medias-27-oct-2014
Le 23 octobre 2014, le quotidien 20 minutes publiait sur son site un article auquel nous avons immédiatement réagi par la réponse suivante envoyée à la rédaction du journal et aux rédactions locales dans plusieurs villes de France.
Bonjour,
L’article « Les souris de laboratoire, des héros du quotidien » de Romain Scotto (www.20minutes.fr/sciences/1467187-20141023-souris-laboratoire-heros-quotidien) mérite quelques mises au point, car tout travail journalistique doit donner aussi la parole à ceux qui ne sont pas d’accord et qui prouvent pourquoi, contrairement aux allégations gratuites du GIRCOR, un lobby de l’industrie pharmaceutique pour la promotion du « modèle » animal.
D’abord, il n’y a pas de « modèle » animal, car aucune espèce n’est un modèle biologique fiable pour une autre, même très proche en termes d’évolution. C’est une conséquence directe de la définition d’une espèce, son isolement reproductif, qui signifie que les gènes d’une espèce sont uniques et différents de ceux de toute autre espèce. Le chimpanzé par exemple, notre plus proche cousin dans l’évolution (nous nous sommes séparés il y a 5-6 millions d’années, son génome présente 98,5% d’homologie avec celui de l’homme -encore plus que celui de la souris !-), est insensible au virus du SIDA, peu affecté par le virus de l’hépatite B et meurt d’Ebola, soit respectivement des résultats opposés, différents ou semblables à ceux de l’homme.
Evaluer un médicament sur un « modèle » animal ? 90% des médicaments ayant passé sans encombre le test animal sont rejetés lors de tests cliniques, et malgré cela, les médicaments autorisés tuent en France par an plus de 20 000 personnes et en envoient 1,3 million à l’hôpital (chiffres du Min. de la Santé). Cancers, diabètes, autisme, Alzheimer, trisomie, mucoviscidose : où sont les thérapies dues aux souris de laboratoires ? Pendant ce temps, le nombre des patients affectés par ces maladies a plus que doublé en 10 ans (2,6 millions en 2000 ; 5,9 en 2009 selon l’InVS), conséquence d’une prévention basée sur les tests sur… rongeurs, donc sans intérêt pour l’homme.
En choisissant l’espèce, et la lignée dans l’espèce, on peut faire dire n’importe quoi au « modèle » animal –et son exact contraire. Du pain béni pour Diafoirus&Co en mal de publication et ceux qui veulent obtenir une autorisation de mise sur le marché. Les recherches biomédicales sur ces maladies qui se font sur des rongeurs engloutissent des sommes colossales, durent depuis des décennies voire un siècle (Alzheimer), sans résultat, et ça va continuer, alors que le nombre de morts prématurés se chiffre en centaines de milliers par an en France et que la qualité et l’espérance de vie de millions d’autres est gravement affectée.
Est-ce vraiment le moment de glorifier la contribution de la souris ou d’autres animaux à la santé humaine, ou faudrait-il au contraire demander que l’on cesse de jouer la santé et la vie des hommes à la roulette russe – car le test sur animaux « modèles » de l’homme n’est rien d’autre, et il y a des balles réelles plein le barillet !
Pour Antidote Europe,
Claude Reiss
Président, ancien directeur de recherche au CNRS
Pour en savoir plus, voir https://antidote-europe.eu)