Les malades, vrais cobayes de l’industrie pharmaceutique
Le comité scientifique d’Antidote Europe félicite les médias qui se font enfin l‘écho des dangers des médicaments.
Créée par des chercheurs issus du CNRS, Antidote Europe encourage vivement à exposer sans tabou l’immense gouffre qui sépare les techniques fiables, disponibles dans les laboratoires pour évaluer les effets secondaires des médicaments et une réglementation datant de près d’un siècle qui impose encore des tests obsolètes.
Actuellement, tous les médicaments doivent d’abord être longuement testés sur des animaux, modèles supposés de l’homme, en réalité présentant des réactions physiologiques le plus souvent radicalement différentes des nôtres. Illustration tragique récente : six jeunes hommes, volontaires sains pour un essai clinique d’un médicament au Royaume Uni, ont failli mourir après injection, alors que cette même molécule avait été préalablement longuement testée sans problème et à des doses très supérieures sur des lapins et des singes. Si des réactions aussi graves sont rares, les effets toxiques constatés sur les premiers cobayes humains sont très fréquents au point que neuf médicaments sur dix déjà testés sur des animaux échouent aux tests sur l’homme (1). La réglementation doit sans délai abolir ces tests sur des animaux qui, loin de garantir la sécurité des essais sur l’homme, peuvent, au contraire, masquer la toxicité des médicaments pour nous. Résultat : ce sont les patients humains qui sont les vrais cobayes de l’industrie pharmaceutique, environ 20.000 en décèdent chaque année en France (2).
La réglementation en vigueur fait depuis plusieurs décennies l’impasse sur les progrès scientifiques qui ont permis d‘établir de nombreuses méthodes fiables, reproductibles et rapides pour évaluer les effets chez l’homme des médicaments et autres substances chimiques. Voir, par exemple, les résultats obtenus par toxicogénomique sur le paracétamol (3) et 27 autres substances chimiques par Antidote Europe (https://antidote-europe.eu/campaigns/28-chemicals). Cette méthode aurait sans doute révélé à temps la toxicité du Mediator.
Des milliers de chercheurs dans le monde développent déjà la médecine personnalisée de demain afin d‘établir l’effet thérapeutique et les effets secondaires d’un médicament chez un patient donné. Qu’attendent nos autorités de santé, qui prétendent avoir le souci de la santé de la population ? Qu’ils s’emparent des possibilités offertes par la science moderne pour enfin éradiquer le fléau des effets secondaires des médicaments, 4ème cause de mortalité en France (3 ou 4 fois le nombre de tués sur la route) et 6ème cause d’hospitalisation. Qu’ils changent sans délai une réglementation à l‘évidence totalement insuffisante, encore moins fiable que de jouer à pile ou face ! Qu’ils obligent l’industrie pharmaceutique à produire des données réellement scientifiques pour étayer leur dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché, au lieu de continuer à mettre en péril notre santé en imposant des tests sur des animaux. Que ces autorités veuillent bien enfin comprendre que nous ne sommes pas des rats de 70 kg !
(1) Lester Crawford du FDA, cité dans la revue The Scientist (6.8.2004) “Innovation or Stagnation, Challenge and Opportunity on the Critical Path to new Medical Products”.
(2) Le Monde, 13 novembre 1997, déclarations de M. Bernard Kouchner, alors secrétaire d’Etat à la Santé.
(3) Entre autres activités dommageables, l’acétaminophène engage les cellules du foie vers la cancérisation (inhibition du contrôle de la division cellulaire, nombreux dommages au patrimoine génétique), tout en bloquant l’apoptose (mécanisme d‘élimination des cellules cancéreuses). Dans les cellules neuronales, ce produit et son métabolite freinent la production de deux neurotransmetteurs importants (dont l’un impliqué dans Parkinson) et inhibe des gènes en charge de la mise en place des cellules neuronales chez l’embryon. Il inhibe l’action d’androgènes et freine la stimulation hormonale (risque de malformations génitales mâles, frein de la spermatogénèse).
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