Antidote à l’Industrie
Reçue la semaine dernière par deux représentants du ministère de l’Industrie, Antidote Europe a communiqué les résultats de sa récente étude de la toxicité de 28 substances chimiques. Cette étude mettait en oeuvre une approche nouvelle de la toxicogénomique, une méthode fiable, plus rapide et moins coûteuse que les tests actuels.
Alors que la future réglementation REACH prévoit de faire tester des dizaines de milliers de substances, les industriels se heurteront à l’impossibilité pratique de procéder aux tests courants dans des délais raisonnables, ne serait-ce que parce que certains s’étalent sur plusieurs mois, rythme bien plus lent que celui de l’apparition des nouvelles substances. Mais l’inconvénient majeur de ces tests est qu’ils se font, pour la plupart, sur des animaux. Les résultats n’étant pas forcément transposables aux humains, tester les substances par ces méthodes réduirait REACH à un simple coup d’épée dans l’eau.
Un Institut national de toxicogénomique a déjà vu le jour aux Etats-Unis où cette technique bénéficie d’investissements massifs, qui aboutiront sans aucun doute à des brevets par lesquels l’Europe devra passer si elle ne profite pas des compétences présentes sur son propre territoire.
Les deux représentants du ministère de l’Industrie ont reconnu l’intérêt de la toxicogénomique (admise par le vote du Parlement européen sur REACH le 17 novembre dernier) et les avantages économiques considérables de l’approche que propose Antidote Europe, approche qui rendrait faisables et fiables les tests requis pour REACH. Plusieurs pistes ont été évoquées pour la promouvoir, de la création d’un Centre européen de toxicogénomique (dont le coût serait très vite amorti par les économies sur les budgets de santé) à l’implication de groupes industriels privés, en passant par le développement d’un laboratoire pilote en France.
Antidote Europe est prête à apporter son expertise et les représentants du ministère ont proposé de faciliter les contacts avec de possibles partenaires privés ou publics.
Antidote Europe est une association à but non lucratif créée par des chercheurs issus du CNRS. Les tests de toxicogénomique ont été réalisés par des laboratoires privés allemands créés par des chercheurs issus de l’Institut Max Planck.