Entretien avec le Docteur Jérôme Soubielle
Entretien avec le Docteur Jérôme Soubielle.
Le Docteur Jérôme Soubielle a fait ses études de médecine à la Faculté Universitaire Lyon-Nord, puis une spécialisation en anesthésie-réanimation à la Faculté de Nice. Il obtient sont DU (diplôme universitaire) Droit des animaux en 2022 à l’Université de Toulon Faculté de Droit.
Antidote Europe (AE) : Bonjour Docteur Soubielle. Avez-vous eu recours aux expériences sur des animaux pendant vos études de médecine ? Sinon, comment avez-vous pu y échapper ?
Jérôme Soubielle (JS) : Non, pas pendant mes études avant le concours internat.
AE : Après avoir obtenu votre diplôme en médecine, avez-vous été confrontée aux expériences sur animaux au cours de votre spécialisation de médecin anesthésiste ?
JS : Oui. Au cours d’un congrès de formation anesthésie loco- régionale à Clermont Ferrand, il était proposé de faire des Blocs sans échographie sur des cochons anesthésiés. J’ai choisi de ne pas y participer.
AE : Qu’est-ce qui vous a amené à remettre en cause l’expérimentation animale sur le plan scientifique ?
JS : Dans l’enseignement médical, il me parait inutile et d’un autre temps de faire des travaux pratiques sur des animaux vivants et/ou anesthésiés. D’autres solutions existent aujourd’hui (mannequins, réalité virtuelle 3D, anatomie sur personnes décédées ayant donné leur corps à la science…). Sur le plan de la recherche et de la toxicologie réglementaire (autorisation de mise sur le marché ou « AMM ») des techniques alternatives validées existent, permettant d’utiliser beaucoup moins d’animaux, si elles sont vraiment utilisées.
AE : Selon vous, quelles actions et démarches seront les plus utiles pour accélérer la transition vers une recherche biomédicale sans animaux ?
JS : Tout d’abord, sur le plan législatif, les résolutions et décrets européens et français insistent tous sur la nécessité d’appliquer vraiment une réduction et un remplacement des animaux utilisés à des fins scientifiques et expérimentales. Au vu des chiffres annuels publiés par le ministère de la recherche depuis 2014, on est loin du compte. Les laboratoires de recherche, chercheurs, instituts, impliqués dans l’expérimentation, semblent ignorer volontairement ces textes. Or, nul n’est censé ignorer la loi. À défaut, les actions juridiques doivent être menés sur ces différents acteurs, tant au niveau français qu’européen pour faire respecter ces textes de loi.
AE : Nous vous remercions vivement pour le temps que vous avez consacré à cet entretien. Souhaitez-vous partager d’autres commentaires avec nos lecteurs ?
JS : La Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis, après une loi votée en décembre 2022, n’exige plus que les nouveaux médicaments soient testés sur des animaux avant d’être approuvés. La France doit donc prendre la même décision.