Paris, le 16 mars 2015 – A la veille d’une importante réunion des présidents de commissions au Parlement européen le 20 mars prochain, le comité organisateur de l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection a fait parvenir à ces présidents, ainsi qu’à tous les députés européens, une lettre qui expose les arguments scientifiques de « Stop Vivisection » et ses enjeux pour la santé humaine.
Après la remise à la Commission européenne de 1.173.131 signatures certifiées, recueillies en soutien à l’initiative citoyenne européenne, les organisateurs de l’initiative doivent être reçus au Parlement européen pour une audition publique. La date en sera fixée très prochainement.
Voici quelques extraits de la lettre aux eurodéputés :
STOP VIVISECTION, une initiative citoyenne européenne (ICE), est née en 2012 du fort désir des citoyens de l’Union européenne (UE) d’atteindre un idéal commun : la protection de la vie sur notre planète, aujourd’hui menacée par une situation de plus en plus critique.
Des sociétés riches mais de plus en plus malades
Les substances chimiques de synthèse représentent un risque majeur
Le modèle animal n’a pas de valeur pour l’espèce humaine
Notre requête est : le remplacement dans l’UE de la recherche animale par des méthodes modernes, scientifiques, basées sur des données directement pertinentes pour l’espèce humaine
Un changement de paradigme a déjà commencé aux Etats-Unis
Le nouveau paradigme scientifique devrait être appliqué en Europe, ou bien, nous serons dangereusement distancés
Cher Membre du Parlement européen, il est essentiel que vous participiez à ce « changement capital » soutenu par tant de scientifiques
Antidote Europe, association créée par des chercheurs pour promouvoir une recherche moderne réellement au service de la santé humaine, engagée pour cette raison dans l’initiative citoyenne européenne STOP VIVISECTION, est heureuse d’annoncer que les signatures certifiées, au nombre de 1.173.131, ont été présentées à la Commission européenne le 3 mars dernier.
Une initiative citoyenne européenne (ICE) n’est pas une pétition. C’est un outil de démocratie directe qui engage la Commission européenne à produire une réponse écrite et argumentée. Ce n’est que depuis le 1er avril 2012 qu’il est possible de lancer une ICE. « Stop Vivisection » n’est que la troisième ICE à avoir réussi à collecter plus d’un million de signatures, dans tous les Etats membres, dans le délai imparti d’une année. Et ce, malgré de nombreuses difficultés et des lenteurs indépendantes de la volonté des organisateurs. Malgré, aussi, l’absence de réponse de certains Etats membres, dans lesquels pourtant de nombreuses signatures avaient été recueillies, ce qui a réduit le total officiel des signatures certifiées.
Les organisateurs de « Stop Vivisection » espèrent que le Parlement européen et la Commission européenne feront un examen approfondi des arguments présentés contre l’utilisation des animaux considérés comme des modèles biologiques de l’homme. Les enjeux vont bien au-delà de ce qui pourrait être imaginé de prime abord.
La réponse officielle de la Commission européenne devra être connue dans les trois mois. Si elle est positive, elle pourrait accélérer l’acceptation réglementaire de méthodes modernes et fiables qui permettraient de mettre en oeuvre une meilleure prévention et, ainsi, d’éviter de nombreux cas de maladies graves qui font de plus en plus de victimes.
La « vivisection » est une méthode obsolète et trompeuse ; elle doit céder la place aux méthodes de recherche et de toxicologie sans animaux, présentant les plus grands avantages, déjà disponibles.
Le « modèle animal » remis en question par la communauté médicale britannique
La couverture du British Medical Journal de Juin 2014 : « RECHERCHE BIOMEDICALE SUR LES ANIMAUX une base branlante pour prédire les bénéfices pour l’homme »
Les communautés médicale et scientifique sont souvent présentées par les médias grand public comme avançant une argumentation solide et unanime sur les divers sujets de leurs compétences. Tel ponte interrogé sur tel sujet est censé représenter l’opinion de l’entière communauté. Cette situation est plutôt caricaturale et pourrait occulter les nombreux débats qui agitent tant les chercheurs que les médecins. Concernant l’utilisation d’animaux considérés comme des modèles biologiques de l’homme, une majorité du grand public ignore encore que des scientifiques et des médecins discutent depuis longtemps sur la question de savoir si oui ou non les expériences faites sur des animaux sont d’une quelconque utilité pour soigner les humains. Ce débat ne pourra plus être ignoré longtemps car les périodiques scientifiques internationaux de référence sortent de leur réserve et, les preuves à l’encontre du « modèle animal » s’accumulant, commencent à publier des articles mettant sérieusement en question le bien-fondé de la recherche animale. Nous avons le plaisir de vous présenter la traduction d’un éditorial publié le 5 juin 2014 par le très prestigieux British Medical Journal. Nous avons bon espoir que ce genre de publication aboutisse enfin à la prise de conscience par les responsables politiques qu’il faudrait, pour le moins, organiser un débat sérieux sur le plan scientifique, sur cette question.
A quel point la recherche animale est-elle prédictive et productive ?
BMJ 2014; 348 doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.g3719 (Publié : 5 juin 2014) pour citer l’article : BMJ 2014;348:g3719
Le choix du rédacteur en chef
Fiona Godlee, rédacteur en chef, The British Medical Journal
Cela fait plus de vingt ans que Doug Altman a écrit un article très chaud dans The BMJ sur « le scandale de la recherche médicale » (doi:10.1136/bmj.308.6924.283). Plus tôt cette année, Richard Smith, l’ancien directeur de The BMJ a résumé pourquoi le même article pourrait être publié aujourd’hui avec peu de changements (http://bit.ly/1rHnWbL), se référant à la récente série d’articles publiés dans Lancet sur le gâchis dans la recherche médicale et à l’article de John Ioannidis dans PloS Medicine intitulé : « Pourquoi la plupart des découvertes publiées de la recherche sont fausses ». La littérature médicale reste assaillie par des préjugés académiques et commerciaux dus à la surinterprétation de petites études, mal conçues et mal conduites, beaucoup d’entre elles ayant fait l’objet de rapports erronés ou sélectifs ou d’aucun rapport du tout. Il en résulte une base de preuves qui exagère systématiquement les bénéfices et minimise les dommages des traitements.
Mais comme si cela ne suffisait pas, un problème encore plus fondamental jette le doute sur la validité de la recherche clinique : la mauvaise qualité de la recherche animale, sur laquelle elle se fonde pour beaucoup. Il y a dix ans de cela, dans The BMJ, Pandora Pound et des collègues demandaient : « Où sont les preuves que la recherche animale profite bien aux humains ? » (doi:10.1136/bmj.328.7438.514). Leurs conclusions n’étaient pas encourageantes. Beaucoup de recherches sur les animaux dans des traitements potentiels pour l’homme étaient gaspillées, disaient-ils, parce qu’elles étaient mal menées et n’étaient pas évaluées par des vérifications systématiques.
Depuis lors, comme l’expliquent Pound et Michael Bracken cette semaine (doi:10.1136/bmj.g3387), le nombre de vérifications systématiques des études sur les animaux a augmenté considérablement, mais cela n’a servi qu’à mettre en lumière la mauvaise qualité de beaucoup de recherches précliniques sur les animaux. Les mêmes menaces sur la validité interne et externe qui assaillent la recherche clinique sont abondantes dans les études sur les animaux : manque de masquage adéquat de la randomisation, des essais en aveugle et de l’allocation ; analyses sélectives ; biais dans les rapports et dans les publications. Le résultat, affirmait Ioannidis en 2012, est qu’il est « presque impossible de compter sur la plupart des informations obtenues sur des animaux pour prédire si oui ou non une intervention aura un rapport bénéfice/risque clinique favorable sur des sujets humains. »
Autant de gaspillage est autant contraire à l’éthique vis à vis des animaux que vis à vis de l’homme. La recherche préclinique mal effectuée peut mener à des essais cliniques très chers mais vains, exposant les participants à des médicaments dangereux. Et bien sûr il y a la souffrance inutile des animaux impliqués dans la recherche qui n’apporte aucun bénéfice.
Que faire ? Des recherches sur les animaux mieux menées et de meilleurs rapports aideront, affirment Pound et Bracken. Cela pourrait venir d’une meilleure formation et information des chercheurs de base et d’un changement culturel alimenté par de plus grands examens et une responsabilité publique. Mais comment cela pourrait-il réellement améliorer le taux des transpositions réussies de l’animal à l’homme ? Peu, en effet, il semble. Même si les recherches étaient menées parfaitement, affirment les auteurs, notre capacité à prédire les réponses humaines à partir de modèles animaux sera limitée par les différences inter-espèces dans les voies moléculaires et métaboliques.
Plutôt que vers la recherche fondamentale, les fonds pourraient être mieux dirigés vers la recherche clinique, où il y a un plus clair retour sur investissements en terme d’effets sur les soins donnés au patient. Les auteurs concluent : « Si la recherche menée sur les animaux continue d’être incapable de prédire raisonnablement ce qu’on peut attendre chez l’homme, le soutien public et le financement de la recherche préclinique sur les animaux semblent mal placés ». De quel côté pensez-vous que devrait pencher l’effort : des investissements dans une meilleure recherche animale ou le passage au financement de davantage de recherche clinique ?
Paris, le 15 décembre 2014 – Antidote Europe remercie le ministère de l’Education nationale pour sa lettre aux recteurs d’académie clarifiant enfin la position de la France au sujet des dissections d’animaux vertébrés en collège et lycée. Antidote Europe remercie également la sénatrice Chantal Jouanno pour toutes ses actions liées à ce résultat.
Modèle de rat synthétique destiné à l’enseignement (http://www.interniche.org)
Le 28 novembre, le ministère écrivait que dans l’enseignement secondaire, les travaux pratiques de biologie « peuvent être réalisés sur des invertébrés (…) à l’exception des Céphalopodes (…) peuvent également être réalisés sur des vertébrés ou sur des produits issus de vertébrés faisant l’objet d’une commercialisation destinée à l’alimentation. La dissection des souris est donc désormais totalement exclue dans toutes les classes jusqu’au baccalauréat. » Cette interdiction concerne donc les animaux vertébrés (souris, grenouilles, poussins…) élevés dans le seul but de les disséquer en classes de biologie de l’enseignement général (elle ne concerne pas les formations techniques spécialisées).
Dans le cadre de sa campagne « Enseigner sans animaux« , lancée en 2010, Antidote Europe est en contact avec de nombreux professeurs de SVT, parents d’élèves, scientifiques qui proposent du matériel didactique, etc. La transposition en droit français de la directive européenne 2010/63/UE ne semblait pas tout à fait claire aux différentes personnes concernées. C’est pourquoi cette lettre du ministère de l’Education nationale était nécessaire et attendue.
Méthodes sans animaux vs dissections
De nombreux outils pédagogiques sans animaux sont disponibles pour les cours de SVT de tous niveaux et même pour les cours de médecine vétérinaire. Des études ont montré que ces méthodes « réussissent au moins aussi bien que celles qui supposent l’utilisation d’animaux, et parfois mieux. Ces réussites incluent une meilleure acquisition et développement de techniques chirurgicales, anesthésiques ou cliniques, une meilleure compréhension des processus biologiques complexes, une plus grande efficacité dans l’apprentissage et de meilleurs résultats aux examens. » (voir https://antidote-europe.eu/methodes-alternatives-recherche-animale/)
André Ménache, directeur d’Antidote Europe, déclare : « En tant que militant actif dans plusieurs pays, je considère cette annonce ministérielle comme un grand pas en avant, en France, même s’il reste encore beaucoup à faire. »
Antidote Europe est une association à but non lucratif créée par des chercheurs issus du CNRS. Ce n’est pas une association de défense animale. Nous démontrons que les données issues de la recherche animale peuvent induire en erreur quand on les applique à l’homme. Notre directeur a déjà donné et donne régulièrement de nombreuses conférences dans les collèges et lycées britanniques, conférences au cours desquelles il réaffirme qu’aucune espèce animale n’est le modèle biologique d’une autre. Cette évidence scientifique devrait, de plus en plus, être enseignée dès les premiers cours de biologie.