Le 13 avril 2018, André Ménache était à Paris, pour un événement que nous qualifierons d’historique, vu sa rareté. Il s’agissait d’un débat contradictoire sur l’expérimentation animale avec un chercheur et professeur de biologie à l’université Paris Diderot, dans les locaux mêmes de cette université. Rien que ça ! Le débat, organisé et animé par Salomé Mormentyn, étudiante en journalisme déjà diplômée en sciences, était annoncé sur le site Sciences et médias : http://sciences-medias.fr/blogs/event/debat-sur-lexperimentation-animale/.
« Une alternative à l’expérimentation animale est-elle possible ? », tel était le titre de l’échange auquel ont assisté une quarantaine de personnes, en majorité des étudiants mais aussi quelques professeurs. La parole a d’abord été donnée à notre contradicteur, puis à André Ménache. Chacun a présenté un diaporama d’une vingtaine de minutes. En analysant de plus près les deux présentations, nous retrouvons un schéma qui commence à devenir récurrent. Le chercheur qui défendait l’expérimentation animale a commencé par essayer de relativiser le nombre d’animaux utilisés à des fins scientifiques (ils se comptent en millions tandis que les animaux d’élevage se comptent en milliards) et à souligner le cadre réglementaire dans lequel se fait cette utilisation (les 3Rs). Il a ensuite fait état de quelques « similitudes » entre humains et animaux, ce qui ne suffit pas à faire de l’expérimentation animale une méthode fiable. Il a enfin donné des exemples de patients soignés avec des médicaments qu’on aurait découverts en utilisant l’expérimentation animale, ce qui ne signifie pas qu’on n’aurait pas pu les découvrir grâce à d’autres méthodes. André Ménache, de son côté, est resté sur le strict terrain scientifique, en démontrant que le modèle animal ne permet pas la prédiction fiable de la réponse humaine et en expliquant la théorie de la complexité (une des raisons pour lesquelles le modèle animal n’est pas fiable pour l’espèce humaine).
Des échanges ont ensuite eu lieu avec le public. D’après la teneur des questions et des commentaires, nous pensons que la plupart des personnes n’avaient pas un avis tranché sur le sujet. Plusieurs étudiants ont insisté sur le manque de fiabilité du modèle animal et notre adversaire a dû lui-même reconnaître que le modèle animal n’est pas toujours prédictif de la réponse humaine.
Nous remercions très vivement Mme Mormentyn, qui, ayant contacté Antidote Europe pour réaliser une interview dans le cadre de son mémoire de fin d’études, a finalement relevé le défi que nous lui avons présenté, celui d’organiser une conférence dans une université, voire un débat contradictoire avec un chercheur qui défendrait l’expérimentation animale. Alors qu’André Ménache avait déjà participé à des événements similaires au Royaume-Uni (voir note du 30 octobre 2014) et en Suisse (le 30 avril 2014), celui-ci fera date en France.
Nous attendons avec impatience la publication du mémoire de Mme Mormentyn et la diffusion de la vidéo enregistrée au cours de ce débat, prévus pour l’été prochain.