Corstim : le vent en poupe !
Corstim : le vent en poupe !
À l’automne 2019, nous annoncions notre soutien à Corstim, une entreprise vouée à la recherche pour améliorer la qualité de vie de personnes souffrant de troubles du langage suite à un accident vasculaire cérébral (AVC). Qu’est-ce qui a motivé notre implication ? La démarche courageuse et véritablement scientifique d’Anne Beuter, professeure de neurosciences émérite et directrice générale et scientifique de Corstim, qui réussit à éviter la sacro-sainte « preuve du concept sur l’animal ».
Petit rappel
Dans les précédents numéros d’Agissons ! ainsi que sur notre site, vous trouverez plusieurs articles présentant le début de cette collaboration et les détails scientifiques qu’il serait trop long d’expliquer à nouveau. En résumé, le travail de Corstim consiste à cartographier la dynamique des ondes électriques circulant dans le cortex cérébral chez des sujets sains et chez des patients, identifier la signature d’un désordre cérébral en particulier, construire un modèle mathématique de ces dynamiques et, enfin, délivrer un programme de stimulations personnalisées pour corriger le désordre.
Plusieurs désordres peuvent apparaître après un AVC mais l’équipe de Corstim se focalise sur l’aphasie, un trouble de la connectivité cérébrale qui affecte la capacité de parler ou de comprendre le langage écrit ou oral. Pour délivrer les stimulations appropriées au bon endroit du cortex cérébral, Corstim utilise des électrodes posées sur la tête du patient, de façon indolore et ne nécessitant pas d’opération chirurgicale. Cette approche se distingue de la pose d’électrodes à l’intérieur du cerveau, très invasive, développée à la fin du XXe siècle, notamment pour traiter la maladie de Parkinson… et largement expérimentée sur des animaux !
Grands progrès
En collaboration avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’Institut Max Planck (Allemagne), l’Université de Bordeaux, l’Université Ioannina (Grèce) et d’autres prestigieux centres de recherche, Corstim a déjà complété les études de cartographie chez les sujets sains et chez les patients, puis les essais de stimulation chez les sujets sains, ces derniers non dans un but thérapeutique, bien sûr, mais visant à établir la sécurité de la méthode. Depuis notre dernier article, les essais de stimulation chez des patients ont commencé ! Ils sont prévus pour durer jusqu’en mars 2023.
La contribution de ces travaux à la science est substantielle. Pas moins de sept articles scientifiques ont été publiés et trois autres sont en attente d’examen par des comités de lecture ou de publication par des périodiques prestigieux. Alors que les techniques de stimulation de l’activité cérébrale existent depuis plusieurs décennies, l’apport fondamental d’Anne Beuter et son équipe consiste à utiliser l’intelligence artificielle pour stimuler non avec un dispositif automatique qui délivre toujours la même stimulation mais de façon personnalisée. En effet, le dispositif mis au point par Corstim mesure l’activité cérébrale, calcule le besoin du patient et délivre une stimulation adaptée.
Gagnant-gagnant
Un tel projet requiert l’emploi de chercheurs de très haut niveau, du matériel de pointe, des contrats avec des équipes hospitalières et de nombreuses démarches administratives. Tout ceci a un coût. Pour convaincre les investisseurs, la technologie se devait d’être protégée par brevet. Corstim progresse là aussi. Deux brevets ont été accordés dans plusieurs pays, une demande de brevet est en cours d’examen à l’Office européen et une quatrième demande est en cours de finalisation.
Expliquer la position de Corstim à ses partenaires nécessite de faire de la pédagogie. L’entreprise a réussi à trouver une méthode de stimulation qui est validée, sécuritaire et non invasive. Elle saisit toutes les occasions pour affirmer son choix de ne pas faire d’expériences sur des animaux puisque l’approche développée peut être utilisée sur la personne humaine sous certaines conditions. Affirmation soulignée par la publication d’un article rédigé par Antidote Europe sur le site (rubrique « Blog ») de Corstim, que nous vous invitons à découvrir : https://www.corstim.com/.
Aux 15.000 euros que nous avons pu apporter depuis le début de notre collaboration en 2019, nous ne pouvons pas ajouter de nouveau soutien cette année. Se trouverait-il un mécène parmi nos lecteurs ou leurs connaissances ? Plus le succès de Corstim sera éclatant, plus l’affirmation que la recherche biomédicale sans animaux est non seulement possible mais souhaitable se fera un chemin parmi les scientifiques, le grand public et jusqu’à, nous l’espérons, les responsables de la réglementation en capacité de déclarer obsolètes et inutiles les essais sur des animaux.
Copyright de l’image d’illustration : « Malo Renaud D’Ambra« .
Légende : Expérience réalisée par Corstim pour cartographier les zones du cerveau humain impliquées dans le langage : tandis qu’un sujet nomme les objets dont l’image lui est présentée sur un écran, des électrodes posées à la surface du cuir chevelu enregistrent les ondes qui circulent dans le cortex cérébral.