Un adversaire en fuite ?
Le mardi 3 mai 2016 à 19h, André Ménache était à l’Université Libre de Bruxelles pour donner une conférence intitulée : « Quelles alternatives à l’expérimentation animale ? ». Devant une bonne centaine de personnes, il a expliqué pour quelles raisons utiliser des données obtenues sur des animaux peut être dangereux pour l’homme et quelles méthodes sont disponibles pour obtenir des données fiables pour nous.
Son exposé a duré environ une heure, l’heure suivante étant consacrée aux questions-réponses avec le public. Au cours de ces échanges, un chercheur de l’Université a exprimé des points de vue critiques de nos arguments et a affirmé qu’expérimenter sur des animaux, notamment sur des chiens et des cochons, était toujours nécessaire dans le cadre des programmes de recherche engagés au sein de l’Université.
Notre directeur l’a invité à participer à un débat scientifique qui pourrait être publié dans une publication de l’Université ou dans une revue scientifique reconnue. Sur le moment, devant le public surtout composé d’étudiants, ce chercheur a fini par accepter de donner son adresse électronique afin que nous puissions le joindre en vue de l’organisation du débat.
Nous n’avons pas manqué de le prendre au mot et André Ménache l’a effectivement contacté après que le Cercle antispéciste, organisateur de la conférence du 3 mai, ait proposé de contacter un journal publié par l’Université, susceptible de publier le débat : une page en faveur de l’expérimentation animale, une page en opposition à l’expérimentation animale, chacune strictement limitée à des arguments scientifiques.
« Après réflexion et discussion avec des collègues je suis au regret de vous informer qu’il ne me sera pas possible de débattre avec vous ou d’écrire un texte sur l’expérimentation animale », a répondu le chercheur. Sur sa page facebook, le Cercle Antispéciste « ne cache pas sa déception face à l’annulation de ce débat qui aurait pu faire avancer la réflexion » (https://www.facebook.com/CercleAntispecisteULB/).
Antidote Europe, de son côté, s’interroge : manque d’arguments ou manque de courage ? « J’ai été heureux de participer à votre conférence : j’ai toujours apprécié d’entendre un homme de convictions exposer son sujet », ajoute le chercheur. « De convictions » ? Ce ne sont pas des convictions que nous exposons lors de nos conférences mais des faits et des données étayant des arguments scientifiques qui démontrent que les données obtenues lors d’expériences faites sur des animaux ne sont pas fiables pour l’homme.
Dans sa réponse à l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection, la Commission européenne elle-même a éludé le débat. Des établissements de recherche publics français ont aussi refusé de confronter leurs arguments aux nôtres, au cours d’un débat scientifique que nous réclamons depuis des années. Le refus de ce chercheur n’est donc jamais que le énième que nous recevons. Loin de nous décourager, il renforce au contraire notre position et devrait faire naître des interrogations dans l’esprit du public et dans celui des responsables politiques sur la prétendue nécessité d’avoir recours à l’expérimentation animale.