Recherche animale : allégations contre preuves
Paris, le 26 mars 2015 – Avant l’audition publique qui doit avoir lieu prochainement au Parlement européen dans le cadre de l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection, les défenseurs de l’expérimentation animale affirment : « Le Parlement européen et la Commission doivent s’opposer à l’initiative citoyenne Stop Vivisection »… A quoi servirait donc cet outil de démocratie directe si le Parlement et la Commission s’opposaient à une demande faite par plus d’un million de citoyens ? Et pourquoi les institutions européennes devraient-elles faire plus de cas d’allégations formulées par des personnes ayant des intérêts dans la chose jugée plutôt que de preuves fournies par des chercheurs indépendants ?
Antidote Europe, une association créée par des chercheurs issus du CNRS et oeuvrant pour que les découvertes scientifiques et les technologies modernes soient utilisées au bénéfice de la santé humaine, invite les médias à prendre connaissance des arguments des organisateurs de Stop Vivisection, diffusés dans le communiqué que nous reproduisons entièrement ci-dessous.
Contact médias
– Pour toute question concernant l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection : Angela Tandura, responsable de la campagne en France ; 06 15 27 05 71 ; stopvivisectionfrance@gmail.com
– Pour toute question sur l’argumentation scientifique : Claude Reiss, président d’Antidote Europe, ancien directeur de recherche au CNRS ; 04 76 36 35 87
Communiqué de presse Stop Vivisection (23.3.2015)
Une réponse de l’initiative citoyenne européenne “Stop Vivisection” à la “Déclaration de soutien à la directive européenne 2010/63/UE” signée par 120 institutions publiques et privées dédiées à l’expérimentation animale.
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Le 3 mars 2015, l’initiative citoyenne européenne « Stop Vivisection » a été soumise à la Commission européenne avec 1.173.131 signatures certifiées, collectées dans tous les Etats membres de l’Union européenne (UE), dans le but d’éliminer progressivement une méthode de recherche obsolète (et même dangereuse) pour la recherche biomédicale : l’expérimentation animale.
Quelques jours plus tard, Stop Vivisection était attaquée par une Déclaration envoyée à la Commission et au Parlement européen par quelque 120 institutions bien familières de l’expérimentation animale, allant de certaines universités renomées, à des laboratoires et centres de tests ou à des établissements d’élevage d’animaux pour la vivisection.
Une brassée d’affirmations sans preuves pour soutenir l’expérimentation animale : voilà, en substance, le contenu de ce document que nous, les organisateurs de Stop Vivisection, sommes en vérité heureux de contester, faisant ainsi apparaître clairement quel grand fossé sépare la recherche scientifique pour la santé humaine de la position exprimée dans le document susmentionné.
A – Affirmations superficielles versus science basée sur des preuves :
La susmentionnée Déclaration regorge d’affirmations péremptoires mais simplistes (par exemple : « la recherche sur des animaux continue à être nécessaire pour développer et améliorer des traitements pour le bénéfice des patients » ; « la recherche animale est essentielle pour le progrès de la santé humaine […] et pour maintenir le rôle prépondérant de l’Europe »…), dépourvues de validité scientifique. Pas d’explication, pas de références écrites, pas d’examen scientifique approfondi sur lesquels s’appuiraient ces affirmations tapageuses. Simple omission ? Pas tout-à-fait :
1) Sans validité scientifique (et donc impossible à prouver) est l’affirmation que la recherche sur des animaux serait nécessaire pour développer des traitements au bénéfice des patients. D’innombrables études scientifiques soulignent le contraire de ce que la Déclaration affirme. De l’article de Pandora Pound « La recherche animale est-elle suffisamment basée sur des preuves pour être une pierre angulaire de la recherche biomédicale ? » à celui de Greek et Ménache « Revues systématiques des modèles animaux : méthodologie versus épistémologie » ou à celui d’Adrian Stallwood « La science corrompue : le monde cauchemardesque des souris transgéniques », une liste concise mais significative de rapports scientifiques et de synthèses internationales, analysant au cas par cas l’état de l’art de la recherche biomédicale et des méthodes d’évaluation toxicologique, est publiée sur le site Stop Vivisection : http://www.stopvivisection.eu/en/content/links-scientific-reports.
Nous apportons des preuves, pas des affirmations. Des études détaillées, pas des déclarations.
2) Sans validité scientifique (et donc impossible à prouver) est la supposition que les modèles animaux permettraient de prédire les résultats chez l’homme. Les statistiques prouvent le contraire : attestant du fait que les modèles animaux ne sont en aucun cas prédictifs des réponses humaines, 96% des médicaments et substances qui se révèlent utiles lors d’études précliniques sur des animaux, échouent pitoyablement ensuite au cours des essais cliniques sur l’homme. Comment les auteurs de la Déclaration expliqueraient-ils ce simple fait ?
3) Sans validité scientifique (et donc impossible à prouver) est la supposition que le paradigme actuel de tests sur des animaux reflèterait une méthodologie reposant sur des bases scientifiques. En fait, aucune des études sur des animaux couramment utilisées n’a jamais subi de processus formel de validation scientifique similaire à celui qui est imposé aux méthodes substitutives. En termes simples : aucun test sur des animaux n’a jamais été validé. Aucune preuve scientifique de leur utilité ou de leur efficacité n’a jamais été fournie. Comment les auteurs de la Déclaration expliqueraient-ils cette circonstance si étrange, déconnectée de la réalité scientifique ?
4) Sans validité scientifique, méthodologique, financière et économique (et donc insoutenable) est l’affirmation que la recherche animale serait essentielle pour maintenir le rôle prépondérant de l’Europe. En vérité, en reconnaissant la nécessité d’éliminer progressivement l’expérimentation animale, les Etats-Unis ont déjà mis en place un changement radical de paradigme dans la toxicologie et la recherche biomédicale. Ce changement de paradigme vise à pleinement développer de nouvelles méthodologies de recherche : tests à haut débit, approches omiques, technologies d’imagerie, organes sur puces, cellules souches humaines, mini-organes, stratégies de tests intégrées, modèles de cultures cellulaires primaires…
Aux Etats-Unis, le financement massif des méthodes de tests alternatives a été largement reconnu comme un besoin essentiel pour la toxicologie et la recherche biomédicale dans la décennie actuelle et dans celles à venir pour le bénéfice de la santé humaine et de l’environnement, ainsi que pour le progrès économique de la nation. Mais ce défi financier crucial ne semble pas occuper les esprits des auteurs de la Déclaration et fait cruellement défaut dans leurs affirmations. Comment expliqueraient-ils cet étrange, total et évident silence ?
5) Sans aucun bénéfice pour la santé humaine est l’utilisation de modèles animaux dans le but de prévenir des maladies humaines par l’évaluation toxicologique, de même que l’utilisation de modèles animaux dans le but de guérir des maladies humaines par la recherche biomédicale. Même les rats ne sont pas des modèles pour les souris et même parmi les souris, une sélection ciblée des lignées permet d’obtenir un résultat donné ou son exact contraire. Depuis plusieurs décennies, les statistiques officielles montrent une augmentation rapide de la prévalence et de l’incidence de maladies graves (diabète de type 2, maladie d’Alzheimer, cancers du sein et de la prostate, etc.) et de troubles du développement (autisme, anomalies neuro-cérébrales…) en corrélation avec la quantité croissante de substances chimiques de synthèse présentes dans notre alimentation et dans notre environnement. Malgré des investissements colossaux, la recherche biomédicale sur des modèles animaux a échoué jusqu’à présent à arrêter ou à inverser ces tendances néfastes. Les auteurs de la Déclaration pourraient-ils expliquer cet échec retentissant auquel on doit en Europe chaque année d’innombrables victimes et décès prématurés ?
B – Les 3Rs versus une stratégie fondée scientifiquement et éthiquement au bénéfice de la santé humaine
1) Sans validité factuelle ni vraisemblance est l’affirmation que le principe des 3Rs (remplacer, réduire, rationaliser) représenterait une façon crédible, légitime, de prendre en compte les problèmes éthiques posés par l’expérimentation animale. Invoquer les 3Rs comme moyen d’améliorer le bien-être animal et de rendre les tests sur des animaux plus acceptables par l’opinion publique s’est révélé être une impasse. Depuis son apparition, il y a 56 ans, le principe éthique des 3Rs n’a en aucune façon permis de réduire l’expérimentation animale ni de la rendre plus respectable ou scientifiquement pertinente. Tout au contraire : dans certains domaines, il y a eu une augmentation marquée de l’utilisation d’animaux et cette tendance est destinée à atteindre des sommets inconcevables, en raison de l’utilisation incontrôlée d’animaux transgéniques. Ce fait est aggravé par le secret qui entoure les procédures de laboratoire. Comment les signataires de la Déclaration justifient-ils, à la lumière du principe des 3Rs, ces tendances dévastatrices ?
2) Sans validité factuelle ni vraisemblance est l’affirmation que les méthodes de recherche européennes respecteraient des standards élevés de bien-être animal et que l’implémentation de la Directive serait un facteur clé pour atteindre ces standards. La directive 2010/63 ne peut pas éviter de mentionner que la douleur sévère, la souffrance, la détresse ou des dommages durables sont couramment infligés aux animaux de laboratoire : (http://www.stopvivisection.eu/en/content/why-we-say-no-directive-201063eu).
En plus des articles de la loi, l’annexe VIII est très explicite en décrivant des procédures qui impliquent souffrance et détresse extrêmes. La loi reconnaît : * la réutilisation d’animaux ayant déjà subi une procédure entraînant de la douleur sévère, de la détresse ou une souffrance équivalente ; * des tests de toxicité dans lesquels la mort est le point limite ou peut survenir et où des états pathophysiologiques graves sont provoqués ; * l’élevage d’animaux avec des modifications génétiques devant induire une détérioration grave et persistante de l’état de santé ; * l’utilisation de cages métaboliques provoquant une restriction sévère des mouvements pendant une longue période ; * des chocs électriques impossibles à éviter ; * le stress d’immobilisation pour induire des ulcères gastriques ou une défaillance cardiaque ; * la nage forcée ou des épreuves physiques avec l’épuisement pour point limite ; etc.
L’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection a reçu le soutien de 1.173.131 citoyens et de 236 associations européennes opposées à la vivisection et de défense animale (http://www.stopvivisection.eu/en/content/supporters) ; ils demandent, comme nous le faisons, que les institutions européennes prennent au sérieux la tâche de combattre la menace majeure qui pèse sur notre société, à la fois sur le plan scientifique et éthique, par l’utilisation d’une méthode de recherche obsolète et irrationnelle.
C – Conclusion :
Les signataires de la Déclaration appellent le Parlement européen et la Commission à réaffirmer, sans discussion, leur engagement envers une Directive clairement dépassée par les dernières découvertes scientifiques et les connaissances actuelles sur les différences entre humains et animaux modèles, sur les différences entre espèces en général.
Nous faisons le contraire : nous appelons le Parlement européen et la Commission à discuter sans préjugés, avec des critères scientifiques rigoureux, tous les thèmes concernant l’expérimentation animale et la santé humaine.
Voyez notre récente lettre à tous les membres du Parlement européen, avec une bibliographie détaillée :
http://stopvivisection.eu/sites/default/files/spedizione_fr.pdf
“Plus grand est le défi, plus forts doivent être l’effort, l’engagement, la volonté de ne rien négliger”.
Le Comité organisateur de l’initiative citoyenne européenne
STOP VIVISECTION
Pour plus d’informations : www.stopvivisection.eu