REACH : concilions les coûts et la sécurité
La Commission européenne vient d’annoncer que la mise en œuvre de REACH devrait permettre de faire des économies substantielles sur la facture de santé dans l’Union européenne en général (50 milliards d’euros sur 30 ans), sur la facture de santé des salariés de l’industrie chimique (3,5 milliards d’euros sur 10 ans), ainsi que sur la facture de réhabilitation de notre environnement- purification de l’eau, réhabilitation des sites pollués, etc. (8,6milliards d’euros sur 35 ans). Certaines ONG (dont Greenpeace et le WWF), pour leur part, estiment que le total des économies approcherait les 100 milliards d’euros. Economies qui soulageraient surtout les budgets publics. Le coût de REACH, lui, estimé par la Commission européenne atteindrait entre 2,8 et 3,6 milliards d’euros. Bien que ce coût soit infime par rapport aux économies prévues, il serait principalement à la charge de l’industrie chimique européenne et, bien sûr, celle-ci s’en émeut.
Antidote Europe propose une initiative où toutes les parties concernées seraient gagnantes : la création, par les Etats membres, d’un Centre Européen de Toxicogénomique (CET) capable d’évaluer la toxicité des 12 000 substances retenues dans REACH. L’ensemble, construction du Centre et tests, coûterait de l’ordre du dixième de ce qui est actuellement prévu pour REACH. Ce coût serait donc plus que largement compensé par les économies sur les budgets santé et environnement et pourrait être pris en charge par les fonds publics. L’industrie chimique se trouverait ainsi exonérée du coût des tests, les PME pourraient faire évaluer leurs produits, et les autorités maîtriseraient les critères de validation et les standards retenus pour l’autorisation de mise sur le marché.
Le CET mettrait en oeuvre un méthode fiable. Car ces batailles comptables autour de REACH ne doivent pas nous faire perdre de vue l’objectif premier de cette future réglementation : identifier les produits chimiques dangereux pour l’homme. Or, les méthodes d’évaluation classiques ont recours aux tests sur animaux. Pourtant, leur absence de fiabilité est prouvée, et même » éprouvée » par le 1,3 million de Français hospitalisés chaque année (et dont 18 000 meurent), suite à des effets secondaires de médicaments qui avaient pourtant passé sans encombre les tests sur animaux.
Pour éviter que REACH ne soit finalement qu’un (onéreux) coup d’épée dans l’eau, il faut mettre en œuvre des méthodes d’évaluation fiables pour l’homme. C’est précisément le cas de la toxicogénomique, une méthode scientifique qui examine les effets des substances chimiques au sein de cellules humaines en culture. Cette toxicologie scientifique, déjà appliquée outre Atlantique et au Japon, est de surcroît bien moins chère et plus rapide que les tests sur animaux.
En dirigeant une étude par toxicogénomique de plusieurs dizaines de produits chimiques, Antidote Europe a montré que l’Europe avait le savoir faire requis dans ce domaine. Le Parlement européen en a pris acte et a voté un amendement au projet REACH instaurant la toxicogénomique comme méthode alternative à l’expérimentation animale.
Que l’on considère la sécurité sanitaire dans l’Union européenne, la confiance dans les produits de consommation circulant en Europe ou dans le monde, ou encore, le rayonnement de l’Europe dans le domaine de la santé et du savoir-faire pour la garantir, l’adoption de la toxicogénomique dans la version définitive de REACH permettrait de répondre à toutes les objections soulevées.
Antidote Europe est une association à but non lucratif créée par des chercheurs issus du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).