16 septembre 2021, le Parlement européen adopte une résolution
Le 16 septembre 2021, le Parlement européen adoptait une résolution « sur les plans et mesures visant à accélérer le passage à une innovation sans recours aux animaux dans la recherche, les essais réglementaires et l’enseignement« . Dans la longue liste des événements et antécédents qui ont motivé cette résolution, figurent l’interdiction de l’expérimentation animale pour tester les cosmétiques, certaines communications de la Commission européenne sur la recherche -notamment pharmaceutique-, « les principales conclusions des dialogues avec les citoyens et des consultations des citoyens« , et, particulièrement important pour nous, « la communication de la Commission du 3 juin 2015 sur l’initiative citoyenne européenne « Stop Vivisection »« . Antidote Europe a été l’une des principales associations organisatrices de cette initiative citoyenne européenne et, bien qu’à l’époque nos arguments n’avaient été ni entendus ni même correctement écoutés lors d’une audition de plus de trois heures au cours de laquelle la parole ne nous avait été accordée que pendant une courte demie heure, nous sommes heureux de voir que le formidable effort que nous avions fourni a laissé des traces. L’opinion des citoyens européens compte pour beaucoup dans la décision du Parlement d’adopter cette résolution. Une opinion que, tout au long des dix-sept années d’existence d’Antidote Europe, nous n’avons cessé de conforter, ajoutant au débat éthique, une solide argumentation scientifique démontrant l’inutilité des expériences sur des animaux.
Parmi les « considérant », le Parlement européen fait valoir que le nombre total d’animaux utilisés a peu évolué depuis l’entrée en vigueur de la directive 2010/63/UE qui est censée les protéger, que la transparence fait toujours défaut, qu’il y a de plus en plus de modèles d’expérimentation ne recourant pas aux animaux (dont ceux répertoriés par le Centre commun de recherche dans sept domaines pathologiques), que des obstacles bureaucratiques s’opposent à l’acceptation de ces méthodes, ou encore, que dans le domaine des cosmétiques la décision de fixer des délais clairs pour une élimination progressive des tests a stimulé l’innovation dans les entreprises et bénéficie du soutien de l’opinion publique.
Par cette résolution, le Parlement européen invite la Commission à « améliorer la coordination afin de réaliser l’objectif fixé dans la directive 2010/63/UE« . Il estime qu’il « convient d’établir un calendrier et une liste d’étapes clairs et ambitieux« . Parmi les moyens proposés pour atteindre le but, il y aurait un « financement préférentiel de méthodes n’ayant pas recours aux animaux« , ainsi que « éduquer, former et reconvertir les scientifiques, les chercheurs et les techniciens pour l’utilisation de modèles avancés ne recourant pas aux animaux« . Le Parlement conseille aussi d’améliorer la formation de sorte que « les autorités compétentes soient le plus au fait possible des méthodes et des processus alternatifs« , reconnaît le rôle des universités dans la « diffusion des nouvelles connaissances et pratiques qui sont disponibles, mais qui ne sont pas toujours largement utilisées » et appelle à des collaborations internationales.
Ne crions pas victoire trop vite car le texte de cette résolution, dans la droite ligne du principe des 3Rs (remplacer, réduire, refine -en français, améliorer- les protocoles d’expériences sur des animaux), attribue un rôle important aux découvertes ayant été faites sur l’animal et prétend qu’il ne serait pas encore possible de supprimer complètement l’expérimentation animale. Saluons tout de même cette initiative du Parlement européen qui appelle la Commission à prendre en compte à la fois les préoccupations des citoyens et les progrès de plus en plus rapides des concepts et techniques scientifiques. Oui, il serait grand temps que les responsables de nos lois ne se fondent plus sur une pratique généralisée il n’y a pas loin de deux cents ans et reconnaissent le bien-fondé des méthodes disponibles en ce 21ème siècle.
Le texte adopté est disponible ici.