REACH : auto satisfecit pour une catastrophe sanitaire
Paris, le 29 mai 2018 – A l’occasion de l’aboutissement du programme REACH le 31 mai 2018, la Commission européenne s’auto-congratule [1]. Lancé le 1er juin 2007, ce règlement de l’Union européenne était censé « mieux protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques, tout en favorisant la compétitivité de l’industrie chimique de l’UE ». Ce 31 mai se clôturera la phase d’enregistrement des substances chimiques produites ou importées à plus de 1 tonne par an auprès de l’agence européenne créée à cet effet : ECHA.
Nous savons aujourd’hui que des millions de substances chimiques sont fabriquées dans le monde et qu’environ 80.000 d’entre elles sont d’un usage courant. Pourtant, sur les 17.000 substances pour lesquelles REACH a recueilli des informations, seules 181 (soit moins d’un pourcent du total) ont été qualifiées d’« extrêmement préoccupantes » c’est-à-dire comme étant cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction, persistantes et toxiques pour l’environnement, ou encore pouvant perturber le système endocrinien. [2]
Mais il y a pire encore que le peu de substances prises en compte. L’évaluation de leur toxicité pour l’homme est, en grande partie, basée sur des essais effectués sur des animaux. Or, les données acquises de la science montrent que les études de toxicité faites sur des animaux ne permettent pas de prédire la toxicité pour l’homme. REACH est donc entaché d’une grave erreur méthodologique qu’Antidote Europe dénonce depuis plus de dix ans. L’article co-écrit par l’un de nos membres et publié en 2012 dans la littérature scientifique garde hélas toute son actualité puisque rien n’a été mis en place pour corriger l’erreur. Il vient d’être traduit en français [3] : « Les personnes, et non les substances chimiques, ont le droit d’être présumées innocentes jusqu’à preuve du contraire. Elles ont aussi le droit de ne pas subir des expériences sans leur consentement éclairé. Or, il n’a été donné à personne l’occasion de donner ou de refuser son consentement avant d’être exposé au fardeau toxique qui à présent nous contamine tous. »
Bilan : REACH nous a fait perdre un temps précieux (11 ans en l’occurrence) alors que, entre autres mesures possibles, un programme de bio-surveillance aurait pu permettre de collecter des données humaines, notamment sur les personnes les plus fragiles ou exposées. REACH a également coûté la vie à environ deux millions d’animaux pour fournir aux autorités de la réglementation des milliers de dossiers n’ayant aucun intérêt pour la santé humaine.
[1] https://echa.europa.eu/-/echa-welcomes-the-reach-review-outcome
[2] http://europa.eu/rapid/press-release_IP-18-1362_en.htm
[3] https://antidote-europe.eu/public/Medleg&bioethFR.pdf
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