Le bisphénol A : la montagne accouche d’un moucheron
Le comité scientifique d’Antidote Europe critique une mesure très insuffisante pour protéger notre santé. En effet, les députés ont approuvé (24 mars 2010) la proposition de loi votée par le Sénat d’interdiction du Bisphénol A (BPA) dans les biberons ! Ainsi, cette substance est à présent officiellement reconnue pour ses effets négatifs très graves sur notre santé (cancers, diabètes, infertilité, problèmes cardiaques). C’est bien, c’est un premier pas vers son interdiction dans les contenants alimentaires, demandé notamment par le député Gérard Bapt, mais c’est strictement ridicule, car cette loi protège, pendant quelques mois de leur vie, une minuscule poignée (moins d’un millième) des Français.
Quel bénéfice en effet pour les bébés qui sont nourris par leur mère imprégnée de BPA, pour ceux à naître, pour les enfants qui ne sont plus nourrissons, pour les mamans, enceintes ou pas, les papas, les dizaines de millions de Français exposés journellement et massivement au perturbateur endocrinien qu’est le BPA dans leur alimentation ? Le Danemark a déjà interdit la vente tout emballage alimentaire contenant le BPA pour les enfants de moins de trois ans.
Antidote Europe a évalué par toxicogénomique la toxicité du BPA et de ses métabolites sur des cellules humaines il y a 6 ans déjà . Les résultats montrent que le BPA :
- dérégule des gènes impliqués dans l’embryogénèse, en particulier la morphogénèse du cerveau immature, le guidage des axones et des cellules gliales, pouvant conduire à l’autisme ;
- dérégule des gènes impliqués dans la neurotoxicité, le désordre panique, les neurodégénérescences, les maladies autoimmunes ;
- dérégule des gènes impliqués dans la cancérogénèse hormono-dépendante (sein, prostate) et la résistance à la chimiothérapie ;
- affaiblit la résistance aux radicaux libres, ce qui peut induire des dommages au système nerveux central, la fragilisation du système immunitaire, le développement d’anémies ;
- diminue la fertilité ;
- induit des maladies autoimmunes (sclérose en plaques, polyarthrite rhumatoïde, diabète de type 1, maladie de Crohn) et conformationnelles (Alzheimer, Parkinson, diabète de type 2).
La toxicogénomique a montré aussi que le BPA agit sur les mêmes cibles génétiques que le 17-béta-estradiol, souvent avec une activité encore supérieure, et que son action est synergique avec celles d’autres proliférateurs endocriniens environnementaux (phtalates, pesticides). La perturbation endocrinienne notamment pourrait donc se manifester suite à la présence simultanée de ces substances, à des doses individuelles difficilement détectables ou simplement indétectables. Antidote Europe a informé de ces résultats l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) et son homologue européenne EFSA, qui cependant n’en avaient jusqu’ici tenu aucun compte. Ces données, obtenues sur des cellules humaines, sont évidemment valables pour l’homme, contrairement aux données obtenues sur de prétendus “ modèles “ animaux, qui sont une fiction puisqu’on peut, selon l’espèce animale choisie et le protocole expérimental, leur faire dire n’importe quoi et son contraire
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Claude Reiss
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