Deuxième Congrès sur la science sans animaux
Le 27 octobre 2018 avait lieu, à Cologne, le Deuxième Congrès international “Science plutôt qu’expérimentation animale”. Nous vous avions parlé du premier, en octobre 2016, qui avait réuni près de 250 personnes, pour moitié, des médecins qui pouvaient inclure ce congrès dans leur formation continue. Environ 220 personnes ont participé cette année.
L’importance de cet événement tient au fait que les conférenciers n’hésitent pas à mettre en question la fiabilité du modèle animal. Ce n’est pas une simple présentation de méthodes alternatives dans le cadre purement éthique des 3Rs.
Comme la première fois, André Ménache a contribué à l’organisation de cette action majeure de l’association allemande DAAE (Aertze Gegen Tierversuche, Médecins contre l’expérimentation animale). Notre conseiller scientifique était aussi, cette fois, invité d’honneur. Il a participé aux échanges avec le public et renforcé les relations professionnelles avec les conférenciers.
Cette deuxième édition du Congrès a été centrée sur l’utilisation (ou non !) d’animaux en neurosciences. Sujet bien trop vaste pour en aborder tous les aspects mais dont certains des derniers développements sont remarquablement bien expliqués. Les plus scientifiques et motivés d’entre vous, forcément anglophones et germanophones, en apprendront davantage sur https://www.wist-kongress.de/.
La première conférence était donnée par Jarrod Bailey, docteur en sciences avec lequel nous sommes en contact depuis la création d’Antidote Europe. Le titre de sa conférence se passe d’explications : “Les primates non humains dans la recherche en neurosciences : le dossier contre leur nécessité scientifique”.
Venait ensuite le Professeur Huub Schellekens, de l’Université d’Utrecht : “Sur les souris et la mauvaise science : échec de la construction de la maladie d’Alzheimer en tant que maladie susceptible d’être traitée par des médicaments”. Nous ne traduisons que quelques phrases du résumé de cette conférence mais, si vous avez internet, n’hésitez pas à le lire en entier sur https://www. wist-kongress.de/referenten/28#schelleckens. “Les progrès dans la découverte de traitements pour la maladie d’Alzheimer ont été lents. Les 400 essais cliniques menés entre 2002 et 2012 ont abouti à une seule autorisation de mise sur le marché, pour un médicament peu efficace. Depuis 2012, il n’y a eu que des annonces d’échecs d’essais cliniques, tous basés sur l’hypothèse amyloïde. Elle explique la maladie d’Alzheimer comme étant causée par l’accumulation de la protéine bêta-amyloïde formant des plaques dans le cerveau. Alzheimer est un bon exemple de la recherche animale n’aidant pas à résoudre les problèmes mais les compliquant.”
Ann Lam, docteur en sciences, s’est donné pour but de “démontrer comment des approches nouvelles basées sur l’homme apparaissent déjà comme supérieures à l’expérimentation animale sur le plan éthique et scientifique”. Elle a présenté trois approches et leurs applications à l’épilepsie et aux démences (https://www.wist- kongress.de/referenten/24#lam).
Le nom du conférencier suivant sera connu de nos lecteurs : le Professeur Thomas Hartung, de l’Université de Constance, auteur de la célèbre phrase “Nous ne sommes pas des rats de 70 kilos !” Sa conférence avait pour titre : “L’étude des maladies neurologiques sur des mini-cerveaux cultivés en laboratoire” (https://www.wist-kongress.de/referenten/23#hartung). Que ceux qui seraient tentés de sourire lisent plutôt : “La création de “mini-cerveaux” humains à partir de cellules souches pourrait s’avérer déterminante dans l’effort pour étudier les maladies neurologiques et réduire les essais sur des animaux. Nous avons récemment décrit le premier modèle standardisé en taille et en composition, permettant ainsi l’évaluation des substances. Former ces mini-cerveaux à partir des cellules d’un patient permet, pour la première fois, d’étudier la sensibilité individuelle aux substances toxiques. Cette nouvelle approche peut encore être développée en chargeant les mini-organes sur des puces. Ceci permet non seulement de faire des essais de toxicité mais aussi de modéliser plusieurs maladies. Les mini-cerveaux sont les outils les plus prometteurs pour étudier l’infection du cerveau humain (au cours de son développement) par les virus Zika, HIV, JC ou le paludisme. Des études en cours permettent d’évaluer, par exemple, les dommages au développement du cerveau causés par les gènes et les substances chimiques associés à l’autisme. Des travaux collaboratifs sur les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, la sclérose latérale amyotrophique, la sclérose en plaques, les traumatismes, les AVC et le cancer du cerveau sont à l’étude.”
Le rôle des mini-cerveaux dans la recherche sur la maladie de Parkinson était le thème de la conférence suivante, donnée par Katja Merschbächer, de l’Université de la Sarre.
Toutes les conférences de l’édition 2016 peuvent être visionnées sur https://www.wist-kongress.de/rueckblick. Un site à surveiller de près pour y regarder celles de cette année, qui seront mises en ligne dès que les enregistrements auront été correctement formatés.