« Science plutôt qu’expérimentation animale »
« Science plutôt qu’expérimentation animale » : c‘est le titre du congrès qui vient de se tenir à Cologne avec la participation d’Antidote Europe et de certains des meilleurs scientifiques du monde opposés à l’expérimentation animale pour des raisons liées à la santé humaine. Un événement majeur dans le débat scientifique sur la validité du « modèle animal ».
Depuis plus d’un siècle, le débat sur l’expérimentation animale est présenté comme une question morale sur le droit des humains à exploiter des animaux pour la recherche scientifique. La vision globale que le grand public en a est : d’un côté des scientifiques qui disent que l’expérimentation animale est un mal nécessaire pour trouver des thérapies pour l’homme, de l’autre côté des défenseurs de la cause animale qui disent que nous n’avons pas le droit d’exploiter les animaux. Un dialogue de sourds.
Créée en 2004, Antidote Europe a entrepris de proposer une vision plus exacte de la situation au sein de la communauté scientifique dont plusieurs de nos membres font partie. L’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection (http://www.stopvivisection.eu/) nous a donné une immense caisse de résonance et nous avançons à présent de façon très positive sur plusieurs plans : information des médias, information des responsables politiques, collaboration avec de nombreuses associations.
L’idée qu’il y a une véritable controverse scientifique (et pas seulement morale) sur la validité du « modèle animal » prend de plus en plus de consistance. Lorsque la pression de l’opinion publique sera suffisamment forte, ce débat devra être organisé par les autorités en charge de la santé publique afin que ses conclusions soient prises en compte pour modifier les lois qui, aujourd’hui sans aucun fondement scientifique, imposent le recours au « modèle animal ».
Des médecins opposés aux essais sur des animaux
André Ménache, notre directeur, est entré en contact avec l’association allemande Doctors Against Animal Experiments (DAAE ; https://www.aerzte-gegen-tierversuche.de/agt-en/), c’est-à-dire Médecins opposés aux expériences sur des animaux, il y a quelques années. La collaboration entre nos deux associations s’avère très fructueuse.
En réponse à Stop Vivisection, la Commission européenne s’était engagée à organiser une conférence sur les méthodes substitutives. Etant donné que, en tant que représentant légal de Stop Vivisection, André Ménache a eu de nombreux échanges avec les fonctionnaires chargés de l’organisation de cette conférence, nous sommes bien placés pour annoncer qu’elle n’apportera aucune avancée notable dans le débat.
Heureusement, il existe des associations suffisamment importantes et compétentes pour faire le travail de la Commission ! C’est, en effet, un congrès d’envergure internationale que DAAE a organisé, avec la participation d’André Ménache. Pour les germanophones, davantage d’informations et album photos sur le site de DAAE (https://www.aerzte-gegen-tierversuche.de/de/neuigkeiten/2265-wist-kongress-wissenschaft-statt-tierversuche) et sur le site officiel du congrès : http://www.wist-kongress.de/.
« Science plutôt qu’expérimentation animale »
Ce congrès, véritable pierre angulaire de la campagne pour un débat scientifique sur la validité du « modèle animal », a eu lieu à Cologne, en Allemagne, le 15 octobre 2016. Les mois de travail pour sa préparation n’auront pas été perdus puisqu’il a permis de faire un état des lieux sur la question et de la présenter à un public majoritairement composé de scientifiques et de médecins. Près de 250 personnes étaient inscrites. Les médecins pouvaient inclure ce congrès dans le programme de leur formation continue. Il s’est déroulé au prestigieux hôtel Maternushaus (www.maternushaus.de).
Une courte présentation de certains des intervenants est disponible sur une vidéo d’environ 5 minutes :
Le premier thème était : « Quelle est la validité de la recherche animale ? »
La première conférence était présentée par Andrew Knight, vétérinaire que nos lecteurs connaissent bien (https://antidote-europe.eu/andrew-knight-enseignement-medecine-veterinaire/), et avait pour titre : « Les revues systématiques d’expériences sur des animaux démontrent une faible contribution à la thérapie humaine ». La conférence, donnée en anglais, dure environ 30 minutes:
La deuxième conférence était présentée par Hakan Sentürk, médecin et rédacteur en chef du Journal turc de gastroentérologie, que nos lecteurs connaissent aussi (https://antidote-europe.eu/revues-pour-science-responsable/), et avait pour titre : « Les expériences sur des animaux en gastroentérologie : y a-t-il des applications significatives pour l’homme ? ». La conférence, donnée en anglais, dure environ 30 minutes:
La troisième conférence était présentée par Aysha Akhtar, médecin et neurobiologiste dont nous vous avons présenté un très édifiant article (https://antidote-europe.eu/aysha-akhtar-recherche-animale/), et avait pour titre : « Dans quelle mesure les expériences sur des animaux sont-elles fiables et prédictives des réponses humaines ? ». La conférence, donnée en anglais, dure environ 30 minutes:
La quatrième conférence était présentée par Thomas Hartung, médecin et professeur de pharmacologie et de toxicologie, et avait pour titre : « L’homme n’est pas un rat de 70 kilos ; questions sur la validité des essais sur des animaux en toxicologie ». Le professeur Hartung est bien l’auteur de cette phrase –« Nous ne sommes pas des rats de 70 kilos »-, que nous avons illustrée et popularisée sur nos dépliants et autres publications. Il l’énonçait il y a plus de dix ans, dénonçant ainsi « la mauvaise science » fondée sur les résultats de la recherche animale. Sa conférence, donnée en allemand, dure environ 40 minutes:
La cinquième conférence était présentée par Mardas Daneshian, biologiste, et avait pour sujet les méthodes dites « alternatives » à l’expérimentation animale, en fait les méthodes réellement fiables pour obtenir des données pertinentes pour l’homme. La conférence, donnée en anglais, dure environ 15 minutes:
Le second thème était : « La solution : la recherche basée sur l’homme ».
La sixième conférence était présentée par Anne Beuter, professeure de neuroscience et conseillère scientifique d’Antidote Europe que nos lecteurs connaissent évidemment (https://antidote-europe.eu/parkinson-nouvelle-therapie/ et des articles publiés dans La Notice d’Antidote), et avait pour titre : « Directions futures pour le traitement de maladies neurologiques ». La conférence, donnée en anglais, dure environ 30 minutes:
La septième conférence était présentée par Tobias Hasenberg, ingénieur en biotechnologies, et avait pour titre : « La puce multi-organes, un système de microphysiologie pour les essais de substances chimiques et son utilisation pour l’homme et pour la souris ». La conférence, donnée en allemand, dure environ 30 minutes
Venait ensuite une table ronde avec la participation d’André Ménache, pour poursuivre la discussion entre plusieurs scientifiques et répondre aux questions du public. L’enregistrement de cette discussion dure environ 45 minutes:
Une importante médiatisation
Bien qu’il y ait eu, par le passé, de nombreux congrès sur les méthodes « alternatives », celui-ci est, à notre connaissance, le premier congrès à poser cette question fondamentale : le « modèle animal » est-il fiable pour l’homme ? Les chercheurs et médecins qui se sont exprimés ont tous une carrière internationale et des connaissances non seulement scientifiques mais aussi dans la règlementation qui tolère ou impose les essais sur des animaux.
Plusieurs journalistes étaient présents et l’événement a donné lieu à de nombreux articles dans les médias allemands.
Comme le rappelait André Ménache lors de l’audition de Stop Vivisection au Parlement européen, notre défi majeur n’est pas la démonstration scientifique de l’inadéquation de la recherche animale pour développer des thérapies efficaces pour l’homme. Cette démonstration est déjà faite et ce congrès l’a réaffirmée. Notre défi majeur est la communication de cette vérité scientifique à un public non biologiste. Ce congrès restera dans l’historique de cette cause comme une pièce majeure dans la vulgarisation de la controverse scientifique sur le « modèle animal ».