Critique du livre Rat Trap
Critique du livre Rat Trap (Piège à rats) de Pandora Pound (édité en 2023 par Troubador Book Publishing)
Bravo à Pandora Pound et à Safer Medicines Trust (Association Médicaments plus sûrs) pour la production d’un travail aussi important que celui-ci, au moment opportun, car il comble un grand vide dans le vaste domaine de l’expérimentation animale. Le moment est important car ce livre arrive alors que l’innovation technologique dans le champ des méthodologies sans recours à l’expérimentation animale et fondées sur des données humaines est à son sommet. Tout aussi important est le fait que ce livre soit si accessible au grand public en exposant, faits à l’appui, pourquoi la recherche basée sur l’expérimentation animale n’a pas sa place dans la science du 21ème siècle.
Après avoir lu ce livre, la question que chacun se posera ne sera pas « si » les expériences sur des animaux peuvent être abandonnées mais « quand ». Rat Trap révèle à quel point le paradigme du modèle animal est enraciné dans notre culture et dans notre société et explique l’énorme résistance opposée par les chercheurs qui utilisent des animaux et l’industrie pour changer ces vieilles mauvaises habitudes. De même que dans d’autres mouvements sociaux majeurs comme la lutte contre l’esclavage ou pour les droits des femmes, c’est l’opinion publique informée qui est la force la plus puissante pour que le changement advienne.
Dans un monde idéal, la transition de l’expérimentation animale vers la recherche centrée sur l’être humain devrait être menée par le gouvernement, avec l’objectif de réformer radicalement le financement et les réglementations. Toutefois, nous ne vivons pas dans un monde idéal et, si les citoyens ordinaires laissaient les choses progresser à leur rythme, l’expérimentation animale perdurerait encore pendant des décennies, ce qui est exactement ce que la communauté des chercheurs qui utilisent des animaux voudrait voir. Par exemple, le plan du gouvernement hollandais pour mettre fin à l’utilisation d’animaux pour les essais de sécurité a rencontré une telle opposition de la part de la communauté scientifique que son échéance de 2025 a finalement été abandonnée (page 206).
Il est clair qu’en tant que citoyens informés, nous ne pouvons pas rester inactifs tandis que des animaux continuent à servir de tubes à essais à l’heure où la technologie est mûre pour remplacer les essais sur des animaux et la recherche basée sur l’expérimentation animale. Il est clair aussi que nous serions naïfs si nous pensions que l’industrie a l’intention de « respecter les règles du jeu » en opérant la transition des essais sur des animaux vers les technologies basées sur les données humaines dans un avenir proche. Historiquement, ce n’est pas l’industrie pharmaceutique qui a montré la voie en développant des technologies nouvelles pour remplacer les essais sur des animaux ; il est important de réaliser que ce sont les efforts d’organisations recevant des financements publics et privés, comme l’Institut Wyss pour une ingénierie inspirée par la biologie, qui nous ont fourni la technologie du 21ème siècle en développant des dispositifs comme les organes sur puces.
Big Pharma possède toutes les ressources nécessaires pour promouvoir et valider ces technologies du 21ème siècle ainsi que pour les guider dans le labyrinthe des réglementations, à condition d’en avoir la motivation. Dans un monde idéal, Big Pharma devrait activement chercher à honorer sa responsabilité sociétale d’entreprise, définie comme un modèle d’affaires qui engage la responsabilité d’une entreprise envers elle-même, ses parties prenantes et le public. En réalité toutefois, Big Pharma répond d’abord aux exigences marchandes et à la demande des actionnaires, ainsi que cela a été brillamment démontré par l’abandon d’essais sur des souris vivantes pour le contrôle des lots de produits cosmétiques à base de Botox. Ce fut la volonté d’actionnaires informés qui persuada le fabricant étasunien de Botox (Allergan) de développer une méthode d’essais sans animaux et d’obtenir l’approbation réglementaire de la FDA en 2011, sans autre nécessité d’approbation gouvernementale.
À l’ère post-Covid, après qu’une technologie expérimentale de vaccin à ARNm a été approuvée en 10 mois au lieu des 10 années d’un calendrier normal de recherche et développement, il devrait être évident pour le citoyen informé que l’industrie et les responsables de la réglementation sont capables d’approuver rapidement des technologies nouvelles, telles que les organes humains sur puces. Au vu de tout ce qui précède, Rat Trap devrait être une lecture obligatoire pour les abonnés au Wall Street Journal et au Financial Times, ainsi que pour toute personne qui aura la chance d’obtenir un exemplaire de ce livre remarquable.