Le 26 avril 2014, International Campaigns (IC) organisait une très spectaculaire et solennelle action place de la République, à Paris, à l’occasion de la Journée mondiale des animaux dans les laboratoires (JMAL).
Plus de 270 personnes, silencieuses, tenant une pancarte informative ou revendicative, ont formé un triangle, trois heures durant. Un public très nombreux est venu s’informer. Certaines personnes ont spontanément déposé des roses devant les photos d’animaux subissant des expériences. Plus de 20 médias ont relayé cette action !
Antidote Europe remercie très chaleureusement IC pour la présentation de notre documentation et d’informations sur l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection lors de cet événement.
Toutes les détails et photos sur www.stop-animaux-labos.org/journee-mondiale-animaux-laboratoires-action/jmal-2014-paris-operation-cages-vides/
Le 5 avril 2014 se tenait l’assemblée générale d’Antidote Europe, à Paris.
Le rapport moral 2013 était très riche, notamment du succès de la collecte de signatures pour l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection. Cette action est ralentie en ce moment en raison des élections au Parlement européen, où nous devrions prochainement être invités pour y exposer nos arguments. Tenez-vous au courant et informez votre entourage grâce au site http://www.stopvivisection.eu.
Autre point fort de notre rapport, la publication de nouveaux articles scientifiques dans la littérature internationale, publications dont nous rendons compte sur notre site avec une page dédiée tout récemment mise à jour : https://antidote-europe.eu/publications-presse-scientifique/.
Le rapport financier a également été approuvé à la quasi-unanimité (sauf une abstention sur les plus de cent membres à exprimer leur vote). Le nombre de nos adhérents a légèrement augmenté par rapport à l’année précédente mais nous avons besoin de plus de soutien et de plus de personnes capables de relayer notre message. Si vous connaissez des personnes intéressées, n’hésitez pas à encourager les adhésions !
Le samedi 15 février 2014, notre antenne francilienne tenait un stand à la soirée organisée par Sea Shepherd, au Cabaret Sauvage, au parc de la Villette, à Paris. Plus de 700 personnes ont participé à l’événement, selon les organisateurs. Pour nous, ce fut l’occasion de distribuer de nombreux dépliants et numéros de La Notice d’Antidote (Muriel, Jessica et Séverine à l’oeuvre sur la photo). Beaucoup de questions de la part d’un public plutôt jeune et acquis à notre cause, ça fait plaisir ! Et des discussions intéressantes, notamment avec une journaliste, des professeurs de biologie et deux médecins qui ont reconnu que les tests sur des animaux sont une aberration. Un grand merci à Sea Shepherd (www.seashepherd.fr) de nous avoir invités à être présents dans le village associatif.
De nombreuses associations et organismes privés de recherche sur des maladies humaines collectent des fonds pour financer la recherche sur des animaux supposés être des « modèles » biologiques de l’homme. Or, il est prouvé que ces « modèles » sont de pures fictions. Ils sont donc incapables de mimer le déroulement de la maladie chez l’homme et encore moins de permettre de trouver une thérapie pour sa guérison. C’est ce que dénonce André Ménache dans cette lettre à CRUK.
Antidote Europe n’est pas concernée par « le bien-être animal » auquel notre directeur se réfère à titre personnel, en sa qualité vétérinaire.
Bien que cette lettre n’ait pas été écrite au nom d’Antidote Europe, nous la publions car elle contient de nombreuses données et citations utiles à notre combat. Nous la considérons aussi comme une mise en garde contre des campagnes de collectes pour la recherche médicale sur la voie publique ou dans les médias : avant de donner, demandez la garantie que votre don ne servira pas en réalité à des recherches sur des « modèles » animaux, inutiles et sans lendemain au mieux, très dangereuses pour notre santé, le plus souvent. Donnez si vous voulez, mais avec discernement.
Dr Harpal Kumar MA MEng MBA DSc
CEO of Cancer Research UK
Cancer Research UK Angel Building
407 St John Street
LondonEC1V 4AD
Londres, le 20 janvier 2014
Lettre ouverte au Dr Harpal Kumar, directeur exécutif de Cancer Research UK (association britannique de recherche sur le cancer) Le rôle de Cancer Research UK et la responsabilité sociale des entreprises
Cher Dr Kumar
Je vous écris en tant qu’individu et en tant que scientifique désireux de défendre la santé des consommateurs et le bien-être animal. J’attire votre attention sur la responsabilité sociale des entreprises (définie comme la contribution et l’impact d’une entreprise sur la société et l’environnement) de Cancer Research UK (CRUK), l’association de recherche sur le cancer la plus grande du monde, par rapport à la définition de ses priorités et de ses objectifs.
Parmi ces objectifs, trois questions devraient appeler votre attention et votre réponse immédiates :
1. L’impératif moral de mieux informer le public sur la possibilité de réduire le risque de cancer grâce à des choix appropriés d’hygiène de vie ;
2. L’interprétation de données statistiques dans les campagnes commerciales et les campagnes de publicité de CRUK ;
3. L’utilisation généralisée et inutile de modèles animaux dans les programmes de recherche financés par CRUK.
1. L’impératif moral de mieux informer le public sur la possibilité de réduire le risque de cancer grâce à des choix appropriés d’hygiène de vie
Comme le montrent les données résumées sur le tableau ci-dessous, le cancer est une maladie pour laquelle une prévention efficace peut être adoptée :
CAUSE
REDUCTION DU RISQUE % REF
Tabac
25% [1]
Viande rouge cuisinée > 40g/jour
16% [2]
Alcool (directives du gouvernement)
4% [3]
Obésité (en relation avec l’alimentation et l’activité physique)
45% [4,5]
Substances chimiques toxiques
5% [6]
TOTAL
95% [7]
Ce tableau indique clairement que, si des modifications significatives du mode de vie étaient faites suite à une éducation efficace du public, 95% de tous les cancers pourraient potentiellement être évités. Il serait par conséquent sensé d’investir en premier lieu et en tant que priorité dans des campagnes d’information et d’éducation du public, en particulier celles liées au tabagisme et à l’obésité. Pourtant, une revue de vos récents rapports financiers annuels montre autre chose.
Rapport financier annuel
Budget dépensé par CRUK en recherche en 2012/13 £ 347 millions
Budget dépensé par CRUK en information et éducation en 2012/13 £ 17 millions
TOTAL£ 364 millions
La somme dépensée en information et éducation représente moins de 5% du total de £ 364 millions de revenus disponibles.
En mai 2007, CRUK s’est fixé 10 objectifs [8] à atteindre en 2020. Parmi eux, des objectifs d’information et d’éducation, par exemple : « rendre le public conscient des principaux choix de styles de vie qu’il peut faire pour réduire son risque d’être atteint de cancer » [9]. Toutefois, la somme d’argent dépensée par CRUK en information et en éducation est restée essentiellement inchangée, à moins de 5% du revenu disponible. On attend de l’association sur le cancer la plus grande du monde qu’elle donne un exemple clair à ce sujet en respectant ses propres objectifs.
2. L’interprétation de données statistiques dans les campagnes commerciales et les campagnes de publicité de CRUK
CRUK déclare que le taux de survie après cancer dans le Royaume Uni a doublé en moins de 40 ans [10]. Toutefois, il est important de mettre cette déclaration en perspective, pour le bénéfice du public qui soutient si généreusement les activités de CRUK.
Suite à mes recherches, voici ce que j’ai trouvé, afin de déterminer le contexte, et donc l’analyse, appropriés :
Biais induits par le moment du dépistage plus précoce – l’augmentation apparente du taux de survie due à un diagnostic précoce suite au dépistage Les personnes auxquelles on diagnostique un cancer et qui survivent au-delà de 5 ans après la date du diagnostic sont considérées comme ayant survécu au cancer. Le fait que le cancer soit diagnostiqué plus tôt suite au dépistage peut ainsi donner l’impression que davantage de personnes souffrant de cancer survivent à la maladie. Toutefois, la raison principale pour laquelle les taux de survie à 5 ans ont changé de façon spectaculaire dans les 40 dernières années, tient au surdiagnostic. Surdiagnostic de façon générale mais aussi surdiagnostics induits par un dépistage de plus en plus précoce et par le dépistage de cancers à évolution lente dont certains cas n’auraient pas provoqué la mort du patient [11].
Le surdiagnostic contribue au biais induit par le moment du dépistage Le biais induit par le moment du dépistage est l’augmentation apparente du taux de survie parce que le cancer a été diagnostiqué plus tôt, suite au dépistage. Davantage de lésions précancéreuses qui n’auraient pas évolué vers un cancer sont également diagnostiquées et comptées dans les statistiques. Ce surdiagnostic contribue aussi au biais induit par le moment du dépistage. Beaucoup de cancers qui sont de nos jours diagnostiqués n’auraient pas tué les individus mais sont inclus dans les caculs de taux de survie [11].
Augmentation du cancer chez les enfants Le cancer chez les enfants est en augmentation au Royaume Uni. Il est la principale cause de mortalité pour les enfants de 1 à 14 ans [12]. Bien que de plus en plus d’enfants survivent au cancer aujourd’hui, ces individus ont quatre fois plus de probabilités de se voir diagnostiquer un autre cancer au cours de leur vie [13]. Le fait que les bébés qui naissent aujourd’hui aient dans le corps jusqu’à 300 substances chimiques, dont des perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A, appelle à un solide programme public d’information sur les moyens d’éviter ces substances, en particulier pendant la grossesse et l’allaitement [14,15].
3. L’utilisation généralisée et inutile de modèles animaux dans les programmes de recherche financés par CRUK
Le fait que les modèles animaux puissent induire en erreur et ne permettent pas de prédire les réactions biologiques humaines doit être mis dans le contexte des problèmes sociétaux que pose l’utilisation d’animaux dans la recherche et la toxicologie. Dans Nature, Giles écrit : « Dans la controverse sur la recherche animale, une question se pose encore et encore : de quelle utilité sont les expériences sur des animaux pour préparer les essais de traitements médicaux sur l’homme ? Cette question est cruciale puisque l’opinion publique ne soutient la recherche animale que si celle-ci aide à développer de meilleurs médicaments. Par conséquent, les scientifiques qui défendent l’expérimentation animale affirment que cette recherche est essentielle pour la sécurité des essais cliniques, tandis que les activistes des droits des animaux maintiennent avec force qu’elle est inutile. » (Giles, 2006) (Surlignage ajouté) [16].
Parmi les scientifiques qui travaillent dans les domaines en rapport avec le développement de médicaments et la recherche sur les maladies, le consensus est que les modèles animaux n’ont pas de valeur prédictive. Ce consensus est étayé par des preuves empiriques, la science de la complexité et la biologie de l’évolution [17].
Dans un éditorial à deux articles, Nature Medicine déclare : « La complexité du cancer métastasique humain est difficile à mimer sur des modèles souris. Ceci a pour conséquence que des études apparemment menées avec succès sur des modèles souris ne se traduisent pas par des succès dans les étapes ultimes d’essais cliniques. Adieu argent, temps et espoirs des malades. » (Ellis & Fidler, 2010) [18].
Le chercheur en cancérologie Robert Weinberg, du Massachusetts Institute of Technology est cité par Leaf dans la revue Fortune, disant : « On sait bien depuis plus d’une décennie, peut-être deux décennies, que beaucoup de ces modèles précliniques de cancer humain ont très peu de pouvoir prédictif quant à la façon réelle dont les êtres humains -tumeurs humaines réelles chez des patients- vont réagir… les modèles précliniques de cancer humain sont, en grande partie, de mauvaise qualité… des centaines de millions de dollars sont gaspillés chaque année par des firmes pharmaceutiques qui utilisent ces modèles [animaux]. » (Leaf, 2004) [19].
Leaf cite aussi Homer Pearce, « qui a fait des recherches sur le cancer et des recherches cliniques à Eli Lilly et qui est à présent chargé de recherches dans cette firme », disant : « …que les modèles souris sont « déplorablement inadéquats » pour déterminer si un médicament va fonctionner chez l’homme. « Si vous considérez les millions et millions et millions de souris qui ont été guéries, et vous comparez cela au succès relatif, ou à l’absence de succès, que nous avons atteint dans le traitement clinique de la maladie métastasique », dit-il, « vous réalisez qu’il y a tout simplement quelque chose qui ne va pas avec ces modèles ». » (Leaf, 2004) [19].
D’autres chercheurs ont aussi signalé l’insuffisance des modèles animaux de cancer, y compris des animaux génétiquement modifiés (Frese & Tuveson 2007 [20]; Kerbel 2003 [21]; Singh et al. 2010 [22]; Talmadge et al. 2007 [23]; Peterson & Houghton 2004 [24]; Francia & Kerbel 2010 [25]; Johnson et al. 2001 [26]; Zielinska 2010 [27]; Wade 2009 [28]).
A la lumière de ces données et analyses déjà dans le domaine public, je demande que, en tant que directeur exécutif, vous preniez sérieusement en compte ces points et vous meniez CRUK dans une autre direction, pour le bénéfice de la santé humaine et du bien-être animal.
Je vous informe que cette lettre sera diffusée auprès du grand public.
Ellis, L. M., and I. J. Fidler. 2010. Finding the tumor copycat. Therapy fails, patients don’t. Nat Med 16 (9):974-5
Leaf, C. 2004. Why we are losing the war on cancer. Fortune (March 9):77-92
Frese, K. K., and D. A. Tuveson. 2007. Maximizing mouse cancer models. Nat. Rev. Cancer 7:645-658
Kerbel, R. S. 2003. Human tumor xenografts as predictive preclinical models for anticancer drug activity in humans: better than commonly perceived-but they can be improved. Cancer Biol. Ther. 2 (4 Suppl 1):S134-922
Singh, M., et al. 2010. Assessing therapeutic responses in Kras mutant cancers using genetically engineered mouse models. Nat. Biotechnol. 28:585-593
Talmadge, J. E., R. K. Singh, I. J. Fidler, and A. Raz. 2007. Murine Models to Evaluate Novel and Conventional Therapeutic Strategies for Cancer. Am. J. Pathol. 170:793-804
Peterson, J. K., and P. J. Houghton. 2004. Integrating pharmacology and in vivo cancer models in preclinical and clinical drug development. Eur. J. Cancer 40:837-844
Francia, Giulio, and Robert S. Kerbel. 2010. Raising the bar for cancer therapy models. Nat Biotech 28 (6):561-562
Johnson, J. I., et al. 2001. Relationships between drug activity in NCI preclinical in vitro and in vivo models and early clinical trials. Br J Cancer 84 (10):1424-31
Zielinska, Edyta. 2010. Building a better mouse. The Scientist 24 (4):34-38
Wade, Nicholas. 2009. New Treatment for Cancer Shows Promise in Testing. New York Times, June 29