux Conseillers régionaux et départementaux, aux associations de défense animale et aux médias. Nous en reproduisons ci-dessous le texte intégral.
N’hésitez pas à revenir sur notre site où nous vous tiendrons informés des suites de ces actions.
Lettre ouverte
au Professeur Pierre Mutzenhardt, président de l’ Université de Lorraine
Monsieur le Président,
J’ai eu connaissance de la formation en expérimentation animale dispensée par votre institution et, en particulier, des cours en chirurgie expérimentale sur des animaux vivants de niveau concepteurs (niveau I) ou praticiens (niveau II).
En tant que directeur de l’association Antidote Europe et représentant officiel de l’Initiative Citoyenne Européenne « Stop Vivisection » (ayant recueilli plus d’un million de signatures) (1), je souhaite attirer votre attention sur les éléments ci-dessous.
La Directive 2010/63/UE relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques et sa transposition en droit français, stipule sur la licéité des procédures expérimentales :
Art. R. 214-105. :
…Respecter les principes de remplacement, de réduction et de raffinement suivants :
« ― les procédures expérimentales ont un caractère de stricte nécessité et ne peuvent pas être remplacées par d’autres méthodes expérimentales n’impliquant pas l’utilisation d’animaux vivants et susceptibles d’apporter le même niveau d’information … » (2).
En l’occurrence, il existe bien des alternatives dans le domaine de l’enseignement en médecine et en chirurgie humaine et vétérinaire, allant des mannequins réalistes (3), jusqu’à l’impression d’organes en trois dimensions (4). L’association « Interniche » est dédiée au remplacement des animaux dans l’enseignement universitaire (5) et a déjà fourni, avec succès, du matériel à plusieurs universités dans le monde.
Par ailleurs, il existe des associations de médecins et de chercheurs proposant des alternatives à l’expérimentation animale, notamment « Physicians Committee for Responsible Medicine » qui a mené une campagne efficace pour remplacer l’utilisation de chiens et d’autres animaux dans l’enseignement dans la totalité des facultés de médecine aux Etats-Unis (6). En Europe, l’association « Aertze gegen Tierversuche » vient de tenir un congrès international à ce sujet à Cologne (7).
A titre personnel, je n’ai jamais pratiqué la chirurgie expérimentale sur des animaux vivants au cours de mes études en médecine vétérinaire. J’ai bien assisté des vétérinaires-chirurgiens expérimentés jusqu’à ce que j’aie pu acquérir les compétences requises pour pratiquer des interventions de façon autonome. Selon mes collègues en médecine, les mêmes principes pédagogiques s’appliquent dans le cadre de la médecine humaine. A ce propos, je vous invite à consulter les interviews que j’ai menées avec des médecins et des chercheurs opposés à l’expérimentation animale (8).
Au regard de ces précisions, je vous serais reconnaissant de bien vouloir m’éclairer sur les raisons pour lesquelles votre institution n’utilise pas davantage ces alternatives désormais disponibles, largement reconnues et utilisées dans d’autres pays.
Dans l’attente de votre réponse.
Cordialement et avec mes respectueuses salutations,
André Ménache
Docteur en médecine vétérinaire
Directeur d’Antidote Europe
De récents contacts avec des associations de défense animale nous donnent l’espoir d’obtenir par une voie nouvelle ce qui nous a été refusé par les voies les plus directes. Une commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs vient de voir le jour. Pourquoi pas sur l’expérimentation animale ?
Comme nos adhérents le savent, bien qu’Antidote Europe ne soit pas une association de défense animale, nous travaillons souvent en étroite collaboration avec de telles associations, mettant en commun notre argumentation scientifique et leur puissance de communication auprès des médias, des responsables politiques et du grand public. C’est le 3 septembre, lors des actions de protestation contre le CEDS (Centre d’élevage des Souches), à Mézilles, qu’une nouvelle idée d’action est née. Nous avons appris que l’association L214 venait d’obtenir la création à l’Assemblée nationale d’une commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs. Nul doute que l’intense campagne d’information de L214, relayée par d’innombrables médias, n’ait été un puissant levier pour mettre en place cette commission d’enquête.
L’opinion publique doit être plus forte que les lobbies de l’expérimentation animale et que la « mauvaise science » qu’ils produisent !
Rappelons que cette expression (« mauvaise science ») a été utilisée il y a plus de dix ans déjà par un professeur de toxicologie pour désigner les essais de toxicologie sur des animaux. Les données ainsi obtenues, en effet, mettent quotidiennement en danger la santé humaine. Or, il est impossible pour nous d’avancer tous nos arguments contre l’expérimentation animale en seulement quelques minutes à la télévision ou à la radio alors que les chercheurs qui utilisent des animaux ont recours à du chantage émotionnel qui fonctionne, hélas, sur un public peu et mal informé.
Il faut donc utiliser une autre stratégie afin de provoquer un débat public approfondi. C’est la raison pour laquelle nous vous proposons l’action suivante : interpeller les députés de votre département, soit par écrit soit face à face en sollicitant un rendez-vous à leurs permanences, pour leur demander de déposer une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la question de la validité du modèle animal. Plus d’informations sur la création de commissions d’enquête sur http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/role-et-pouvoirs-de-l-assemblee-nationale/les-fonctions-de-l-assemblee-nationale/les-fonctions-de-controle-et-l-information-des-deputes/les-commissions-d-enquete-et-les-missions-d-information-creees-par-la-conference-des-presidents.
Le but de cette enquête serait de rassembler des experts scientifiques des deux côtés pour débattre de ce sujet de façon approfondie. Les conclusions de cette enquête devraient aboutir à des recommandations pour faire évoluer les lois qui exigent encore la pratique d’essais sur des animaux.
La création d’une commission d’enquête parlementaire sur la question de la validité du modèle animal serait une première étape sur le chemin d’une prise de conscience des Français sur cette fraude scientifique que représente l’expérimentation animale. Toutefois, cette première étape dépend de votre engagement et de votre volonté à exercer une pression suffisante pour convaincre nos élus que nous n’allons pas abandonner ce projet tant qu’il ne sera pas traité par les plus hautes autorités gouvernementales et de façon transparente.
Pour motiver votre démarche, vous pouvez rédiger une lettre en utilisant les arguments ci-dessous. Nous vous invitons à transmettre ensuite une copie de cette lettre aux ministres de la Recherche (Mme Najat Vallaud-Belkacem – 1 rue Descartes – 75231 Paris cedex 05) et de la Santé (Mme Marisol Touraine – 14 ave Duquesne – 75007 Paris).
N’hésitez pas à diffuser cette campagne autour de vous ! Soyons nombreux à nous mobiliser pour notre santé et pour une science moderne et responsable ! Les défenseurs des animaux nous remercieront eux aussi lorsque nous aurons pu démontrer l’inutilité du sacrifice de plus de 12 millions d’animaux chaque année dans les laboratoires européens.
Exemple de lettre
A l’attention de M. ou Mme ……., député(e) de …. (à compléter selon votre domicile)
En tant que député, vous pouvez déposer une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête parlementaire. Nous vous serions reconnaissants de demander la création d’une enquête parlementaire sur la validité du « modèle animal » pour la recherche biomédicale et la toxicologie humaines et sur le rapport coût/bénéfice de la recherche fondamentale impliquant l’utilisation d’animaux.
Cette demande s’appuie notamment sur les points suivants :
L’expérimentation animale représente un des plus grands malaises dans l’opinion publique (68% des citoyens européens seraient opposés à la recherche utilisant des animaux pour mieux comprendre le fonctionnement du vivant, selon un des plus grands sondages à ce propos commandé par la Commission européenne (1) ; ce chiffre atteint quasiment 100% quand il s’agit en particulier de l’utilisation de primates (2)).
Aucune espèce animale n’étant un modèle biologique fiable pour une autre, il s’avère que le « modèle animal » n’est pas prédictif pour l’homme (3 – 10).
Des critiques de plus en plus nombreuses émergent au sein de la communauté scientifique quant à la pertinence du « modèle animal » et à son application à la santé humaine (11- 15).
La majorité (environ 80%) des études menées en recherche fondamentale (définition ci-dessous) et préclinique (visant à mettre à développer de nouveaux médicaments pour l’homme) n’est pas reproductible, c’est-à-dire qu’une autre équipe de chercheurs (voire, parfois, la même équipe !) ne parvient pas à obtenir le même résultat que lors de la même expérience réalisée une fois précédente (16-18). ). Il s’avère également que dans les universités pratiquant l’expérimentation animale, la recherche fondamentale représente jusqu’à 90 % de l’ensemble des études menées sur des animaux.
Définition : la recherche fondamentale consiste en des travaux expérimentaux ou théoriques principalement en vue d’acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements des phénomènes et des faits observables, sans envisager une application ou une utilisation particulière (19). Toutefois les chercheurs vont souvent labelliser leur étude fondamentale comme ayant une application à l’homme afin de justifier leurs demandes de subventions (20).
Alors que la directive européenne 2010/63/EU relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques encourage le recours aux « méthodes alternatives » afin de réduire et de remplacer l’utilisation de ces animaux, ceci n’est pas reflété dans les budgets consacrés à ces méthodes.
La composition des comités d’éthique censés valider les études sur animaux n’est pas équilibrée quant aux représentants du grand public, voire également pour les représentants d’associations de protection animale. Il serait temps de vérifier si le Code rural (Décret n° 2013-118 du 1er février 2013 relatif à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques) est respecté au sein de toutes les institutions pratiquant l’expérimentation animale concernant la composition équitable de chaque comité d’éthique.
Où sont les preuves en termes de rapport coût/bénéfice (souffrance animale versus progrès médical humain) que l’expérimentation animale (et principalement en matière de recherche fondamentale) est positif ? Bien au contraire, les études approfondies (revues de synthèse) démontrent que l’efficacité de ce genre de recherche animale est dérisoire (0.004% en l’occurrence) (21 – 25).
Grant J, Green L, Mason B. Basic research and health: a reassessment of the scientific basis for the support of biomedical science. Research Evaluation. 2003;12:217–224.
Contopoulos-Ioannidis DG, Ntzani E, Ioannidis JP. Translation of highly promising basic science research into clinical applications. Am J Med. 2003;114:477–484.
Lost in clinical translation. Nat Med. 2004;10:879.
Crowley WF Jr. Translation of basic research into useful treatments: how often does it occur? Am J Med. 2003;114:503–505.