Le ministère de la Recherche préfère les méthodes obsolètes
Lors d’un entretien au ministère de la Recherche accordé à Muriel Arnal, présidente de One Voice, et à Claude Reiss, président d’Antidote Europe, Monsieur Bernard Andrieux, de la direction générale de la Recherche et de l’Innovation, a réitéré son attachement à l’expérimentation animale et, bien qu’il ait reconnu l’intérêt de méthodes modernes, n’a manifesté aucune volonté de promouvoir ces dernières.
Monsieur Andrieux a déclaré envisager la participation du Ministère à l’organisation d’une conférence sur l’expérimentation animale, avec, entre autres, le soutien d’un important fournisseur d’animaux de laboratoire. Pourtant, la pertinence de cette pratique datant de l’Antiquité n’a jamais été démontrée ; bien au contraire, Antidote Europe a présenté la preuve qu’aucune espèce animale n’est un modèle biologique fiable pour une autre. Cette preuve découle des connaissances acquises dans la seconde moitié du XXe siècle et de nombreux scientifiques font aujourd’hui ce constat, dont le prestigieux British Medical Journal qui titrait l’un de ses articles en 2004 : « Où sont les preuves que la recherche sur les animaux profite aux humains ? »
Or, dans tous les domaines de la recherche biomédicale, les chercheurs disposent de techniques puissantes et précises pour étudier la physiologie et les pathologies humaines, techniques dont le nombre et la qualité ne cessent d’augmenter. Dans le domaine de la toxicologie, d’actualité en raison de l’aboutissement prochain du projet REACH*, les tests effectués sur des animaux ont été qualifiés de « mauvaise science » par un responsable scientifique de la Commission européenne, laquelle vient de créer un département de toxicogénomique, méthode prometteuse, déjà utilisée aux Etats-Unis et présentée aux autorités européennes précisément par One Voice et Antidote Europe.
Alors que la France pourrait être le leader européen dans ce domaine et tout en reconnaissant la valeur de cette technique qui fournit des résultats fiables à bien moindre coût et plus rapidement que les tests sur des animaux, Monsieur Andrieux a déclaré qu’il n’envisageait pas d’oeuvrer en faveur de cette méthode. Ce manque d’ambition française est incompréhensible, à l’heure où un amendement prévoyant le recours à la toxicogénomique vient d’être réintroduit dans le projet REACH. Elle prive la France d’une opportunité que le Sénat belge entend saisir avec sa récente proposition de résolution « de réaliser une étude de faisabilité en vue de la création d’un Centre belge de toxicogénomique. »
Alors que 300.000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués chaque année en France, alors que la prévalence de maladies neurologiques, de troubles endocriniens et autres maladies liées à la pollution environnementale ne cesse d’augmenter et que les victimes sont de plus en plus jeunes, alors qu’il existe des méthodes fiables pour évaluer la toxicité des plus de 100.000 substances chimiques actuellement utilisées et, ainsi, proposer des mesures de prévention efficaces, les autorités françaises tournent le dos aux méthodes de pointe et continuent à permettre que des millions d’animaux cobayes soient sacrifiés sans aucun bénéfice prouvé pour les humains.
Antidote Europe est une association créée par des chercheurs issus du CNRS, oeuvrant pour une meilleure prévention en santé humaine.
One Voice est une association de défense animale et de l’environnement.
* Le projet REACH, lancé par la Commission européenne et actuellement en cours de vote au Parlement européen, a pour but l’enRegistrement, l’Evaluation et l’Autorisation des substances CHimiques.
Contact Antidote Europe : 01 45 77 48 15
Contact One Voice : 02 51 83 18 19