Lettre à M. Hervé Gaymard, ministre de l’Industrie
Antidote Europe a envoyé la lettre ci-dessous à M. Hervé Gaymard. Antidote Europe est une association créée par des chercheurs d’envergure internationale pour proposer une méthode fiable d’évaluation de la toxicité des substances chimiques. Cette évaluation se fait actuellement par des méthodes archaïques et non efficaces ; elle permet la circulation de nombreuses substances dangereuses et serait ainsi responsable de la recrudescence de diverses maladies, en particulier le cancer.
Vous pouvez en savoir plus sur notre site : antidote-europe.org ou en nous demandant un exemplaire de notre revue trimestrielle. Nous vous l’enverrons avec plaisir si vous nous communiquez votre adresse postale.
Monsieur le ministre,
Dans le courant de l’année 2005, des décisions au sujet du projet REACH. La Commission européenne avait d’abord proposé de tester 100.000 substances chimiques, puis 30.000, puis 10.000 et les industriels refusent toujours d’assumer le coût de ces tests.
Or, le coût de ne pas tester de façon fiable les substances qu’ils produisent peut être bien plus élevé. Vous n’ignorez pas que Bayer a subi de très lourdes pertes financières suite au retrait du marché de la cérivastatine, ni que Merck risque de subir le même sort suite à la catastrophe du Vioxx. Des produits chimiques non médicamenteux et très toxiques sont présents dans notre environnement, dans nos habitations et jusque dans notre sang ! Une étude publiée dans The Lancet le 19 juin 2004 mettait en évidence l’incidence de cette pollution sur la mortalité des enfants et des adolescents en Europe. Il est, par ailleurs, reconnu que cette même pollution est responsable de la plupart des cas de cancer, qui ne cessent d’augmenter, encore plus en France que dans d’autres pays européens. Jusqu’à quand l’image des industriels de la chimie résistera-t-elle, image qui garantit la confiance de leurs client et, donc, leur chiffre d’affaires ?
Ne serait-il pas plus sage, pour ces industriels, d’adopter des méthodes fiables d’évaluation de la toxicité de leurs produits ? Ces méthodes existent, elles fournissent des résultats rapidement et sont bien moins coûteuses que les tests actuels basés sur l’expérimentation animale. Vous trouverez ci-joint le premier numéro de notre revue trimestrielle, dans lequel nous proposons un Programme de toxicologie scientifique qui pourrait être mis en place dès maintenant.
Nous comptons sur vous pour montrer aux industriels que ce Programme, en leur permettant d’arrêter la production d’une molécule dangereuse à un stade très précoce, de fournir des preuves incontestables de l’innocuité de leurs produits et d’identifier celles de leurs substances les plus toxiques pour cesser de les déverser dans l’environnement, les doterait d’un moyen d’augmenter leur compétitivité et irait dans le sens d’une plus grande pérennité de leurs firmes, lesquelles feraient ainsi la preuve de leur responsabilité.
Nous comptons également sur vous pour défendre ce Programme dans le cadre du projet REACH afin que ce projet ne soit pas considéré comme de la poudre aux yeux, vidé de sa substance, mais, au contraire, se donne réellement les moyens d’atteindre ses objectifs de sécurité sanitaire et environnementale sans nuire aux intérêts des industriels.
Nous sommes, bien sûr, à votre disposition pour toute information complémentaire.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le ministre, nos meilleurs voeux pour 2005 et nos bien cordiales salutations.
Claude Reiss
Président.