Un moucheron attaque l’empire des OGM
Le professeur Gilles-Eric Séralini a publié une étude montrant les effets d’une alimentation contenant du maïs OGM sur une dizaine de rats. Difficile d’ignorer le tapage médiatique qui s’en est suivi ! Il est peu probable que les autorités en charge de la santé publique en tiennent compte. Pourtant, il serait facile d’établir, une fois pour toutes et par des méthodes fiables, donc sans rats « modèles, l’éventuelle toxicité des OGM pour l’homme.
Par Claude Reiss
Les médias nous ont abreuvés pendant une quinzaine fin septembre 2012 avec les résultats du CRIIGEN (G.E. Séralini) relatifs à l’effet cancérigène du maïs génétiquement modifié (OGM) Monsanto NK603 sur des rats. On notera que Monsanto se protège contre toute critique de ce maïs en en interdisant les études scientifiques sans son autorisation, ce qui a obligé Séralini à s’en procurer par une voie détournée.
L’OGM testé est du maïs modifié pour résister à l’herbicide Roundup produit par Monsanto aussi. Le glyphosate, molécule active du Roundup, a également été testé par Séralini. Il inhibe une enzyme qui intervient dans la synthèse d’aminoacides aromatiques essentiels, lesquels participent à leur tour à la synthèse de vitamines et de métabolites secondaires. Le glyphosate effectue son action inhibitrice en empêchant la liaison avec le phosphoénol pyruvate, un métabolite présent dans tous les organismes vivants. Le Roundup contient aussi un agent dispersant, le détergent polyoxyéthylèneamine. Le Roundup pourrait donc s’avérer toxique non seulement pour les plantes, mais pour tous les êtres vivants y compris l’homme.
Quelques milliards et beaucoup de polémique
Utilisé massivement depuis 40 ans, le Roundup a été l’objet de très nombreux travaux tendant à démontrer ou à nier sa nocivité. Vu le poids financier du produit (et celui de son fabricant, Monsanto, qui a un chiffre d’affaire de près de 12 milliards de dollars et un bénéfice net de près de 1,7 milliard de dollars), on n’est pas étonné que chaque étude « à charge » soit immédiatement contredite par une étude innocentant le produit. On n’est pas surpris non plus de constater que les études niant les effets toxiques soient souvent effectuées par des chercheurs de Monsanto ou recevant un support financier de cette firme, tout comme probablement beaucoup d’intervenants pro-Monsanto dans les médias notamment.
La publication de l’étude de l’équipe Séralini n’a pas échappé à cette règle. Vous avez sans doute vu ou entendu ce consultant « expert » pour l’industrie alimentaire répéter dans tous les médias : « Ce travail est nul et non avenu. Il n’est pas question de prendre en compte ces résultats ». Pourquoi ? D’abord des arguments qui se veulent scientifiques : résultats pas significatifs car trop peu de rats, biais du fait que la lignée de rats choisie est connue depuis 40 ans pour développer spontanément des tumeurs. Ensuite, quelques affirmations gratuites (donc pas de preuve mais instillant le doute) : alimentation des rats pas assez variée, quantités peut-être excessives de maïs, éventuellement contaminé par une toxine, ces rats seraient en plus « très sensibles à l’apparition de tumeurs » sous l’influence de mystérieux « facteurs environnementaux » (la taille ou la couleur de la cage, l’humeur de l’animalier ?). Puis, scénario classique, on passe à l’attaque personnelle : Séralini n’est pas indépendant, il est financé par la grande distribution qui a un marketing anti-OGM, il a effectué ses travaux en secret et s’est livré à une mise en scène honteuse pour communiquer sur cette étude, il a déjà publié par le passé des résultats « désavoués » par la communauté scientifique (en réalité la partie que l’on autorise à s’exprimer), il est incompréhensible que ce travail ait été publié dans une revue internationale sérieuse…
Fait curieux, cet « expert » a la mémoire courte ou sélective : il oublie de dire que pour obtenir l’autorisation de mettre ce maïs sur le marché, Monsanto a utilisé la même lignée et le même nombre de rats nourris de son maïs, mais 3 mois seulement, contre 2 ans pour l’étude de Séralini. On apprend aussi qu’il y aurait des lignées de rats plus résistantes que d’autres à la cancérisation, qui dépendrait de l’abondance de nourriture. L’ « expert » oublie aussi de nous dire (bien qu’il affirme être « totalement indépendant des firmes de biotechnologie ») qu’il a écrit un article intitulé « La désinformation sur les OGM doit cesser », qu’il a mis en cause le bio pour prôner l’élevage en batterie car, écrit-il, « tous les aliments produits en plein air, dont la viande, le lait et les œufs AB sont les plus exposés aux contaminations chimiques, microbiennes et parasitaires provenant de l’environnement ». Voilà qui cadre bien le personnage, un « ange blanc » qui ne roulerait pas pour Monsanto, qui ne serait pas intervenu auprès de la revue américaine qui a publié le travail que Séralini a fait en cachette s’il en avait été averti à temps…
Monsanto, qui partage probablement l’avis de cet « expert », fait le dos rond et se contente de diriger les médias vers le Science Media Centre (SMC) à Londres, qui publie une série de déclarations de scientifiques, reprises par l’agence Reuters, toutes hostiles à l’étude de Séralini. Normal, quand on sait que ce Centre est largement financé par tous les grands noms de l’industrie de la biotechnologie (BASF, Bayer, Novartis, CropLife International…), on ne laisse pas n’importe qui s’y exprimer.
Nous ne voulons pas nous immiscer dans cette querelle, il y a des torts des deux côtés. Monsanto est une entreprise commerciale et c’est sans surprise qu’elle défend les produits qu’elle vend, avec des arguments quelques fois discutables. Quant à Séralini, son étude ne permet pas d’établir de façon certaine la cancérogénicité de ce maïs OGM ou du Roundup, ni pour la lignée de rats testée, ni pour les rats en général. En effet, une étude sur des cohortes de seulement dix rats ne permet pas de tirer une conclusion « statistiquement significative ». Les lois de la statistique font que sur un aussi petit nombre d’individus, vous pouvez obtenir le résultat que Séralini a obtenu, ou bien tout autre entre 0 cancer et 10 cancers (jetez 10 fois une pièce et comptez les nombres de piles (cancer) et de revers (pas cancer), il y a peu de chance que vous obteniez 5 piles et 5 revers, vous vous approcheriez de cette égalité « significative » au bout de 40 ou 50 jets seulement. Même si Séralini avait étudié des cohortes de plusieurs dizaines de rats, il n’aurait pas pu valablement conclure, car le résultat, bien que statistiquement significatif, aurait été entaché de doutes liés d’une part à l’influence des rations l’alimentaires –trop riches par exemple, elles facilitent la formation de tissus adipeux réserves qui concentrent et conservent les substances cancérigènes- mais aussi les doutes liés au fond génétique des rats étudiés, qui les prédisposent au développement spontané de tumeurs. Malgré les images impressionnantes des tumeurs, ses tests ne peuvent pas permettre à Séralini d’affirmer que les substances étudiées sont cancérigènes pour la lignée de rats qu’il utilise, ni pour les rats en général, et a fortiori pas pour l’homme, pour lequel le rat n’est pas un modèle.
Revenons sur Terre
Si Antidote Europe s’intéresse exceptionnellement à cette étude sur le rat, c’est pour en tirer quatre observations de bon sens. Elles ont curieusement échappé aux protagonistes de l’affaire et aux médias, qui en ont fait pourtant leur miel pendant plusieurs semaines.
La première est que cette dispute ne nous apprend strictement rien quant aux effets du Roundup et du maïs NK603 sur le consommateur humain, simplement parce que nous ne sommes pas des rats. Aucun des très nombreux commentateurs de cette affaire n’a relevé ce « détail », obnubilés qu’ils étaient par les rats, d’un côté comme de l’autre. Même si les tests avaient été effectués sur notre plus proche cousin, le chimpanzé, les résultats ne nous auraient rien appris quant aux effets chez l’homme.
Deuxièmement, bien que mis en garde par notre association il y a 6 ou 7 ans sur l’illusion d’un animal « modèle » de l’homme, véritable invitation à controverses, Séralini persiste et se retrouve de ce fait, comme c’était prévisible et prévu, face à la meute que lui envoie l’industriel. Ces détracteurs ont une argumentation facile : mauvaise lignée de rats qui ont une tendance à développer spontanément des tumeurs, en plus selon les rations de nourriture, trop peu d’animaux dans l’étude (il faudrait 5 fois plus de rats et donc 12 millions d’euros en plus des 3,2 millions dépensés par Séralini), pas de traçabilité du maïs utilisé (et pour cause puisque Monsanto en interdit l’étude ! Y aurait-il quelque chose à cacher ? Mais non, voyons, secret industriel oblige…), sa provenance et sa qualité hygiénique ne sont pas clairs, etc.
Même si ces arguments étaient balayés, il suffirait de refaire ces tests toujours sur des rats mais d’une lignée différente et nourris différemment. Il y a des chances que l’on aurait un résultat différent, peut-être opposé à celui obtenu par Séralini. Conclusion que nos lecteurs connaissent depuis longtemps : on peut faire dire aux « modèles animaux » une chose et son exact contraire, il suffit de choisir l’espèce, la lignée dans l’espèce et la nourrir bien ou mal, selon le résultat souhaité. Cette fois, ce n’est pas seulement nous qui le disons. C’est confirmé par des « experts » qui se croient obligés d’invoquer en plus de mystérieux « facteurs environnementaux ». Selon que le test sur animaux donne un résultat qui les arrange (ou non), les « experts » jugeront le test correct (ou « nul et non avenu »). Si La Fontaine revenait, il pourrait ajouter « Le moucheron et l’empire des OGM » à « Le loup et l’agneau » et à « Les animaux malades de la peste ». C’est quoi déjà, l’honnêteté intellectuelle ?
D’où notre troisième observation : pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché, que ce soit pour des OGM, des additifs alimentaires, des pesticides ou toute substance chimique ou facteur physique comme les dispositifs utilisant les microondes (WIFI, téléphones portables…), les résultats de test sur « modèles » animaux sont « nuls et non avenus », même un peu toilettés pour séduire le comité en charge de délivrer l’autorisation. Les autorités devraient s’imprégner de cette vérité : aucune espèce animale n’est un modèle biologique fiable pour une autre. Aux autorités sanitaires d’imposer des tests scientifiques (toxicogénomique, par exemple) sur du matériel biologique d’origine humaine (cellules en cultures, tissus en perfusion) et de refuser de prendre en considération les données obtenues sur d’illusoires « modèles » qui induisent souvent gravement en erreur.
Il ne serait pas prudent de demander à l’industrie d’effectuer ces tests, car elle serait juge et partie. Les études devraient être confiées à une structure étatique ou européenne, regroupant des experts indépendants de tout groupe de pression, financés sur le budget de l’Etat ou de l’Union européenne. Les résultats, favorables ou défavorables, devraient être présentés d’une part sommairement pour être compréhensibles du grand public, et d’autre part détaillés intégralement à l’intention des scientifiques intéressés, dans des rapports diffusés sur internet et certifiés par les experts qui y ont contribué.
Quatrième et dernière observation : la machine de guerre de dimension planétaire, insoupçonnée du public, mise en place par les lobbies industriels pour convaincre le consommateur de l’innocuité de substances, notamment celles qu’il a dans son assiette. Ces lobbies interviennent à cette fin avec de l’argent plein les poches, car les industriels concernés leur donnent une fraction (qui, bien qu’infime se chiffre en centaines de millions) des centaines de milliards qu’ils gagnent en vendant leurs produits. En amont d’abord, les lobbies s’activent auprès des hommes politiques nationaux et européens ; mais aussi auprès des établissements de recherche publics ou privés, qui sont priés de surveiller qu’il n’y ait pas de travaux pouvant nuire aux industriels qu’ils défendent, et éventuellement de sanctionner pour l’exemple ceux qui marchent en-dehors des clous. Ces lobbyistes s’activent également auprès des agences et autorités en charge de la santé, dans lesquelles ils placent des hommes ou femmes qui leur sont dévoués, où ils font ensuite venir leurs copains pour noyauter et avoir la majorité « démocratique » quand cela leur est utile pour faire adopter les tests qui les arrangent (le modèle animal est leur chouchou pour sa « flexibilité »). Pour être sûrs d’être bien compris, ils créent des « Instituts » aux noms ronflants (ILSI, le SMC cité plus haut et son homologue français l’AFIS, l’AFBV, etc.) qui se préoccupent de recruter des chercheurs prêts à se vendre pour avoir quelques miettes –si en plus ces chercheurs sont reconnus par leurs pairs, leur renommée et leurs témoignages pourront être bien utiles. Mais on ne peut pas éviter qu’un solitaire comme Séralini jette le doute. La volée de flèches qu’il a reçue –et l’armée d’archers qui les ont décochées- montrent ce qu’il en coûte.
Si les 3,2 millions d’euros dépensés par Séralini pouvaient permettre de diffuser auprès du grand public ces 4 observations, ils n’auraient pas été jetés par la fenêtre.
L’animal, modèle de l’homme ?
Le consommateur soucieux de sa santé se dit peut-être : dénoncer le modèle animal est une chose, mais d’abord il nous indique qu’il y a danger pour les rats et donc pour nous, et puis par quoi le remplacer ? Observations apparemment de bon sens, depuis le temps qu’on lui répète que le modèle animal est fiable pour lui et qu’il n’y a pas d’alternatives. Sauf que le modèle animal est une pure fiction et que les progrès des sciences mettent à dispositions des méthodes toxicologiques réellement scientifiques, qui donnent des résultats fiables pour l’homme, 100 fois moins cher et 100 fois plus rapides que les tests sur des rongeurs.
Dire qu’aucune espèce animale n’est le modèle biologique de l’homme, comme nous le faisons depuis la création d’Antidote Europe, n’est pas une affirmation gratuite. Cela se démontre par une argumentation scientifique rigoureuse, et claire même pour un enfant de huit ans. Une espèce animale est définie par son isolement reproductif (par exemple un chien ne peut se croiser avec un chat), dû au fait que ses chromosomes sont uniques et ne peuvent se complémenter (une condition stricte de la reproduction sexuée) avec ceux d’aucune autre espèce. Les chromosomes d’une espèce contiennent l’ensemble des gènes, notamment ceux mis en œuvre dans sa réponse à un stress extérieur ou à une maladie. Deux espèces différentes ont donc des gènes différents et vont chacune réagir spécifiquement à un stress donné, ou à une maladie. Les réponses iront du semblable à l’opposé ou à toutes les gradations de différences, impossibles à déterminer d’avance.
Du fait de cette barrière, aucune espèce animale n’est un modèle biologique fiable pour une autre, même proche dans l’évolution. Le chimpanzé, par exemple, notre plus proche cousin, est immunisé contre le virus du SIDA, peu concerné par le virus de l’hépatite B et succombe au virus Ebola, soit des réactions respectivement opposées, différentes ou semblables à celle de l’homme.
Les victimes du « modèle animal »
Tant que l’on fera confiance aux tests sur animaux « modèles », les incidences et prévalences de pathologies majeures (dont les cancers en cause ici) continueront à grimper à vive allure, comme elles le font depuis plusieurs décennies en France et dans l’Union européenne. Pour le cancer par exemple, selon les données de l’InVS, on est passé de 0,8% de la population âgée de plus de 50 ans, diagnostiquée par an en 1985, à 1,8% en 2005. Le problème dépasse nos frontières : le CIRC (OMS) observe que l’on a diagnostiqué en 2006 en Europe 3,2 millions de cas de cancer, contre 2,9 millions en 2004, et que la mortalité due au cancer est passée de 1,5 millions en 2004 à 1,7 millions en 2006.
Les tests sur des animaux, toujours imposés règlementairement avant de mettre un produit comme un OGM sur le marché, contribuent significativement à ces augmentations. Outre les drames personnels derrières ces chiffres, le coût social croît dans des proportions telles que nous ne pourrons bientôt plus le supporter. Il faut y mettre un terme maintenant car les taux de ces pathologies augmentent très vite ! Par exemple, en extrapolant les données de la période 1980 à 2006 d’incidences annuelles pour tous les cancers dans la population des plus de 50 ans jusqu’en 2050, 4,5% de cette population (de l’ordre du million de personnes) serait alors annuellement diagnostiquée avec un cancer.
Les tests fiables existent
La toxicologie est simplement de la biologie dans l’environnement du produit à évaluer. Tous les concepts, méthodes et outils de la biologie moderne peuvent être mobilisés à cette fin.
La toxicogénomique, par exemple, identifie les gènes dérégulés dans des cellules humaines en culture et mesure les taux de dérégulations à l’aide des outils de la génomique. Ces derniers permettent d’observer et de quantifier les niveaux d’expression d’un grand nombre, ou de la totalité, des gènes dans une cellule à un instant donné, à l’aide de « puces à ADN » ou de PCR (réaction de polymérisation en chaîne), plus précise et moderne. Connaissant les fonctions biologiques des gènes dont les niveaux d’expression ont été modifiés par la présence de la substance à tester, nous pouvons en déduire les toxicités (cancers, diabète, toxicité pour la reproduction, toxicité pour le développement embryonnaire ou foetal, neurotoxicité, immunotoxicité…) subies par les cellules et prédire les voies pathologiques dans lesquelles ces cellules sont forcées par la substance à tester, au court, moyen ou long terme.
L’extrapolation de la cellule à l’homme peut paraître hasardeuse à première vue. Ce n’est pas le cas : chacun d’entre nous est issu d’un œuf fécondé qui s’est divisé environ 50 fois pour donner naissance au million de milliards de cellules de notre corps (à chaque division, le nombre de cellules est multiplié par deux, soit 50 fois 2x2x2… ou 2 puissance 50 (250), qui vaut approximativement 1 suivi de 15 zéros (1015) ou un million de milliards)Ade rares exceptions près, toutes ces cellules partagent avec l’œuf fécondé le même patrimoine génétique. Ce qui est toxique pour l’une l’est également pour toutes les autres, avec des modulations liées aux tissus ou organes dont elles sont issues.
En 2004, nous avons testé par toxicogénomique (c’était alors une première en Europe) les effets sur deux lignées de cellules (neuronales et hépatiques) exposées à deux concentrations et pendant deux temps d’exposition à une trentaine de substances chimiques, dont la moitié de pesticides, ainsi que leurs métabolites (résultats consignés dans la base internationale MIAME, ArrayExpress réf. E-TOM-31 pour la partie expérimentale, A-MEXP-789 pour l’organisation de notre puce à ADN et, de façon vulgarisée, dans le hors série de La Notice d’Antidote). Ces études confirment que, chez l’homme, la plupart des pesticides étudiés sont, à des concentrations pourtant déclarées « sans effet », des proliférateurs endocriniens, des cancérigènes, des neurotoxiques et induisent des pathologies graves comme le diabète, Alzheimer ou Parkinson.
Tester sérieusement le maïs OGM et les pesticides
L’étude par toxicogénomique du Roundup est triviale : actions sur diverses lignées cellulaires du glyphosate et du polyoxyéthylèneamine seuls, puis de leurs métabolites produits par l’exposition de ces substances à des cellules hépatiques humaines ; ensuite évaluation par toxicogénomique de leurs mélanges substance + substance, métabolite + métabolite et substance + métabolite, pour observer les dérégulations génétiques produites par ces mélanges et leurs éventuels effets synergiques.
L’étude par toxicogénomique de l’OGM pourrait s’effectuer en deux phases :
(i) transfection de la construction génétique modifiant le maïs, dans des cellules des organes et tissus humains, en priorité de notre système digestif. Ces constructions, présentes dans nos aliments soit directement, soit indirectement à partir d’aliments issus d’animaux nourris avec l’OGM, sont en effet susceptibles, dans l’intestin par exemple, de pénétrer dans les cellules à partir du transit d’aliments les contenant. On testerait ainsi non seulement le gène qui qualifie l’OGM, mais aussi les gènes des constructions et reporters qui l’accompagnent (résistance à un antibiotique, contrôle et régulation de l’expression).
(ii) exposition de lignées cellulaires humaines au(x) produit(s) de(s) gène(s) de la construction génétique de l’OGM.
Ces études coûteraient entre 3 et 5% de ce qu’a coûté l’étude de Séralini et prendraient 2 à 3 semaines dans un laboratoire équipé. Et surtout, elles fourniraient des résultats pertinents pour l’homme. Probable que certains industriels s’en étrangleraient ! Ils préfèrent de loin faire des tests sur des animaux qui leur permettent un protocole expérimental leur donnant exactement le résultat qu’ils souhaitent ou voir faire des tests sur des animaux que l’on peut aisément critiquer. Exemple : un test de carcinogénicité mammaire d’une substance « un peu » cancérigène sur des rats Copenhagen (c’est le nom de la lignée) nourris de façon restreinte donnera un résultat négatif, alors que le test avec le même produit sur des rats Wistar-Furth (autre lignée) bien nourris donnera un résultat positif, car ces derniers développent des tumeurs mammaires bien plus facilement que les premiers.
Science ou tromperie ?
Un dernier constat, « pour la route » : la naïveté confondante de ceux qui croient au modèle animal, la roublardise de ceux qui n’y croient probablement pas mais y trouvent un moyen idéal pour faire des bénéfices en vous persuadant de mettre dans votre assiette les substances de destruction massive qu’ils proposent, brouillent l’image de la recherche scientifique dans le public, qui ne sait plus à qui faire confiance. Ce buzz leur a donné l’occasion une fois de plus de semer le doute. On peut être assuré qu’il sera exploité pour continuer à enfoncer le clou : pour les industriels, la bonne science est celle qui leur donne des résultats qui leur sont favorables, tous les résultats qui leur sont défavorables ne peuvent être que fruits d’une mauvaise science et sont, d’avance, décrétés « nuls et non avenus ».
Vu les moyens pharaoniques dont disposent ces industriels, le consommateur n’entend déjà presque plus qu’eux, des voix discordantes comme la nôtre sont encore à peine audibles et seulement par des personnes très attentives et sensibilisées aux questions de santé. Nous sommes des moucherons, face à l’empire des OGM.