REACH : obsolète à la naissance
A son entrée en vigueur, le règlement européen REACH sur les substances chimiques prévoit des tests de toxicité dont la fiabilité n’a jamais été prouvée, qu’un responsable scientifique de la Commission européenne a qualifié de “tout simplement mauvaise science” et, de surcroît, plus longs et plus chers que des tests modernes et fiables.
Le règlement européen REACH sur les substances chimiques entre en vigueur aujourd’hui. Que les autorités se préoccupent enfin de protéger la santé humaine et l’environnement est excellent. Mais REACH se donne-t-il vraiment les moyens de remplir cet objectif ?
Les industriels dénoncent un système trop coûteux et le manque de toxicologues compétents. Il faut aussi dénoncer le danger que représentent, pour la santé humaine, les tests de toxicité sans fiabilité prouvée, effectués sur des animaux, et susceptibles, donc, d’endormir la méfiance des utilisateurs et de permettre la vente de produits en réalité très toxiques pour l’homme.
Pourtant, un REACH à la fois efficace, moderne et bien moins coûteux est possible. La toxicogénomique, une méthode introduite par le Parlement européen et citée dans le préambule de ce règlement, permettrait, si elle était mise en oeuvre, de répondre aux principales objections soulevées contre REACH : – elle est fiable pour prédire la toxicité des substances pour l’homme et peut constituer un crible rapide pour identifier les substances les plus dangereuses ; – elle fournit les résultats rapidement : en deux années, il serait possible à un laboratoire correctement équipé, de tester les 100.000 substances chimiques identifiées par la Commission européenne et dont REACH ne prévoit de tester que 30.000 ; – elle est économique, ce qui pourrait permettre à l’Union européenne de se doter d’un laboratoire capable de faire les tests, épargnant ainsi lesPME dont certaines craignent pour leur survie même en raison des coûts financiers deREACH ; – elle apaiserait la colère des organisations de défense animale (qui ont submergé les députés européens de pétitions au cours du processus de REACH), puisque cette méthode ne repose pas sur l’utilisation d’animaux, contrairement à nombre de tests requis actuellement.
Pourquoi les autorités retardent-elles la mise en oeuvre de méthodes véritablement scientifiques alors qu’un responsable scientifique de la Commission européenne a déclaré que les tests de toxicologie sur les animaux étaient “tout simplement de la mauvaise science” ? Si des toxicologues doivent être formés, le seront-ils aux méthodes modernes déjà utilisées aux Etats-Unis et au Japon ou aux méthodes du XIXe siècle ? Ces dernières, en vigueur pour les essais pré-cliniques de médicaments, n’ont pas empêché que six personnes frôlent la mort en mars 2006, ni que des milliers d‘êtres humains meurent chaque année en France suite à des effets secondaires de médicaments pourtant tous testés sur des animaux. Des tests de toxicogénomique effectués par un organisme public, infalsifiables, mettraient aussi un terme à une situation où le fabricant est juge et partie puisqu’il doit actuellement lui-même fournir le résultat des tests de ses propres substances !
Antidote Europe est une association à but non lucratif, créée par des chercheurs issus du CNRS, oeuvrant pour une meilleure prévention en matière de santé humaine.