Journée mondiale des animaux dans les laboratoires
Comme tous les ans, le 24 avril a été consacré aux animaux dans les laboratoires. Antidote Europe a été sollicitée pour participer à deux actions centrées sur l’utilisation de singes. Ces événements ont eu lieu non le 24 avril, qui tombait un jeudi, mais le samedi 26 avril de façon à toucher un public plus nombreux.
Angela Tandura à Paris
Angela Tandura, trésorière et responsable de l’antenne francilienne d’Antidote Europe, était place Edmond Michelet, près du Centre Pompidou, à Paris, de 14h30 à 16h, sur invitation de l’association One Voice.
L’événement avait pour titre « One Voice Paris IDF – Je suis la voix des animaux » et dénonçait le projet de construction d’un centre national de primatologie sur l’actuel site de la station de primatologie du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), à Rousset, près de Marseille. Tandis que les militants invoquent la nécessité de réduire l’expérimentation animale, le CNRS affirme que l’utilisation de primates serait toujours nécessaire dans certains domaines de recherche en attendant des alternatives.
Près de quatre-vingt militants étaient mobilisés pour animer des scènes mimant des expériences, témoigner sur l’efficacité des méthodes alternatives, tenir des panneaux, distribuer des tracts, collecter des signatures sur des pétitions et répondre aux questions du public. Angela Tandura a lu un texte que nous reproduisons ici en italique.
Cette année nous nous focalisons sur les primates utilisés à des fins scientifiques en France et dans le monde entier.
Si les grands singes tels les chimpanzés ne sont plus utilisés pour la recherche scientifique ou pour tester des médicaments ou vaccins, ce sont malheureusement les singes macaques qui sont toujours utilisés. Ces singes sont actuellement en voie de disparition dans la nature à cause de la demande insatiable des chercheurs.
Petit rappel historique. L’Inde a exporté des macaques vers l’Amérique du Nord et l’Europe au 20e siècle. Les exportations ont commencé à chuter de 50.000 à 30.000 singes par an en 1975, puis de 30.000 à 12.000 par an jusqu’à l’interdiction en 1978. Aujourd’hui, l’île Maurice et quelques pays asiatiques sont devenus les principaux fournisseurs et des milliers de singes sont envoyés chaque année vers les laboratoires européens.
Malgré l’existence d’élevages de macaques en captivité, on continue à les capturer dans la nature pour éviter la consanguinité dans les élevages.
Même si le grand public n’est pas au courant de ces faits, il est évident que la société civile accepte de moins en moins l’utilisation des primates dans la recherche scientifique, principalement pour des raisons éthiques.
L’opinion publique pèse de plus en plus sur les gouvernements et sur les chercheurs, prêts à faire tout et n’importe quoi pour maintenir des singes dans les laboratoires au lieu de les laisser vivre en paix dans la nature.
Récemment, l’Union européenne avec d’autres partenaires, a investi 17 millions d’euros pour étudier la possibilité de remplacer l’utilisation des singes par des mini-porcs dans le cadre des tests des médicaments à usage humain. Vous avez bien entendu : des mini-porcs à la place des singes pour tester nos médicaments ! Antidote Europe a protesté auprès des institutions concernées contre le fait d’allouer 17 millions d’euros à ce projet au lieu d’investir cet argent dans la mise en œuvre de méthodes sans animaux disponibles et ayant déjà fait leurs preuves sur le plan scientifique, telles les organes sur puce.
Nous devons tous unir nos forces pour exiger une mission d’information parlementaire au sujet de l’expérimentation animale et contre le financement de projets bidons, surtout quand il s’agit d’argent public qui ne va pas aux méthodes de remplacement. Ces dernières étant plus fiables, leur adoption par les réglementations en vigueur profiterait non seulement aux animaux mais aussi à la santé humaine.
S’il vous plaît, sollicitez votre député de circonscription pour lancer ou soutenir une mission d’information sur l’expérimentation animale, au nom des singes, des chiens, des lapins, des rongeurs, des oiseaux, des poissons, des porcs, des moutons, et de tous les animaux utilisés par millions dans les laboratoires français.
André Ménache à Lyon
André Ménache, responsable de notre comité scientifique permanent, était au centre de Lyon, place Saint-Nizier, de 14 à 17h sur invitation de One Voice et du Parti Animaliste, que nous remercions vivement. Là aussi, des militants déguisés en animaux ou en techniciens de laboratoire ont mimé une expérience. D’autres ont tenu des pancartes affichant des messages et des photos de laboratoires bien réels, tandis que d’autres encore tenaient un stand proposant de la documentation et des pétitions à signer.
André Ménache a plusieurs fois pris la parole, au micro, pour donner des précisions sur l’utilisation des singes dans les laboratoires. Il a aussi répondu aux questions du public, notamment de trois étudiantes en virologie.
Davantage de singes ?
Un mois plus tôt, le sénateur Guy Benarroche avait posé une question écrite au gouvernement au sujet du projet de construction d’un centre national de primatologie à Rousset. Vous pourrez la lire sur https://www.senat.fr/questions/base/2025/qSEQ250303973.html
Parmi les points marquants, soulignons que le projet pourrait durer 58 mois et coûterait plus de 30 millions d’euros hors taxes. L’objectif serait d’atteindre un effectif de 1.740 primates, “afin de satisfaire 40 % de la demande de la recherche académique”.
“L’octroi d’un tel montant – sur fonds publics – (…) nous semble totalement non pertinent. (…) N’aurait-il pas été plus judicieux de soutenir davantage des méthodes innovantes, non-animales (organes sur puce, organoïdes, jumeaux numériques, etc.) qui représentent de réelles voies d’avenir ?” demande le sénateur.
“En 2022, la France a utilisé 563 primates à des fins de recherche fondamentale et appliquée. L’objectif de 40 % (fixé par le CNRS) serait donc largement atteint avec une « production » de 225 primates par an. D’autant plus qu’en vertu de la réglementation et au regard des possibilités offertes par les méthodes non-animales, une réduction notable devrait se produire dans les prochaines années.” Guy Benarroche “demande si le ministère envisage un accroissement du nombre de primates utilisés pour la recherche académique dans les années à venir, alors que la France est déjà le plus grand « consommateur » de l’Union européenne (quatre fois plus que l’Allemagne), ce qui irait à l’encontre des dispositions de la directive européenne 2010/63/UE.”
Nous serons attentifs à la réponse du ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, avec lequel nous sommes par ailleurs en contact au sujet de plusieurs dossiers (tous les détails sur notre site à la rubrique “Actions de lobbying” : https://antidote-europe.eu/action-lobbying/).
Plus de cinquante médecins, chercheurs, professeurs, avocats, parlementaires et autres personnes de diverses professions ont signé une tribune pour marquer leur opposition à ce projet. André Ménache est sur la liste, disponible sur https://transcience.fr/signataires-de-la-tribune La tribune a été publiée sur le site du quotidien Le Monde le 20 mai 2025 : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/05/20/la-construction-par-le-cnrs-d-un-centre-national-d-elevage-de-primates-releve-d-une-vision-court-termiste-de-la-recherche-biomedicale_6607365_1650684.html Davantage de précisions dans notre rubrique « Dans les médias » : https://antidote-europe.eu/dans-les-media/