La 200ème conférence d’Antidote Europe !
Le vendredi 1er décembre 2017, grand événement : André Ménache donnait la deux-centième conférence d’Antidote Europe ! Oui ! Pas moins de 200 conférences données depuis la création de notre association. A quelques très rares exceptions près, toutes données par des scientifiques. Notre public : parlementaires, médecins, chercheurs, étudiants, lycéens, collégiens, militants et, bien sûr, le grand public. A marquer d’une pierre blanche, ce vendredi 1er décembre 2017 aura vu l’un de nos principaux accomplissements : expliquer en termes simples un problème scientifique et réglementaire complexe et débattre d’égal à égal avec d’autres scientifiques.
Le 20 octobre 2023, nous étions présents à une table ronde publique sur l’expérimentation animale. Organisé par le Parti Animaliste et le collectif Camp Beagle Gannat que nous remercions très vivement pour leur invitation, cet événement a eu lieu à la mairie de Bellerive sur Allier. À partir de 18h30, cinq scientifiques ont échangé pendant plus de deux heures. Brigitte Rault, vétérinaire et référente du Bureau éthique et animaux à l’INSERM, et Ivan Balansard, vétérinaire du CNRS et président du GIRCOR, ont défendu l’utilisation d’animaux à des fins scientifiques en se basant surtout sur le principe des 3Rs (réduction, raffinement et remplacement des essais sur des animaux) qui est un principe éthique et ne remet pas en question la fiabilité pour l’être humain des résultats obtenus sur des animaux. Roland Cash, médecin et vice-président de Transcience, et André Ménache, vétérinaire et conseiller scientifique d’Antidote Europe, ont présenté des arguments scientifiques appelant au remplacement des essais sur des animaux par des méthodes modernes. Enfin, Yohann Wittrant, chercheur à l’Université de Clermont-Ferrand et co-fondateur de l’entreprise Clinic’n’Cell, a présenté son travail sur des cellules humaines en culture.
Une quarantaine de personnes étaient présentes, dont des élus locaux et des représentants politiques et associatifs. Les échanges ont été retransmis en direct sur Facebook où environ 300 personnes étaient connectées. Le sentiment général serait que la science pourrait remplacer certains essais sur des animaux mais pas tous. Or, d’après les commentaires publiés au fur et à mesure, des internautes ont estimé que M. Balansard monopolisait le temps de parole, faisant des affirmations auxquelles les scientifiques opposés n’ont pas pu répondre. Notre rôle a été le plus difficile d’une part parce que les arguments scientifiques ne peuvent pas se vulgariser en si peu de temps et d’autre part, précisément, parce que notre temps de parole a été limité. Pour ceux qui voudraient voir l’enregistrement de ce débat, rendez-vous sur https://www.facebook.com/CampBeagleGannat
Cet événement faisait suite à un rassemblement devant les portes de Marshall BioResources, un élevage de près de 2000 chiens destinés aux laboratoires, situé à Gannat.
Entretien avec Pandora Pound, docteur en sociologie de la médecine
Pandora Pound est directrice de recherche à Safer Medicines Trust (Association Médicaments plus sûrs), une organisation de bienfaisance œuvrant pour la sécurité des patients, basée au Royaume-Uni. Elle est titulaire d’un doctorat de sociologie de la médecine et a plus de vingt ans d’expérience dans la direction de recherche dans plusieurs domaines. En 2004, elle a été l’auteur principal d’un article ayant fait date, publié par le British Medical Journal, qui a suscité une série de revues de synthèse qui ont finalement mis en évidence les limites scientifiques de l’utilisation d’animaux en recherche préclinique. Elle a écrit de nombreux articles académiques sur les inconvénients scientifiques d’utiliser des animaux en tant que modèles pour l’être humain. Elle est membre du Oxford Centre for Animal Ethics.
Antidote Europe (AE) : Nous sommes à la fois ravis et honorés de pouvoir nous entretenir avec vous à l’occasion de la parution de votre nouveau livre intitulé Rat Trap (Piège à rats ; voir https://antidote-europe.eu/critique-du-livre-rat-trap/). Pourriez-vous dire à nos lecteurs ce qui vous a motivée à écrire un tel livre en ce moment particulier ?
Pandora Pound (PP) : Merci beaucoup pour cette occasion de présenter Rat Trap, je l’apprécie vraiment. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai ressenti le besoin d’écrire ce livre maintenant. Premièrement, beaucoup de preuves se sont accumulées dans la littérature scientifique (des preuves de la médiocrité de la science sous-tendant la recherche sur des animaux, ainsi que des preuves de sa futilité) et j’ai senti qu’il était important de faire connaître ces preuves et de les vulgariser. Le fait que la science sous-tendant la recherche sur des animaux soit médiocre est un secret de Polichinelle dans le monde scientifique, mais beaucoup parmi le grand public continuent à considérer la recherche sur des animaux comme un « mal nécessaire » et pensent que la science est robuste. Hélas, comme je le signale dans Rat Trap, ceci est loin d’être vrai. Deuxièmement, après des décennies de recherche sur des animaux, il devient clair que, loin de faire progresser la médecine, cette recherche a échoué à produire des traitements même pour les maladies les plus courantes, telles que les attaques cérébrales, la maladie d’Alzheimer et les cancers, ce qui signifie que les patients et les familles continuent de souffrir, en dépit des millions que nous payons en impôts et en dons pour la recherche sur des animaux.
Par bonheur, toutefois, des technologies innovantes et de nouvelles approches inspirantes ne reposant pas sur les animaux arrivent en première ligne et ceci est la troisième raison pour laquelle j’ai écrit ce livre maintenant. Les technologies basées sur les cellules humaines et la biologie humaine, ajoutées aux méthodes basées sur l’informatique (in silico), à l’intelligence artificielle et aux approches se focalisant sur les signes les plus précoces des maladies commencent à révolutionner la science biomédicale, et je voulais en parler au public.
AE : Pourriez-vous expliquer comment vous avez découvert l’expérimentation animale et quels événements vous ont amenée à douter de la valeur scientifique de cette pratique ?
PP : J’ai travaillé pendant plusieurs années dans des écoles de médecine et j’étais consciente que quelque part dans les entrailles de ces institutions il devait y avoir un laboratoire de recherche sur des animaux. Ce n’est pas avant la fin des années 1990, pourtant, alors que je travaillais à l’École de médecine de l’hôpital St Thomas à Londres, que le problème est devenu plus obsédant pour moi. Là, mon bureau était proche du laboratoire d’expérimentation animale et je voyais de temps en temps des cages sur des chariots être poussées dans ou hors d’un tunnel de service qui se trouvait sous l’école de médecine et j’ai une fois vu un mouton être déchargé dans une cour sous mon bureau et amené dans l’école de médecine.
J’ai essayé d’en savoir davantage en répondant à un appel lancé au grand public pour intégrer le comité d’éthique sur la recherche sur des animaux dans l’école de médecine mais le président a clairement indiqué que ma candidature n’était pas la bienvenue. J’ai commencé à réfléchir et à lire de plus en plus sur ce problème. J’étais particulièrement intéressée par la justification donnée à la recherche sur des animaux (les bénéfices supposés pour l’être humain) et j’ai cherché de fond en comble des preuves de bonne qualité du fait que la recherche sur des animaux générait des bénéfices pour l’être humain, mais je n’ai pas pu en trouver. Tout semblait être anecdotique ou soigneusement sélectionné. Des affirmations étaient faites par des institutions scientifiques ou médicales réputées à propos de la valeur de cette recherche (qu’elle était à l’origine de découvertes médicales, essentielle pour le progrès médical, etc.) mais sans aucune preuve pour les soutenir. Quelques années plus tard, avec des professeurs d’épidémiologie, j’ai attiré l’attention sur ce problème dans un article intitulé « Où sont les preuves que la recherche sur des animaux profite aux humains ? », publié dans le British Medical Journal.
AE : D’après vous, quels sont les plus gros obstacles qui se dressent sur la voie du remplacement du paradigme du modèle animal dans le domaine des essais réglementaires ?
PP : Les agences de réglementation utilisent les essais sur des animaux depuis des décennies et ont tendance à les voir comme les essais de référence parce qu’elles en ont l’habitude, et le système réglementaire international dans son ensemble est harmonisé avec elles. Elles se sentent en confiance en utilisant les données animales en tant que base pour prendre des décisions sur la sécurité des médicaments et ont tendance à méconnaître le potentiel des méthodologies basées sur la biologie humaine. Ceci signifie que les responsables de la réglementation sont souvent incapables de fournir des indications claires aux scientifiques qui veulent utiliser des méthodes centrées sur l’être humain. En l’absence de ces lignes directrices, les scientifiques qui utilisent des approches innovantes peuvent craindre que leurs données basées sur l’être humain soient rejetées par les responsables de la réglementation. Donc, ils continuent à soumettre des données animales, ce qui leur paraît être la voie la plus simple et la plus rapide pour obtenir l’approbation réglementaire.
Pour éviter la confusion, les responsables de la réglementation devraient expliciter leurs exigences de façon bien plus claire. La FDA Modernisation Act 2022 [loi étasunienne ; voir https://antidote-europe.eu/action-lobbying/ à la date du 29 décembre 2022 ; NdT] a récemment établi que les scientifiques aux États-Unis ne sont plus obligés d’utiliser des animaux pour les essais de sécurité des médicaments, préparant ainsi la voie pour l’innovation. Il est nécessaire que d’autres responsables de la réglementation fassent de même. Toutefois, la responsabilité de la persistance de l’utilisation d’animaux par les firmes pharmaceutiques ne repose pas toute sur la réglementation. Des firmes peuvent tirer un bénéfice de réglementations qui imposent l’utilisation d’animaux dans les essais de sécurité car, ironiquement, ceci leur apporte une protection légale en cas de procès intenté par des individus qui auraient souffert d’effets secondaires de médicaments. Ceci est une autre raison pour laquelle il y a une nécessité urgente de réformer les réglementations ; une fois que les données animales ne seront plus considérées comme la référence, les firmes ne pourront plus se protéger de cette façon.
AE : D’après vous, quels sont les plus gros obstacles qui se dressent sur la voie du remplacement du paradigme du modèle animal dans le domaine de la recherche académique ?
PP : Il y a beaucoup d’obstacles mais un facteur réellement important est l’échec de la réglementation sur la recherche sur des animaux. Au Royaume-Uni, les responsables de la réglementation continuent d’approuver et autoriser chaque étude sur des animaux qui leur est soumise, même s’ils affirment que les études sur des animaux ne sont approuvées qu’en dernier recours, quand il n’y a aucun autre moyen d’effectuer la recherche. Un autre facteur est le financement. Depuis des décennies, la recherche sur des animaux qui a échoué de façon cohérente et reproductible à produire quelque bénéfice que ce soit (par exemple, dans le domaine des attaques cérébrales) continue à être financée. Les bailleurs de fonds ne semblent pas évaluer les résultats ou l’impact de leur recherche ; ils semblent juste continuellement déverser de l’argent public sur des approches inefficaces, tout en échouant à financer correctement des approches plus susceptibles de fournir des bénéfices, telles que celles basées sur la biologie humaine.
Les études sur des animaux continuent à être considérées comme la référence par les éditeurs de beaucoup de journaux scientifiques, ce qui rend la publication plus probable si des animaux sont utilisés. Les scientifiques peuvent avoir de longues et lucratives carrières en utilisant des animaux et les universités bénéficient du financement que la recherche sur des animaux attire. L’utilisation d’animaux en sciences est aussi une entreprise globale massive et beaucoup de personnes en vivent, directement ou indirectement. Il y a aussi des organisations qui n’existent que pour protéger les intérêts des chercheurs qui utilisent des animaux et pour perpétuer l’utilisation des animaux en recherche scientifique. Ces groupes, par exemple « Animal Research Tomorrow » (La Recherche sur des animaux demain), promeuvent l’idée que la recherche sur des animaux est indispensable et qu’elle est là pour durer. Ils sont conscients de l’abandon imminent de la recherche sur des animaux et font tout ce qu’ils peuvent pour maintenir le statu quo.
AE : Que devrait-il arriver à présent pour accélérer la transition de l’expérimentation animale vers les technologies du 21ème siècle basées sur l’être humain ?
PP : À Safer Medicines Trust, nous promouvons l’utilisation de méthodes de recherche et de technologies basées sur la biologie humaine pour développer des traitements sûrs et efficaces pour les patients. Avec nos partenaires d’Alliance for Human Relevant Science (Alliance pour la science pertinente pour l’être humain), nous appelons le gouvernement à montrer l’exemple dans le soutien à une transition hors de la recherche sur des animaux et vers la recherche centrée sur l’être humain et nous voulons un ministre dédié à mener cette transition, avec des agendas et des objectifs appropriés.
En bref, une transition de la recherche sur des animaux vers la recherche centrée sur l’être humain doit se focaliser sur une réforme radicale du financement et des réglementations. Nous appelons à une révision des réglementations encadrant le développement des médicaments et nous demandons que les réglementations encadrant la recherche sur des animaux soient correctement appliquées. Nous n’avons pas besoin d’argent pour cela. Il suffit que les bailleurs de fonds découragent la recherche sur des animaux et encouragent la recherche pertinente pour l’être humain en retirant leur financement aux approches obsolètes basées sur les animaux. Pour commencer, le financement de la recherche sur des animaux dans des domaines tels que les attaques cérébrales, où des décennies de travail n’ont abouti à rien, devrait cesser immédiatement. Le financement de la recherche fondamentale, motivée par la curiosité, devrait aussi être reconsidéré. Ce type de recherche compte pour la plus grande part des expériences faites sur des animaux au Royaume-Uni (53 % en 2022, à comparer à 21 % pour les expériences requises par la réglementation et 24 % pour la recherche appliquée). Elle n’a pas d’application directe pour les humains et son impact (à part attirer du financement, produire des docteurs et doper les carrières) n’est pas clair. Comme les universités et les scientifiques dépendent de tous les financements disponibles, une réforme radicale de l’ensemble des financements possibles serait très efficace.
AE : Nous vous sommes extrêmement reconnaissants pour cet entretien et pour toutes vos publications sur ce sujet, ainsi que pour votre merveilleux nouveau livre. Y a-t-il autre chose que vous voudriez ajouter ?
PP : Merci. Je voudrais juste répéter que la recherche sur des animaux nuit aux humains aussi bien qu’aux animaux. Elle échoue à assurer la sécurité des médicaments destinés à l’être humain et entraîne de grandes souffrances pour les patients atteints de maladies pour lesquelles il n’y a pas de traitement efficace. Après des décennies passées à étudier les maladies et les traitements sur des animaux et à tenter ensuite d’appliquer les résultats aux humains, nous pouvons à présent dire en toute connaissance de cause que cette approche n’a pas fonctionné. Il est beaucoup plus sensé d’étudier l’être humain directement. Et nous avons à présent tant de moyens d’étudier les humains -des moyens qui sont plus éthiques, plus fiables et plus scientifiques.
Le 19 septembre 2023, Le Monde publiait un article sur les risques industriels et plus particulièrement ceux impliquant l’utilisation ou le stockage de produits chimiques dangereux. Après l’explosion de l’usine AZF à Toulouse le 21 septembre 2001, des plans de prévention des risques technologiques ont été instaurés mais vingt ans après, le constat est à l’échec. Des dizaines de milliers de personnes sont exposées à des risques industriels dans leurs habitations et l’État se désengage financièrement du soutien à des travaux d’aménagement de ces derniers. Antidote Europe publiait ce commentaire : « Les personnes, et non les substances chimiques, ont le droit d’être présumées innocentes jusqu’à preuve du contraire.
Les personnes ont aussi le droit de ne pas subir des expériences sans leur consentement éclairé ; il n’a été donné à personne l’occasion de donner ou de refuser son consentement avant d’être exposé au fardeau [toxique] qui à présent nous contamine tous. Sous le règlement REACH, même si une substance présente un risque pour la santé humaine ou pour l’environnement, l’autorisation peut être donnée s’il est prouvé que les bénéfices socio-économiques dépassent les risques générés par son utilisation et s’il n’y a pas d’alternatives appropriées. REACH est à l’opposé du principe de précaution, en grande partie en raison de défauts intrinsèques à son paradigme d’évaluation du risque. Ce paradigme ignore des preuves empiriques ainsi que des principes fondamentaux de la biologie de l’évolution et des systèmes complexes qui invalident les tests sur les animaux. »
L’article est en ligne sur https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/09/19/risques-industriels-les-collectivites-dressent-le-bilan-de-vingt-ans-d-echec-de-plans-de-prevention-pour-proteger-les-populations_6189966_3244.html
Critique du livre Rat Trap (Piège à rats) de Pandora Pound (édité en 2023 par Troubador Book Publishing)
Bravo à Pandora Pound et à Safer Medicines Trust (Association Médicaments plus sûrs) pour la production d’un travail aussi important que celui-ci, au moment opportun, car il comble un grand vide dans le vaste domaine de l’expérimentation animale. Le moment est important car ce livre arrive alors que l’innovation technologique dans le champ des méthodologies sans recours à l’expérimentation animale et fondées sur des données humaines est à son sommet. Tout aussi important est le fait que ce livre soit si accessible au grand public en exposant, faits à l’appui, pourquoi la recherche basée sur l’expérimentation animale n’a pas sa place dans la science du 21ème siècle.
Après avoir lu ce livre, la question que chacun se posera ne sera pas « si » les expériences sur des animaux peuvent être abandonnées mais « quand ». Rat Trap révèle à quel point le paradigme du modèle animal est enraciné dans notre culture et dans notre société et explique l’énorme résistance opposée par les chercheurs qui utilisent des animaux et l’industrie pour changer ces vieilles mauvaises habitudes. De même que dans d’autres mouvements sociaux majeurs comme la lutte contre l’esclavage ou pour les droits des femmes, c’est l’opinion publique informée qui est la force la plus puissante pour que le changement advienne.
Dans un monde idéal, la transition de l’expérimentation animale vers la recherche centrée sur l’être humain devrait être menée par le gouvernement, avec l’objectif de réformer radicalement le financement et les réglementations. Toutefois, nous ne vivons pas dans un monde idéal et, si les citoyens ordinaires laissaient les choses progresser à leur rythme, l’expérimentation animale perdurerait encore pendant des décennies, ce qui est exactement ce que la communauté des chercheurs qui utilisent des animaux voudrait voir. Par exemple, le plan du gouvernement hollandais pour mettre fin à l’utilisation d’animaux pour les essais de sécurité a rencontré une telle opposition de la part de la communauté scientifique que son échéance de 2025 a finalement été abandonnée (page 206).
Il est clair qu’en tant que citoyens informés, nous ne pouvons pas rester inactifs tandis que des animaux continuent à servir de tubes à essais à l’heure où la technologie est mûre pour remplacer les essais sur des animaux et la recherche basée sur l’expérimentation animale. Il est clair aussi que nous serions naïfs si nous pensions que l’industrie a l’intention de « respecter les règles du jeu » en opérant la transition des essais sur des animaux vers les technologies basées sur les données humaines dans un avenir proche. Historiquement, ce n’est pas l’industrie pharmaceutique qui a montré la voie en développant des technologies nouvelles pour remplacer les essais sur des animaux ; il est important de réaliser que ce sont les efforts d’organisations recevant des financements publics et privés, comme l’Institut Wyss pour une ingénierie inspirée par la biologie, qui nous ont fourni la technologie du 21ème siècle en développant des dispositifs comme les organes sur puces.
Big Pharma possède toutes les ressources nécessaires pour promouvoir et valider ces technologies du 21ème siècle ainsi que pour les guider dans le labyrinthe des réglementations, à condition d’en avoir la motivation. Dans un monde idéal, Big Pharma devrait activement chercher à honorer sa responsabilité sociétale d’entreprise, définie comme un modèle d’affaires qui engage la responsabilité d’une entreprise envers elle-même, ses parties prenantes et le public. En réalité toutefois, Big Pharma répond d’abord aux exigences marchandes et à la demande des actionnaires, ainsi que cela a été brillamment démontré par l’abandon d’essais sur des souris vivantes pour le contrôle des lots de produits cosmétiques à base de Botox. Ce fut la volonté d’actionnaires informés qui persuada le fabricant étasunien de Botox (Allergan) de développer une méthode d’essais sans animaux et d’obtenir l’approbation réglementaire de la FDA en 2011, sans autre nécessité d’approbation gouvernementale.
À l’ère post-Covid, après qu’une technologie expérimentale de vaccin à ARNm a été approuvée en 10 mois au lieu des 10 années d’un calendrier normal de recherche et développement, il devrait être évident pour le citoyen informé que l’industrie et les responsables de la réglementation sont capables d’approuver rapidement des technologies nouvelles, telles que les organes humains sur puces. Au vu de tout ce qui précède, Rat Trap devrait être une lecture obligatoire pour les abonnés au Wall Street Journal et au Financial Times, ainsi que pour toute personne qui aura la chance d’obtenir un exemplaire de ce livre remarquable.
Le 7 septembre 2023, André Ménache publiait sur son blog hébergé par Mediapart une tribune intitulée : « Vers des vaccins plus sûrs ». Il rappelle que la vaccinologie prédictive, un concept connu depuis plus de quinze ans, permet d’identifier les individus à risque de subir des effets secondaires graves suite à une vaccination, notamment en raison de la présence d’allergènes ou autres produits entrant dans la composition des vaccins. Tout comme la médecine personnalisée devient de plus en plus une réalité, une vaccination personnalisée serait possible.
Vous pourrez lire en intégralité cette tribune sur https://blogs.mediapart.fr/andre-menache/blog/070923/vers-des-vaccins-plus-surs
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