REACH admet la toxicogénomique
Au cours du vote sur REACH, future réglementation européenne en matière d’enRegistrement, Evaluation et Autorisation de substances CHimiques, le 17 novembre dernier, les députés européens ont inscrit dans ce projet la toxicogénomique comme méthode d’évaluation de la toxicité des substances. M. Guido Sacconi, rapporteur du projet REACH, avait reçu Antidote Europe et Equivita le 15 juin dernier, à Bruxelles. Les résultats d’une étude scientifique lui avaient été transmis et un amendement visant à inclure la toxicogénomique dans REACH lui avait été proposé. M. Sacconi avait promis de transmettre l’étude à ses experts scientifiques, lesquels, de toute évidence, ont estimé que ce travail présentait tout le sérieux nécessaire.
C’est un pas en avant très important mais Antidote Europe souhaite à présent que la toxicogénomique soit considérée comme méthode de référence dans REACH. D’autres tests d’évaluation scientifique de la toxicité chez l’homme, comme la métabonomique ou la protéomique, également issus des développements récents des biotechnologies, pourront y être associés quand ils seront prêts. En tout cas, il faut exclure impérativement le recours aux « modèles » animaux, une pure et dangereuse fiction, puisqu’aucune espèce animale n’est le modèle biologique d’une autre, l’espèce humaine en particulier. D’ailleurs, le directeur d’ECVAM, le laboratoire de l’Union européenne en charge de valider les méthodes alternatives à l’expérimentation animale depuis 13 ans, reconnaît que jusqu’ici « on a simplement fait de la mauvaise science » et que REACH est une opportunité pour « enfin faire de la toxicologie une science respectable. »
Antidote Europe vient de publier une évaluation par toxicogénomique de 28 substances parmi les plus présentes dans notre environnement. Si vous ne l’avez pas déjà reçu, demandez le hors série de La Notice d’Antidote consacré à cette méthode. Les résultats et les principaux articles de ce hors série sont disponibles sur le site https://antidote-europe.eu.
Alors que la toxicogénomique se développe à vive allure aux Etats-Unis et au Japon, l’équipe d’Antidote Europe compte les seuls experts français et l’une des rares équipes européennes capables de mettre en oeuvre des tests de toxicogénomique. Cette équipe est à même de proposer son expérience en toxicogénomique pour aider à concevoir des plates-formes massivement parallèles et robotisables de criblage des substances à haut débit et de tests de plus en plus affinés. Les autorités européennes devraient profiter de ce savoir-faire – qui rend la toxicologie bien plus fiable, rapide et moins chère que les tests classiques – avant que les brevets ne soient déposés par les entreprises américaines ou japonaises. Antidote Europe leur suggère de créer un Centre européen de toxicogénomique qui assumerait les frais liés aux tests. Ce centre coûterait 1 à 1,5 milliards d’euros mais les Etats pourraient économiser quelque 50 milliards d’euros par an sur les dépenses de santé si une prévention efficace était mise en place, amortissant ainsi rapidement le coût des tests fiables. Ainsi seraient conciliés les intérêts des industriels, des défenseurs de la santé, de la nature et de l’environnement.
Antidote Europe est une association à but non lucratif créée par des chercheurs issus de laboratoires publics européens pour concourir à une meilleure prévention des risques sanitaires qui pèsent aujourd’hui sur les humains, responsable de l’augmentation du nombre de cas de cancer ou autres maladies graves, en particulier chez les enfants.