Le 17 octobre 2024,
André Ménache était invité par The Alliance for Cruelty Free Science (Alliance pour une science sans cruauté) pour donner une conférence à Londres sur les meilleures stratégies pour faire avancer la cause contre l’expérimentation animale. André Ménache a donné deux exemples de stratégies ayant porté leurs fruits. Le premier a été l’action du militant belgo-étasunien Henry Spira (1927-1998) qui, en 1980, avait fait paraître sur une pleine page du New York Times une annonce intitulée « Combien de lapins Revlon rend-il aveugles au nom de la beauté ? », Revlon étant alors une marque très connue de produits cosmétiques. Les industriels de ce secteur avaient immédiatement réagi en créant un fonds pour le remplacement des essais sur des animaux pour les produits cosmétiques. Des essais de toxicité cutanée sur peau artificielle ont été parmi les premiers à être développés. Il aura quand même fallu attendre trente ans (2013) pour que l’Union européenne adopte une réglementation imposant des méthodes sans animaux pour les cosmétiques mais l’impact de l’action de Spira souligne le pouvoir du consommateur. En effet, ce dernier a la possibilité de choisir des cosmétiques (ainsi que des produits d’entretien) non testés sur des animaux. Des associations de défense animale publient des listes de marques qui ne font pas d’essais sur des animaux et tous les consommateurs motivés peuvent faire leur choix et continuer à peser vers la fin de l’expérimentation animale pour cette catégorie de produits. Un flou demeure pour les ingrédients utilisés à la fois pour des cosmétiques et pour des produits non soumis à cette réglementation et qui pourraient avoir été testés sur des animaux. C’est pourquoi l’initiative citoyenne européenne « Pour des cosmétiques sans cruauté » a été déposée en 2021. En janvier 2023, elle avait réussi à collecter plus de 1,2 million de signatures, preuve que le public reste vigilant et fortement mobilisé.
Le deuxième exemple de stratégie efficace concerne le botox. Ce produit à base de toxine botulinique est utilisé à des fins cosmétiques mais aussi médicales. Or, la réglementation impose que tous les produits pharmaceutiques soient testés sur des animaux. Le consommateur n’ayant donc pas ici le choix, c’est vers les actionnaires de l’un des principaux fabricants de botox (Allergan) que s’est tourné Martin Stevens (1956-2024) de la Humane Society of the United States. Il les a convaincus qu’il serait possible de remplacer les essais de chaque lot de botox sur des souris par des essais sur des cellules en culture. Sous la pression des actionnaires, Allergan a subventionné le développement d’un test de remplacement qui a été accepté par les autorités en charge de la sécurité sanitaire aux États-Unis en 2011.
L’Alliance pour une science sans cruauté est un regroupement de plusieurs associations et le public de cette conférence comptait une quarantaine de militants. Le temps de parole était limité à quinze minutes mais, au cours de la soirée qui a duré de 19h à 22h, André Ménache a eu l’occasion de répondre à des questions des militants les plus impliqués et de nouer de nouveaux contacts.