medias-13-oct-2014
Dans son numéro de l’été 2014, Le Journal du CNRS publiait une « enquête » intitulée : « Pointée du doigt, la recherche animale reste indispensable ». C’est dire l’objectivité de l' »enquête » ! L’éditorial de ce numéro était également consacré à ce sujet. Une photo montrait l’une des actions spectaculaires organisées par International Campaigns (http://www.international-campaigns.org/stop-animaux-labos/action/), au cours desquelles des militants tiennent des pancartes dénonçant l’expérimentation animale et promouvant les méthodes alternatives. Ces actions silencieuses et solennelles se font sur des lieux très passants au centre de grandes villes de France. L' »enquête » commence par évoquer des « attaques violentes de militants extrémistes » et ne souffle mot des arguments scientifiques, avancés par des chercheurs de plus en plus nombreux, contestant l’utilité du « modèle animal » pour la recherche biomédicale et toxicologique humaines. Si ces arguments étaient mentionnés, le chapeau de l’article ne pourrait évidemment pas prétendre que la recherche animale est « souvent décriée bien que méconnue », puisque la contestation est publiée dans les mêmes revues qui publient la recherche animale (voir le British Medical Journal du 30 mai et 5 juin 2014 pour une critique, parmi les plus récentes, du « modèle animal » en recherche préclinique) !
« Autre sujet d’inquiétude pour les scientifiques, Stop Vivisection est la troisième initiative citoyenne européenne (ICE) à récolter plus d’un million de signatures. » Le chapeau disait déjà : « Le mouvement de contestation contre la recherche animale prend actuellement une ampleur inédite, au point d’inquiéter les laboratoires français. » Que ces mots sonnent doux à nos oreilles ! Ainsi, les chercheurs qui utilisent des animaux sont enfin au courant que leur travail n’est pas apprécié par la majorité des citoyens européens. D’ailleurs, parmi les chiffres cités : « 44% des Européens sont favorables aux tests sur les singes et les chiens, dans la mesure où ils permettent d’améliorer la santé. » Sauf que la recherche fondamentale ne vise pas nécessairement à améliorer la santé humaine… Quand les défenseurs de la recherche animale prendont-ils en compte une démarche démocratique comme Stop Vivisection ? « Cette pétition lancée en 2012 à l’initiative d’ONG et d’associations de défense des animaux européennes… » L’auteur de l’article semble ignorer que parmi les initiateurs de Stop Vivisection, il y a des scientifiques d’Antidote Europe et d’Equivita, qui ne sont pas des associations de défense animale mais des comités scientifiques oeuvrant pour une utilisation des meilleures méthodes de recherche au service de la santé humaine, méthodes qui excluent la recherche animale.
L' »enquête » met en avant la soi-disant prise en compte du bien-être animal, éludant une fois de plus le débat sur le bien-fondé de la recherche animale à des fins d’obtenir des données utiles pour l’homme. Aucun bémol. Ce n’est pas dans cet article que vous apprendrez, par exemple, que 9 médicaments sur 10 testés avec succès sur des animaux se révèlent trop toxiques ou inefficaces pour l’homme. Nous n’analyserons pas en détail cet article mais arrêtons-nous sur une phrase : « dans un contexte où l’on demande aux scientifiques de publier de plus en plus vite, le modèle primate est délaissé par de nombreux scientifiques, parce que les investissements et le suivi scientifique sont lourds et que ce modèle demande aux chercheurs au moins trois années de travail avant de pouvoir publier. C’est pourquoi de nombreux scientifiques se tournent vers le modèle murin (les rongeurs), parfois au détriment de la portée du résultat scientifique. » Relisez attentivement, cela se passe de commentaires.