Entretien avec l’ urgentiste Docteur Sandrine Duranton
« L’acquisition des compétences d’urgentiste ne nécessite en aucune façon le recours à des expériences sur des animaux »
Nous sommes très honorés de présenter l’interview suivante avec Docteur Sandrine Duranton, médecin urgentiste. Elle obtient son Doctorat à la Faculté de Médecine de Saint Louis à Paris en 1992 et se spécialise en tant qu’urgentiste à la Faculté de Médecine de Bobigny en 1995. Elle est titulaire d’une Capacité de Médecine de Catastrophe depuis 1996. Elle totalise 26 ans d’expérience en médecine d’urgence et de catastrophe, en France et à l’étranger et 12 ans d’expérience de chef du service de santé et de secours médical des sapeurs-pompiers du Val d’Oise.
Docteur Duranton est également récipiendaire des décorations suivantes :
• Chevalier de la Légion d’Honneur, 5 juin 2014,
• Médaille de Vermeil pour Acte de Courage et de Dévouement pour la mission « Haïti », juin 2010,
• Chevalier de l’Ordre National du Mérite, 16 mai 2008,
• Médaille de Bronze pour Acte de Courage et Dévouement pour la mission « Chine », septembre 2008.
Ci-dessous son avis personnel et professionnel sur l’expérimentation animale dans le cadre de l’enseignement médical et de la formation d’urgentiste :
Antidote Europe (AE) : Avez-vous été confrontée aux expériences sur animaux au cours
de vos études en médecine ? Si oui, comment avez-vous réagi ? Si non, pouvez-vous nous décrire les techniques pédagogiques utilisées ?
Sandrine Duranton (SD) : Je n’ai jamais été confrontée aux expériences sur animaux pendant mes études de médecine, mais j’ai le souvenir d’avoir eu au collège des travaux pratiques de biologie qui consistaient à sectionner la moelle épinière d’une grenouille à la base de la nuque avec un poinçon pour étudier l’arc réflexe au niveau de ses membres postérieurs. Nous avions une grenouille pour 2 élèves et ce sacrifice de grenouille parfaitement inutile m’a laissé un souvenir très triste et très amer. Je me suis promis à l’époque de ne jamais refaire d’expérimentation sur un animal.
En médecine, la question ne s’est jamais reposée. La pédagogie reposait sur des données validées par des études menées sur des patients humains, informés et volontaires pour participer aux études, en particulier pour tester de nouveaux traitements. Les données anatomiques nous étaient enseignées par le biais de dessins et de schémas.
L’apprentissage de techniques particulières peut se faire dans certains cas sur des cadavres humains de patients qui ont donné leur corps à la science.
AE : Après avoir obtenu votre diplôme en médecine, avez-vous été confrontée aux expériences sur animaux au cours de votre spécialisation de médecin urgentiste ?
SD : Non, je n’ai jamais été confrontée à des expériences sur animaux pendant ma formation en tant qu’urgentiste.
AE : Selon vous et de par votre expérience professionnelle, peut-on se passer d’expériences sur animaux pour obtenir les compétences requises d’urgentiste ? Pouvez-vous nous énumérer les outils et techniques pédagogiques (du genre mannequins, cadavres, simulateurs) qui rendent le recours à l’animal inutile pour pratiquer les premiers soins de secours (du genre « soins avancés de réanimation traumatologique ») ?
SD : L’acquisition des compétences d’urgentiste ne nécessite en aucune façon le recours à des expériences sur des animaux. Les progrès très importants réalisés récemment en matière de simulation sur mannequin ont été une aide précieuse en terme de formation, tant pour la formation initiale que pour la formation continue. Certains fournisseurs conçoivent également des appareils de formation, comme par exemple des défibrillateurs cardiaques. Des situations cliniques sont déjà enregistrées et permettent à l’apprenant de s’entraîner à réagir face à une situation contextualisée. Les mannequins sont devenus un outil pédagogique incontournable et les simulateurs sont de plus en plus performants pour concevoir et mimer des pathologies de plus en plus complexes, et également évolutives. Ces techniques permettent à l’apprenant de tester ses connaissances en situation quasiment réelle. Aujourd’hui, toutes les nouvelles techniques s’enseignent grâce à la simulation.