REACH : sécurité sanitaire ou poudre aux yeux ?
Le 4 octobre prochain aura lieu le vote de la commission Environnement au sujet de REACH, au Parlement européen. Après le vote des autres commissions, celle-ci devrait avoir le dernier mot (avant les étapes suivantes…) sous la responsabilité de M. Guido Sacconi, principal rapporteur du projet REACH.
Ce projet, future législation européenne en matière d’enRegistrement, Evaluation et Autorisation de substances CHimiques, a été lancé en 2001, par la Commission européenne qui faisait remarquer que l’on ne sait pratiquement rien sur la toxicité des quelque 100 000 produits chimiques fabriqués dans le monde. Ignorance inquiétante alors que le nombre de cas de cancer, de maladies neurologiques, de stérilité, etc., ne cesse d’augmenter et que de nombreux chercheurs et médecins mettent en relation l’augmentation des maladies et l’augmentation des substances chimiques présentes dans notre corps. Curieusement, le débat autour de REACH porte très peu sur les tests auxquels les substances seront soumises en vue de leur autorisation.
Ces tests sont pourtant un point central puisque c’est de leur fiabilité que dépend le sérieux de REACH. Si ces tests ne renseignent pas sur la toxicité des substances pour les êtres humains, il est évident que REACH ne remplira pas son objectif de sécurité sanitaire. Or, la plupart des tests de toxicologie actuellement réglementaires font appel à l’expérimentation animale. Antidote Europe démontre, avec des arguments scientifiques, qu’aucune espèce animale n’est le modèle biologique d’une autre et que, par conséquent, ces tests sont inutiles.
Le 15 juin dernier, Antidote Europe et Equivita étaient reçues par M. Guido Sacconi et informaient ce dernier de l’existence de méthodes fiables ainsi que plus rapides et moins coûteuses que l’expérimentation animale. Antidote Europe a élaboré un Programme de toxicologie scientifique (PTS) fondé sur la toxicogénomique, actuellement en plein essor aux Etats-Unis et au Japon. Invité fin août au congrès organisé par le National Institute of Environmental and Health Sciences (NIEHS), institution gouvernementale américaine, Claude Reiss a pu mesurer l’avance prise outre-Atlantique dans ce domaine qui bénéficie d’investissements massifs.
La toxicogénomique consiste à mesurer l’expression des gènes suite à l’exposition de cellules humaines en culture à une substance chimique. La connaissance du rôle de ces gènes permet alors d’évaluer le risque de voir ces cellules évoluer vers le cancer, des dysfonctionnements neurologiques, endocriniens, immunitaires, etc. Cette méthode est fiable puisque ce sont bien des cellules humaines que nous observons et non un animal dont la physiologie diffère de la nôtre.
Outre M. Sacconi, les autres députés européens membres de la commission Environnement sont informés de l’existence et de l’intérêt de la toxicogénomique. Nous espérons qu’ils en tiendront compte au moment du vote.
Antidote Europe est une association à but non lucratif créée par des chercheurs issus du CNRS et qui ont organisé deux Ateliers européens de toxicologie cellulaire et moléculaire (en 1996 à Sophia Antipolis et en 1999 à Paris).