Les Européens demandent l’évaluation fiable de la toxicité des substances chimiques
Antidote Europe, soutenue par plusieurs associations agissant dans des domaines différents, dans différents pays européens, a écrit aux présidents de la Commission et du Parlement européens pour les informer sur l’existence du Programme de toxicologie scientifique et demander l’abandon des tests de toxicologie sur les animaux, dans le cadre du projet REACH.
Dans le cadre du projet REACH, plusieurs associations ont écrit à la Commission et au Parlement européens (MM Juan Manuel Barroso et Josep Borrell Fontelles) pour que l’expérimentation animale soit abandonnée au profit de méthodes fiables d‘évaluation de la toxicité des produits chimiques (voir copie de la lettre ci-dessous).
Antidote Europe, qui coordonne cette action, a été créée par des chercheurs issus duCNRS et propose un Programme de toxicologie scientifique (PTS) faisant appel à la culture de cellules humaines, à la génomique (toxicogénomique) et aux puces à ADN. L’efficacité du PTS a été prouvée en laboratoire.
Le PTS permet de concilier tous les intérêts en présence : rapidité (un an pour tester 30 000 substances au lieu des dix ans prévus par la CE en utilisant des animaux), faible coût (100 fois moindre qu’avec les animaux), pas d’animaux sacrifiés, encouragement de techniques innovantes en Europe (la génomique et les puces à ADN sont en plein essor et de nombreux projets voient le jour aux Etats-Unis) et, surtout, fiabilité des résultats concernant la toxicité des substances pour les humains.
Plusieurs associations, dans différents pays d’Europe, se consacrant à des domaines différents, ont signé la même lettre, preuve que des millions de citoyens se sentent concernés et espèrent que les institutions européennes voudront réellement prendre des mesures pour protéger la santé humaine. Il est à présent reconnu que la pollution chimique est responsable de la progression fulgurante du cancer, des allergies, de maladies neurodégénératives comme celles d’Alzheimer ou de Parkinson, de la baisse de la fertilité masculine. REACH est donc une urgence mais à condition que les méthodes retenues pour évaluer la toxicité des substances soient fiables. Si l’on se réfère à l’expérimentation animale qui permet d’absoudre nombre de substances dangereuses, l’effet de REACH pourrait être contraire à celui souhaité puisque des substances pourraient être autorisées (non toxiques pour les animaux) alors qu’elles seraient dangereuses pour nous.
Signataires de la lettre aux autorités européennes :
- Alliance pour le Respect et la Protection des Animaux (France)
- Animal Aid (protection animale, Angleterre)
- Antidote Europe (comité scientifique, France)
- Equivita (comité scientifique, Italie)
- H-50 (avocats pour la protection de l’environnement et de la santé, France)
- Europe Ecologie (protection de l’environnement, France)
- Europeans for Medical Progress (“EMP”, protection de la santé, Angleterre)
- Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures (“MDRGF”, protection de la santé et de l’environnement, France)
- One Voice (protection animale, France)
- Suppression des Expériences sur l’Animal vivant (“SEA”, Belgique)
- Union Belge pour l’Abolition de l’Expérimentation sur l’Animal Vivant, la Protection de la Nature et de l’Environnement (“UBAEAV”, Belgique)
- Vers un Monde Meilleur (protection animale, France)
- Sénateur honoraire Roland Gillet (Belgique)
Monsieur le Président,
Le Parlement, le Conseil et la Commission que vous présidez auront bientôt à se prononcer sur le projet REACH et ses éventuels amendements. Au moment où nombre de chercheurs, médecins et responsables de santé publique sortent de leur réserve pour nous informer de l’augmentation, exponentielle depuis un demi-siècle, des cancers ou des maladies neurologiques, corrélée avec l’augmentation constante de la quantité de substances chimiques autour de nous, l’occasion vous est donnée de montrer aux citoyens européens que vous envisagez de prendre réellement en compte leur santé.
En effet, des individus de plus en plus jeunes sont atteints de maladies autrefois rares et qui affectaient surtout les personnes âgées. Par exemple, la mortalité par cancer du cerveau en France a été multipliée par 14 parmi les sujets âgés de 35 à 39 ans, entre 1945 et 1995 ; de plus en plus de garçons naissent avec des malformations génitales ; la maladie de Parkinson affecte des jeunes à partir de 30 ans ; asthme, allergies, autisme augmentent de façon exponentielle ; etc. Des spécialistes de médecine prénatale font état de la présence systématique de nombreux produits chimiques dans le cordon ombilical de nouveau-nés, une enquête de Greenpeace a montré que l’air intérieur des habitations contient de nombreuses substances chimiques toxiques et une enquête du WWF a montré que notre sang contient des dizaines de ces substances. Il y a une indiscutable relation de cause à effet entre la présence de ces substances dans l’environnement et la dégradation de la santé dans l’Union Européenne.
Nous saluons donc l’adoption du projet REACH mais à condition que les méthodes d‘évaluation de la toxicité qu’il préconise soient fiables. Sinon, vous en conviendrez, REACH n’aurait aucun intérêt. Or, la méthode d‘évaluation proposée parREACH repose surtout sur l’expérimentation animale. L’exemple des médicaments donne une preuve éclatante de l’incapacité de cette méthode à identifier les risques pour l’homme. En effet, bien que, par obligation légale, tous les médicaments aient été longuement testés sur des animaux, leurs effets secondaires représentent la quatrième cause de mortalité humaine dans les pays développés.
Aujourd’hui, des méthodes pour l‘évaluation fiable de la toxicité d’une substance pour l’homme existent. Antidote Europe propose un Programme de toxicologie scientifique (PTS) opérant sur des cellules humaines en culture et fondé sur des méthodes fines développées au cours de la dernière décennie, en particulier la génomique et les puces à ADN. La démonstration de l’efficacité du PTS sera portée à la connaissance de la presse très prochainement. Le PTS permettrait d‘évaluer 30 000 ou 100 000 substances en un à trois ans, pour un coût cent fois moindre qu’avec l’expérimentation animale. Les performances du PTS concilient donc au mieux les intérêts des industriels, des écologistes, des défenseurs des animaux et surtout des défenseurs de la santé humaine.
Le PTS résulte de plus de 15 ans de recherches de la part de spécialistes réputés des 5 continents. Les chercheurs d’Antidote Europe ont organisé deux Ateliers européens de toxicologie moléculaire (en 1996 et 1999) auxquels ont participé des toxicologues de réputation internationale à la pointe des progrès dans ce domaine. Tous ont une longue expérience de recherche dans des organismes publics. Ils collaborent avec des entreprises européennes qui, d’ores et déjà , ont intégré les progrès techniques récents et proposent des tests de toxicologie sur cellules humaines en culture.
D’autres initiatives dans la même direction ont vu le jour ailleurs, par exemple aux Etats-Unis par l’EPA (Environmental Protection Agency,http://dels.nas.edu/emergingissues/meet8.asp ), ou le NTP (National Toxicology Program, http://ntp.niehs.nih.gov,lien “NTP Vision & Roadmap”). La Commission européenne préfèrerait-t-elle ignorer ces progrès décisifs, laisser d’autres états prendre l’initiative de les adopter et de les breveter, pénaliser les entreprises innovantes et pérenniser des pratiques d’un autre âge, aisément falsifiables, qui compromettent notre santé ?
Il est bien connu que les expériences sur les animaux peuvent facilement être conçues de façon à obtenir un résultat décidé d’avance : par exemple, en évaluant une substance sur des souris de lignée C3H vous montrerez qu’elle est très cancérigène mais en évaluant la même substance sur des souris de lignée C57B1, vous montrerez qu’elle est peu cancérigène. Une aubaine pour les industriels peu scrupuleux qui pourront, “preuves” à l’appui, déclarer leurs produits peu toxiques et les commercialiser !
En fonction des méthodes d‘évaluation qui seront retenues pour REACH, les citoyens européens comprendront donc si on souhaite réellement mieux protéger leur santé et celle des générations à venir ou si on préfère continuer à laisser vendre des produits dangereux comme c’est actuellement le cas.
De nombreuses associations dans différents pays, défendant des intérêts divers (santé, consommateurs, environnement, animaux, etc.), représentant des millions de citoyens européens comprennent et approuvent le Programme de toxicologie scientifique et demandent que ce Programme (ou une technique présentant la même fiabilité) soit adopté, dans le cadre du projet REACH, en tant que méthode d‘évaluation de la toxicité des produits chimiques.
Les chercheurs d’Antidote Europe sont à votre disposition pour toute information complémentaire sur le PTS, et pour aider les instances européennes à implémenter au plus vite ce Programme.
Nous vous serons reconnaissants pour toutes initiatives visant à respecter le droit à la santé des enfants et des générations futures, qui risquent de ne jamais connaître d’environnement exempt de pollution chimique.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, nos très respectueuses salutations.